Une remarque bateau, mais dont la contextualisation redonne de l'intérêt, dans Le sudio de l'intranquilité, de Simon Leys.
"Comme, dans mes écrits sur la Chine, j’avais plusieurs fois exprimé mon admiration pour Michaux, je reçus un jour, il y a une bonne vingtaine d’années, une lettre d’un lecteur inconnu ; ce correspondant me demandait comment il m’était possible de manifester tant de considération pour un auteur qui avait si niaisement flagorné le maoïsme. Quand on publie des livres, on s’expose inévitablement à recevoir un certain nombre de lettres excentriques ou bizarres, mais celle-ci passait vraiment les bornes du saugrenu. Les vertus qui nous rendent Michaux particulièrement cher sont précisément son irrespect tonique, son intelligence acérée et son absolue originalité – toutes ses idées, c’est par lui-même qu’il y est arrivé, avec une sorte de naïveté barbare, et jamais il ne se laissa guider par aucune mode. Ajoutez d’ailleurs que, lorsqu’il voyageait en Chine (1932), le nom même de Mao était encore largement inconnu. Manifestement, mon correspondant ne pouvait être qu’un graphomane lunatique. Je jetai la lettre, mais son souvenir continua à me troubler vaguement, car, pour absurde qu’eût été son contenu, sa forme et son style n’étaient nullement d’un déséquilibré. Mais à quoi pouvait-elle bien faire allusion ?
Le mot de l’énigme ne me fut révélé que bien plus tard, lorsque le premier volume des œuvres complètes de Michaux parut dans la Pléiade : j’y appris que, de 1963 à 1972, Michaux s’était attelé à une réédition de tous les livres qu’il avait publiés chez Gallimard ; à cette fin, il entreprit de réviser, corriger et récrire plusieurs de ses anciens textes. Cette vaste révision fut généralement désastreuse (et nous allons voir comment) – mais hélas, c’est cette version-là que les éditeurs de la Pléiade choisirent de suivre aveuglément, oubliant, semble-t-il, que le premier devoir d’un éditeur littéraire est d’exercer un jugement critique, et que le premier devoir d’un critique est parfois (comme le disait D.H. Lawrence) de sauver l’œuvre des mains de son créateur.
Le phénomène des écrivains de génie qui, sur le tard, cessent de comprendre ce qu’ils ont fait de mieux, le désavouent et le gauchissent, ou s’appliquent à le refaire et à le mutiler, est consternant, mais nullement exceptionnel. Si la mort ne l’avait interrompu, Gogol aurait achevé de saboter ses Âmes mortes en leur accrochant l’affreuse rallonge d’une seconde partie en forme de sermon moral. Tolstoï, dans ses vieux jours, s’estimait coupable d’avoir gaspillé son énergie à écrire un roman frivole comme Anna Karénine, alors qu’il aurait dû employer son temps à rédiger de la propagande pieuse. Henry James, à la fin de sa vie, entreprit de récrire nombre de ses romans pour une nouvelle édition de ses œuvres complètes ; une certaine verbosité tortueuse que l’on croit souvent caractéristique de son style, n’est en fait que le résultat de cette révision tardive et malencontreuse qui, à l’époque, suscita une réaction horrifiée de la critique new- yorkaise : « On souhaiterait que M. James ait plus de respect pour les classiques, à commencer par ceux qui sont sortis de sa plume. » Conrad, souffrant dans ses dernières années d’une véritable sclérose de l’imagination, renia la riche ambiguïté des grands romans de sa maturité. Même les créateurs de bandes dessinées souffrent parfois de cette désolante révisionniste : Hergé redessina tous les Tintin de la première partie de sa carrière, et, ce faisant, tua la verve et la saveur qui avaient animé le graphisme des planches originales."
Pour moi Tintin au Congo est le meilleur de tous les Tintin, et de loin. Et je dis ça sans la moindre ironie. Enfin pour ne pas vous mentir je suis loin d’être un inconditionnel de Tintin, ce personnage fade me laisse de glace, ses grandes bulles carrées avec un lettrage de type machine à écrire me rebutent et les blagues des Dupond marchant sur un rateau ou du professeur Tournesol n’entendant pas ce qu’on lui dit ne m’ont jamais arraché ne serait-ce qu’un rictus.
