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  herbv
| Le manga fait régulièrement l’objet de séries à la mode. Généralement, ce phénomène de mode trouve son origine dans la diffusion d’une version en anime sur l'un des canaux spécialisés. La dernière série in en date est Demon Slayer. En 2017, sa sortie s’est faite dans l’indifférence générale, l’éditeur ne l’ayant pas réellement accompagnée. Elle s’est retrouvée un peu noyée dans le flot de la rentrée. De plus, la mauvaise réputation de Panini Manga chez les fans n’a pas aidé le titre à trouver son public. Résultat, dès 2018, après trois tomes, la série se retrouve à l’abandon après le tome sorti en janvier. Les ventes étaient très mauvaises (notons que la tentative de version US par Viz connaît aussi un échec, les lecteurs américains boudant la prépublication des trois premiers chapitres). Heureusement pour l’éditeur modénois, une adaptation en anime est diffusée au Japon à partir du mois d’avril 2019. Celle-ci bénéficie d'un grand succès, ce qui permet sa diffusion en simultrad sur Wakanim. Ainsi, l’animé rencontre à son tour le succès en francophonie, succès qui est amplifié grâce à une campagne d’avis favorables sur les réseaux sociaux, créant ainsi un phénomène de mode autour de Demon Slayer. Panini manga décide alors de relancer le manga en changeant son titre, en adaptant la traduction afin de la faire coller à celle de l’animé et en communiquant sur cette nouvelle version. Résultat, les ventes sont au rendez-vous et l’éditeur, par chance, trouve enfin la locomotive dont il avait désespérément besoin pour tout simplement continuer à exister.
Demon Slayer narre en 23 volumes (publiés au Japon entre 2016 et 2020) les aventures de Tanjiro, dont la famille (et même tout le village où il vivait) a été décimée à l’exception de sa petite sœur Nezuko. Malheureusement, celle-ci a été contaminée par un démon (une sorte de mélange entre les oni japonais et les vampires occidentaux). Pour la sauver, Tanjiro va devoir retrouver le responsable de ce massacre, Muzan, un démon très ancien qui a le pouvoir de transformer les humains en ses pareils. Pour cela, il lui faut devenir un « pourfendeur de démon » de plus en plus puissant. Il va y arriver grâce à sa rencontre avec une ligue informelle de pourfendeurs, ce qui l'amène à suivre un entraînement soutenu et de nombreuses missions effectuées avec plus ou moins de succès.
Basé sur de telles prémices, Demon Slayer ne montre aucune originalité et ne semble pas se distinguer des innombrables shônen manga du Weekly Shônen Jump dont la série fait partie (au même titre que Dragon Ball, One Piece, Naruto, etc.). Cependant, derrière ce classicisme apparent, il y a quelques touches d’originalités qui peuvent expliquer le succès rencontré. Tout d’abord, le récit est plutôt sombre, et même touchant à de nombreux moments, notamment lors des analepses présentant le passé des démons. En effet, Tanjiro ne peut pas se permettre le luxe d’essayer d’épargner ses ennemis, il doit se montrer impitoyable malgré ses idéaux et sa sensibilité. La narration est bien rythmée et le succès de la série ne débouche pas sur du délayage à outrance, phénomène souvent rencontré dans les bandes dessinées japonaises. L’entraînement est vite expédié, les combats sont brefs et lisibles, il n’y a pas de surenchère nekketsu. Il faut ajouter à cela un dessin parfois un peu brut, assez jeté, loin du graphisme intégralement léché et stylisé souvent rencontré depuis quelques années. Néanmoins, c’est son adaptation réussie en anime qui est clairement le moteur du succès de la série. Le dessin animé, par un format plus condensé tout en préservant le côté sombre de l’histoire originale, ce qui est peu fréquent pour un dessin animé destiné à un public jeune, a réussi à sublimer Demon Slayer. |
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