Pourtant comme tout bédéphile j’ai plusieurs Tintin chez moi, que l’on m’a offert étant jeune, mais celà fait partie des rares BD que je possède et ne relis jamais. A une exception près toutefois : Tintin au Congo ! Celui-ci, je le relis régulièrement, et toujours avec le même plaisir. Pour moi, c’est dans cet album que l’on a à faire au veritable Tintin. En effet dans les autres albums celui-ci se contente de suivre une aventure, Tintin est toujours entraîné dans une histoire, suite à des évènements qui surgissent, qui lui tombent dessus. Il n’est donc pas à l’origine de l’action, il la subit plus qu’autre chose. Ce qui fait qu’on ne le voit presque jamais dans son intimité ou ses loisirs. Il fait bien une promenade dans “Les bijoux de la Castafiore”, mais c’est une activité de retraité, on sent que ce n’est pas son truc. Dans “Tintin au Tibet” il fait une partie d’échecs avec le capitaine Haddock, mais là encore, il s’ennuie terriblement, au point meme de s’endormir en pleine partie. Non décidément, dans les autres albums, Tintin n’à pas l’occasion de faire ce qui lui plait. Dans Tintin au Congo au contraire, Tintin se lâche, non seulement il vient là bas presque de lui-même (sous le vague prétexte d’un reportage, mais il n’est ni kidnappé, ni à la poursuite d’un affreux en particulier, bref il n'est pas empêtré dans une intrigue), mais en plus son boulot lui laisse largement le temps de vaquer à ses loisirs. Que fait Tintin quand il a des loisirs : il explose un rhinoceros à la dynamite, il massacre un petit troupeau de gazelles, il zigouille un elephant pour lui arracher ses défense et il dépèce un macaque pour se faire un petit costume, sans oublier de faire la leçon à quelques nègres et tout en prenant le temps de s’octroyer une petite promenade en chaise à porteurs. Car oui, Tintin est un beauf sans scrupule mais on jubile véritablement à le voir aussi franc, décomplexé, bon vivant, délicieusement amoral. Voilà un personnage qui a de la classe, un veritable bonhomme ô combien moderne et très humain (beaucoup plus que l’espèce de robot rigide et glacé auquel il laissa place). Chaque page est un petit chef d'oeuvre de justesse, de cruauté assumée, de cynisme de bon aloi, de jouissif défoulement, bref du plaisir le plus débridé.
C’est Tintin au Congo qui a inspiré des auteurs aussi savoureux que Chaland ou Winshluss, quand les autres albums n’ont inspire que des Jacques Martin, des Craenhal ou des Jacobs (bref de la merde).
Malheureusement pour Tintin, le vent de l’Histoire lui sera défavorable, la Libération arrive et Tintin sera obligé de se plier aux normes étriquées de cette nouvelle époque. Certains dissent que Tintin est devenu plus ouvert, plus tolerant, pour moi il est tout bonnement devenu névrosé (Hergé lui-même est devenu dépressif après la Libération), et celà se comprend, oblige de refouler toutes ses pulsions,de se conformer à une pression sociale écrasante, ce qui le transforma en ce personage insipide et plat, aux mornes aventures, sans joie et sans plaisir, obligé de garder pour soi ses véritables penchants.
Et nul doute que si le III° Reich avait gagné la guerre, nous aurions eu droit à des albums de Tintin d’une toute autre saveur (et ce n’est pas Léon Degrelle qui me contredira).
J'ai commencé à relire Tintin au Congo... Ahaha c'est génial !
Pas certain qu'Hergé ait voulu en faire un album comique, mais ça me fait toujours autant marrer :D
Bon sang, mais c'est bien sûr !
Ceci dit j'ignorais que Franquin avait aussi publié dans Tintin.
Vers 1955 ou 1956 je ne sais plus Franquin s’est fâché avec Dupuis et est parti offrir ses services à la concurrence en face au journal de Tintin, il y a créé Modeste et Pompon. Très vite Dupuis a su le rattraper mais Franquin n’a pas osé rompre le nouveau contrat qui le liait à Tintin et il a ainsi continué à mener de front trois séries : Spirou, Gaston et Modeste et ce jusqu’en 1959 date à laquelle il a passé la main à Dino Attanasio qui a repris Modeste dans un style très proche (d’ailleurs les premières planches de Modeste par Attanasio sont trompeusement indiquées « par Franquin » dans les bandeaux titres).
Ce lettrage caractéristique est devenu rapidement la marque de fabrique du Journal de Tintin, particulièrement pour les séries « sérieuses »: Blake et Mortimer, Lefranc, Alix... Bob de Moor et Vandersteen aussi l’utilisaient. Heureusement que les bds de Macherot, Franquin ou Uderzo qui paraissaient également dans Tintin y ont échappé. Ce serait marrant de savoir s’il a existé des consignes ou recommandations pour l’utilisation de cette typographie !
Bon sang, mais c'est bien sûr !
Ceci dit j'ignorais que Franquin avait aussi publié dans Tintin.
>> On n'appelle pas cela de la ligne claire pour rien ;o)
J'associais la ligne clait à un trait fin. Je découvre donc qu'elle avait aussi la particularité de se passer des ombres des personnages.
Je fait aussi ce constat, en feuilletant mes, rares mais néanmoins très bavards, Blake & Mortimer.
Je découvre beaucoup de chose en ce début d'année ! 2021 serait-elle une "année apprenante"...?
Ce lettrage caractéristique est devenu rapidement la marque de fabrique du Journal de Tintin, particulièrement pour les séries « sérieuses »: Blake et Mortimer, Lefranc, Alix... Bob de Moor et Vandersteen aussi l’utilisaient. Heureusement que les bds de Macherot, Franquin ou Uderzo qui paraissaient également dans Tintin y ont échappé. Ce serait marrant de savoir s’il a existé des consignes ou recommandations pour l’utilisation de cette typographie !
Voilà, c’est bien de ça que je parlais. Du coup je n’ai pas compris : tu trouves le texte plus lisible en capitales ?
Oui c'est ça, l'ancien lettrage, en lettres capitales, m'est beaucoup plus lisible.
spirou2733 :
Je viens de regarder les deux versions. Pour moi, le problème du nouveau lettrage est que les espacements entre les lettres et les mots ne sont pas assez différents. Les minuscules en elles-mêmes étant, à mon avis, plus lisibles.
Ce qui me gêne le plus c'est l'italique, mais si on y ajoute parfois le manque d'espace, entre les mots, ça rend le tout indigeste.
Je viens de commencer un Blake & Motimer, et je m'aperçois que le lettrage est aussi en italique.
Je viens de regarder les deux versions. Pour moi, le problème du nouveau lettrage est que les espacements entre les lettres et les mots ne sont pas assez différents. Les minuscules en elles-mêmes étant, à mon avis, plus lisibles.
(Bien vu pour je porte effectivement une chemise rouge ;-p. Quant au nom "brassage", c'est en premier lieu une référence à l'appellation des "cuivres" en langue anglaise "brass" [en réalité ils sont bien en laiton] et en second lieu, c'est bien entendu un jeu de mot de pochtrons ! ;))
La normalisation de cette typo est intervenue au cours des années 40, sur la fin de l’épisode des sept boules de cristal: jusque-là le lettrage était en capitales dans une belle calligraphie par Hergé. On peut la voir sur les anciennes version de ces albums. Pour ma part le lettrage en italique minuscule ne m’a jamais gêné, quoiqu’on y gagne en lisibilité ce qu’on y perd en esthétique.
Merci pour ces infos.
ce serait ce lettrage ?
Si c'est bien le cas, je trouve que c'est à des années lumières de lisibilité de l'autre typo !
Très bon accompagnement pour un café du dimanche matin. J’ai d’abord cru que c’était la bo du film de Spielberg (dont je n’ai aucun souvenir) avant de voir le titre et d’apprendre que c’était une création de 2017.
(Moi j’ai reconnu spirou2733, c’est le type avec une chemise rouge qui souffle dans un truc ;o)
Heureusement que tu as donné l’indice de la chemise rouge sans que je n’aurais pas pu identifier notre ami Spirou !
Excellent, un ensemble qui s’appelle « brassage », c’est forcément bien.
La normalisation de cette typo est intervenue au cours des années 40, sur la fin de l’épisode des sept boules de cristal: jusque-là le lettrage était en capitales dans une belle calligraphie par Hergé. On peut la voir sur les anciennes version de ces albums. Pour ma part le lettrage en italique minuscule ne m’a jamais gêné, quoiqu’on y gagne en lisibilité ce qu’on y perd en esthétique.
J'aime bien ce petit gadget Bulledair qui afiche des planches aléatoirement. Souvent certaines m'intriguent et je ne résiste pas à l'envie de les regarder. (vilain bulledair qui me fait perdre du temps !)
Donc aujourd'hui c'est une planche de L'affaire Tournesol qui s'affiche et sur laquelle je clique par curiosité.
Je n'aime pas Tintin, personnage que je trouve tête à claque, et les albums en eux-mêmes que j'ai toujours trouvé trop bavards, en voyant cette planche c'est la révélation qui me saute aux yeux.
Je m'aperçois à l'instant que cette détestation est en grande partie dû à la typo. Cette affreuse typo toute coincée du q provoque un effet de répulsion immédiat dès que j'ouvre un album !
Objectif 2021 : trouver et essayer de lire un album en faisant abstraction de la typo pour voir si ça me plaira.
La musique de John Williams pour le film de Spielberg est heureusement bien meilleure ! :-)
Il y a une suite à cette pièce, Explorers on the Moon, mais je ne l'ai pas jouée.
Très bon accompagnement pour un café du dimanche matin. J’ai d’abord cru que c’était la bo du film de Spielberg (dont je n’ai aucun souvenir) avant de voir le titre et d’apprendre que c’était une création de 2017.
(Moi j’ai reconnu spirou2733, c’est le type avec une chemise rouge qui souffle dans un truc ;o)
(Vous aurez bien sûr corrigé de vous-même : il s'agit de "Bandes dessinées – Manuel de l'utilisateur" et non pas de "Bande dessinée – Manuel de l'utilisateur".)
Tout le monde aura bien sûr reconnu L.L. de Mars dans un magistral exercice de canular, se faisant passer pour un Benoît Peeters particulièrement illuminé et en roue libre. Je copie-colle juste le premier paragraphe mais tout est aussi croquignolet, il faut vraiment lire cette facétie. Sacré L.L. !
Une façon subtile de rappeler à toutes et tous qu'il faut lire "Tarzan, seigneur des signes" et "Bande dessinée - Manuel de l'utilisateur".
Sa grandeur se laisse entrevoir très tôt, dès la première aventure du reporter du Petit Vingtième, même si elle fut longtemps déconsidérée. Bien sûr, Tintin au pays des soviets est le résultat d’une commande idéologiquement très marquée de l’abbé Norbert Wallez, le directeur du quotidien belge Le XXe Siècle. Bien sûr, le récit est rudimentaire et les maladresses nombreuses, surtout dans les premières pages. Mais quand on se penche sur la planche fameuse des élections truquées, deux qualités frappent immédiatement. La première concerne l’usage de la bande dessinée. Pas d’explication, pas de texte de commentaire dans ces trois cases panoramiques. Tintin et Milou sont là, dissimulés derrière la palissade, ne signalant leur présence aux lecteurs que par quelques signes de ponctuation. Rien qui vienne insister ou souligner. La lecture se fait à travers trois images au format et au cadrage presque identiques, trois images indissociables, à la lisibilité parfaite. La seconde qualité est d’ordre politique. Le public écoute avec attention l’orateur qui se tient debout, au centre de la tribune : « Camarades, trois listes sont en présence… L’une est celle du Parti Communiste ! ». Les regards se baissent, au moment où les armes sont brandies : « Que ceux qui s’opposent à cette liste lèvent les mains !… Qui donc se déclare contre cette liste ? ». Les visages s’inclinent plus encore, même si les armes sont maintenant dissimulées : « Personne ??… Je proclame donc la liste communiste votée à l’unanimité ! ». Tout est dit sur le mécanisme d’une élection truquée, en URSS ou ailleurs, hier ou hélas aujourd’hui. Il n’y a pas de quoi rougir, donc, d’avoir dessiné en 1929 une séquence comme celle-là.
Pas la peine de changer la vignette chaque jour, un simple virage coloré devrait pleinement satisfaire l'appétit d'aventure éditoriale et de nouveauté du lecteur moyen.
D'ailleurs Moulinsart annonce une version couleur du Tintin et Congo en noir et blanc (pour distinguer de la version couleur couleur).
et Mouchart tease une sortie du thermozéro, scénarisé par Greg et quasiment terminé par le Maîîîître à l'en croire (8 pages crayonnées, en fait)
Pas la peine de changer la vignette chaque jour, un simple virage coloré devrait pleinement satisfaire l'appétit d'aventure éditoriale et de nouveauté du lecteur moyen.
D'ailleurs Moulinsart annonce une version couleur du Tintin et Congo en noir et blanc (pour distinguer de la version couleur couleur).
je pense qu'un quotidien Tintin est la seule chose qui puisse vraiment rassasier un lecteur de cette cochonnerie ; tous les jours, un simple page recto verso avec les rassurantes lettres typocanoniques T-I-N-T-I-N sur la couv, un vignette prise au pif dans un de ces pensum, agrandie pleine page, et au dos une page de publicité faisant le point sur un des 87012 ouvrages consacrés à Tintin. Pas la peine de changer la vignette chaque jour, un simple virage coloré devrait pleinement satisfaire l'appétit d'aventure éditoriale et de nouveauté du lecteur moyen.
Du coup on apprend qu'un "mook Tintin" trimestriel va commencer à paraître en juin. Sans aventure de Tintin mais avec 150 pages, en partenariat avec Géo et qui contiendra "des sujets cher à Hergé". Et bien.
C'est ce qui est magique, l'édition "critique" semble approuver le pire de ce qu'on peut leur reprocher. Et à les lire Tintin va être présenté comme un grand anticolonialiste ce qui me laisse circonspect.
"Tintin au Congo est celui qui plaît le plus aux enfants. Paradoxalement, il ravit aussi les Congolais, qui se le sont véritablement approprié. Créé en 1930, l’épisode témoigne pourtant d’une confondante désinvolture"
Assener de telles assertions englobant les enfants, les Congolais, sans aucune justification, est d'une bien plus confondante désinvolture; ils savent, chez Casterman, qu'on n'est plus en 1930?
Ce n'est que l'exquise satisfaction de se dire que d'aucuns vont éplucher ton joli petit sommaire (bien que ponctuellement non exhaustif) pour proposer des informations complémentaires des plus instructives.
Bon c'est sans doute plus complexe que ça juridiquement, on a pas le contrat, mais rien que l'idée que les plaignants puissent se retourner contre Moulinsart et que toutes leurs exploitations de cases sur des bols, T-Shirts, posters, bouquins, que sais-je encore, sois frauduleuse, c'est cool.
Un tribunal de La Haye, jugeant une poursuite de Mpulinsart contre un fanzine utilisant des extraits des BDs d'Hergé a conclut à la victoire du fanzine.
Outre que c'est assez réjouissant, c'est surtout la raison qui est pour le coup absolument incroyable.
En effet, l'avocat de la défense a découvert un contrat de 1942 par lequel Hergé cédait tous les droits de Tintin à Casterman, à la manière du contrat cédant Spirou à Dupuis. Le contrat n'a jamais été contesté par Fanny Rodwell qui, si elle possède les droits d'Hergé, ne possède donc pas ceux afférants à cette série.
Ainsi le tribunal a conclu que Moulinsart n'avait aucune le droit de porter plainte pour plagiat, Casterman étant le seul possesseurs des droits de Tintin.
Cela implique donc que ni Rodwell ni Moulinsart n'ont aucun droit à exploiter - comme ils l'on fait sur des centaines et centaines d'objets et bouquins depuis des années - les personnages et l'univers de Tintin. Plus, ils en ont perçu illégalement les recettes.
Je ne suis pas juriste mais il semble aussi que ce jugement permette d'ouvrir une révision des autres procès et amener au remboursements des condamnés.
Reste à voir, si tout ça est confirmé (mais je doute que Le Soir balance une telle info si non confirmée) ce que fera Casterman. Ils possèdent toujours les droits jusqu'en 2053 et peuvent être tout aussi procédurier mais l'éditeur à plutôt intérêt à d'abord récupérer tout ce que Moulinsart à touché indûment à sa place avant de poursuivre les chercheurs et fanzineux...
Dans l'intérêt supérieur de la sociologie empirique, et pour étoffer ton corpus, je réponds, cavalièrement, à une question qui ne m'est pas adressée.
Mais je t'en prie.
Je te mets donc dans la case "6-12 ans" (je vais peut-être la restreindre à "6-10 ans" en fait…) et je coche en regard la case "Aime bien" (oui, je peux pas cocher "Aime beaucoup" ou "Adore", là).
Merci pour ta participation, l'ange.
e m :
Charlie Brown :
...Parce que, pour l'instant, d'après mes premiers résultats dont je ne tiens pas le compte, j'ai remarqué que les gens qui n'ont pas découvert/lu Tintin entre 6 et 12 ans, grosso modo, ont vraiment du mal à aimer cette oeuvre, voire lui chient ouvertement dessus.
Voilà. Et ils ont bien raison.
Il faudrait même que je lise ceux que je n'ai jamais lus. Pour le plaisir de mettre une bullenote 0.
Ma petite vengeance personnelle contre cette série et ces personnages qui m’insupportent tellement.
Il n'y a guère que Tintin au Congo qui me plaise. Voir Tintin faire exploser du rino à la dynamite, ça me fait toujours bien rigoler :-D
(Ah ouais, putain, l'explosion du rhino à la dynamite, ça m'a toujours beaucoup plu aussi ! :o))
Alors… Voyons, voyons… Ah, voilà… e m.
Je coche la case "12-15"… non, plutôt "15-20"… Ou même "après 20 ans", tiens, ça a l'air de bien coller comme ça… Et en regard… Voilà… C'est ça… Tout en bas, là, la case "Conchie. Gerbe dessus. Pisse à la raie."
Merci pour ta participation, e m.
Whaouh mais, dites-moi, dites-moi, c'est que pour l'instant ça colle plutôt bien avec mes études empiriques précédentes, dites-donc !
...Parce que, pour l'instant, d'après mes premiers résultats dont je ne tiens pas le compte, j'ai remarqué que les gens qui n'ont pas découvert/lu Tintin entre 6 et 12 ans, grosso modo, ont vraiment du mal à aimer cette oeuvre, voire lui chient ouvertement dessus.
Voilà. Et ils ont bien raison.
Il faudrait même que je lise ceux que je n'ai jamais lus. Pour le plaisir de mettre une bullenote 0.
Ma petite vengeance personnelle contre cette série et ces personnages qui m’insupportent tellement.
Il n'y a guère que Tintin au Congo qui me plaise. Voir Tintin faire exploser du rino à la dynamite, ça me fait toujours bien rigoler :-D
Du coup, je voudrais te poser une question qui me permettra (ou non) de continuer à mener une enquête empirique dénuée de tout fondement scientifique : tu as découvert (ou essayé de lire) Tintin à quel âge ?
Parce que, pour l'instant, d'après mes premiers résultats dont je ne tiens pas le compte, j'ai remarqué que les gens qui n'ont pas découvert/lu Tintin entre 6 et 12 ans, grosso modo, ont vraiment du mal à aimer cette oeuvre, voire lui chient ouvertement dessus.
Moi qui ai commencé à lire Tintin vers 6-7 ans (dès le CP, dès que j'ai su lire quoi…), j'ai été littéralement fasciné. Par le dessin d'abord, mais aussi par la dynamique et la fluidité de l'action (je n'aurais su mettre des mots sur ce phénomène, mais je le ressentais profondément), par la construction des intrigues et, plus tard, par les différents niveaux de lecture possibles, par les thèmes abordés, par la qualité des dialogues, par une certaine cohérence de l'univers hergéen, par la manière de brosser puis d'étoffer des personnages, des caractères, par l'humour développé au long de la série… J'ai été fasciné, angoissé, amusé, attendri, émerveillé… J'ai eu l'impression de découvrir la planète (et même au-delà), des gens, des mondes, de vivre des aventures palpitantes. Peu de lectures bande-dessinnesques m'ont procuré ces sensations pleines et entières, à ce niveau de sophistication, à cet âge-là. J'avais vraiment l'impression qu'Hergé ne me prenait pas pour un con. Et à chaque fois que je me replongeais dans un album déjà lu (ça m'arrivait très souvent), non seulement le plaisir était renouvelé, je ne m'en lassais pas, mais j'y découvrais de nouvelles choses à chaque fois. Et c'était bon, putain !
Peut-être que si j'avais découvert ça plus tard, ça n'aurait pas fonctionné de la même manière, mais ça, je ne le saurais jamais, et c'est tant mieux ! :o)
Dans l'intérêt supérieur de la sociologie empirique, et pour étoffer ton corpus, je réponds, cavalièrement, à une question qui ne m'est pas adressée.
J'ai découvert Tintin vers 7-8 ans, par un "Au pays de l'or noir" qui était chez mes grands-parents, et je le relisais souvent, calfeutré dans mon lit lorsque je dormais chez eux; c'était une édition ancienne (avec encore les juifs et les arabes nomméments cités, mais cela me passait totalement au dessus de la tête), et cela a du contribuer, avec le lieu de lecture (ma chambre y était un ancien grenier), et autant que l'histoire,à la fascination que cet album exercait sur moi (même genre de fascination que pour un Philémon que vers la même époque j'avais trouvé à la bibliothèque de l'école).
Mais cela ne m'a pas poussé à vouloir lire plus de Tintins, alors qu'après avoir lu un Schtroumpf ou un Spirou, je demandais à mes parents de me procurer les autres albums.
J'ai redécouvert Tintin une fois adulte, et j'y prends maintenant beaucoup de plaisir, même si, je l'avoue, je ne les ai pas encore tous lus (je les lis à l'occasion, lorsqu'ils me tombent sous la main).
Dans un entretien, Benoît Mouchart évoque une édition du mythique "Tintin et le Thermozéro", cet album commandé par Hergé à Greg en 1958 et qui ne fut jamais réalisé.
En effet, le scénario terminé, Hergé n'a fait que huit pages crayonnées plus quelques croquis. Il est évoqué une édition du scénario original avec ces quelques pages dessinées "à la manière de l'Alph-Art"
Une version colorisée des Soviets devrait aussi sortir en 2015.
Un livre intéressant à plusieurs égards. Certains effets comiques fonctionnent toujours et l'on peut encore le lire autrement que pour un intérêt documentaire (il date de 1948).
Mr_Switch :
Les débuts de Quick et Flupke. On ne sent pas encore la folie inquiétante qui émane de certains gags de la version couleur. Mais certains gags ne seraient plus vraiment possibles maintenant.
Enfin, ils le seraient en tant qu'humour noir ou trash.
Par exemple, le dernier gag du tome 2 est basé sur une fuite de gaz dans la maison de Quick. La maison est soufflée. Q & F sont sous les décombres, certes vivants et indemnes, à peine égratignés. Tout cela pour que Flupke ait le dernier mot dans une dernière saillie, qui apparait bien noire, 80 ans plus tard.
Quelqu'un t'a offert une machine à voyager dans le temps, que tu lises des albums datant de 70 avant Bulledair ?
Les débuts de Quick et Flupke. On ne sent pas encore la folie inquiétante qui émane de certains gags de la version couleur. Mais certains gags ne seraient plus vraiment possibles maintenant.
Enfin, ils le seraient en tant qu'humour noir ou trash.
Par exemple, le dernier gag du tome 2 est basé sur une fuite de gaz dans la maison de Quick. La maison est soufflée. Q & F sont sous les décombres, certes vivants et indemnes, à peine égratignés. Tout cela pour que Flupke ait le dernier mot dans une dernière saillie, qui apparait bien noire, 80 ans plus tard.
Merci beaucoup Charlie Brown. Comme je l'ai d'ailleurs écrit dans ma chronique, je n'ai pas relu l'album depuis des années ! J'ai donc confondu les deux infusions...
Excellente chronique de Matrok sur cet album majeur. Majeur pour le souvenir impérissable qu’il laisse effectivement au jeune lecteur qui le découvre (c’est toujours mieux d’avoir découvert Tintin quand on était enfant), majeur pour son atmosphère et pour la tension brillamment mise en scène par Hergé, en plus de sa passionnante et mystérieuse intrigue. Le second volet de cette aventure, Le temple du soleil, bien que très bon album d’aventures, mais plus classique, n’atteindra pas cette perfection narrative et sensorielle. Les sept boules de cristal s’est longtemps partagé la première marche de mon podium hergéen avec L’affaire Tournesol, pour des qualités similaires. Et, aujourd’hui encore, je pense que ce sont toujours mes deux albums de Tintin préférés.
(Juste une petite rectification à apporter à ta chronique, Matrok, même si je n’ai pas relu non plus cet album depuis des années : ce n’est pas du professeur Camomille dont il s’agit, mais Bergamotte :o))
Vu qu'on n'a pas l'air totalement d'accord sur Doctor Who, y'a des chances que je le trouve pas si mal, le Tintin de Spielberg. :o)
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai loupé le film au cinéma (j'attendais qu'il sorte en 2D et j'ai dû merder quelque part...). Du coup, j'ai acheté le DVD y'a quelques temps pour une bouchée de pain, mais j'ai pas encore osé le regarder.
Je sens que ça va venir, vous me donnez furieusement envie de me jeter dans la bataille...
La différence c'est que l'adaptation BD du Lac aux Requins est tout à fait lisible ! Et même bien découpée, dans mon souvenir. Ahlala dans le temps on savait faire les choses, ma bonne dame...
Ouais enfin, y a bien eu une adaptation BD de Tintin et le lac aux requins (composée aussi de photogrammes du film). C'est pas glorieux mais c'est pas fondamentalement extraordinaire.
Remarquez que, théoriquement, la fiche de ce bouquin a été consultée deux fois plus en 24h que le dernier Jérôme K Jérôme Bloche en 2/3 mois (alors qu'il est dans le top nouveauté...).
Effectivement, on ne comprends pas à travers quoi passe Milou case 6, pourquoi Tintin se retrouve par terre, et pourquoi faire intervenir un chat? Milou est capable de bétises tout seul, non ?
Ah ah ! La planche mise en extrait est incompréhensible (si on imagine qu'on n'a pas lu la bd originale ni vu le film), figée et complètement illisible.
Et voilà. Je me rappelle d'un pronostic, il y a une douzaine d'années, sur le fait qu'il y aurait un nouveau Tintin avant 2005. Raté.
Mais de peu, quand même. Car voilà les prémices de ce que l'on pourrait qualifier de nouvel album...
Néanmoins, je préfère assez nettement la partie du scénario écrite par Moffat que par Wright et Cornish. Moins dans la surenchère et plus malicieuse.
je suis perplexe... Autant que je sache, on n'a aucun moyen de savoir qui a écrit quoi, non ? (apparemment, Moffat a fourni un premier jet de tout le film ensuite retouché par les deux)
Il a fourni le premier jet et en a écrit les deux tiers d'après ce que j'avais lu. Et puis, je peux me tromper, mais ils ont des styles assez différents (malgré une folie et une énergie commune), que je pense avoir décelé.
Assez d'accord pour dire qu'on retrouve les défauts de l'écriture de Moffat (sans trouver ça "insupportable"- j'ai bien aimé) mais quand tu écris
SydN :
Néanmoins, je préfère assez nettement la partie du scénario écrite par Moffat que par Wright et Cornish. Moins dans la surenchère et plus malicieuse.
je suis perplexe... Autant que je sache, on n'a aucun moyen de savoir qui a écrit quoi, non ? (apparemment, Moffat a fourni un premier jet de tout le film ensuite retouché par les deux)