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| Le futur se doit-il d'être immanquablement sinistre et synonyme d'extinction pour la race humaine ? La réponse apportée par Tezuka dans le second tome de Phénix, semble une fois de plus affirmative. Tout commence en l'an 3404. Hormis quelques rongeurs, les espèces animales ne peuvent plus vivre à la surface de la planète, et les humains se sont réfugiés dans 5 immenses mégapoles souterraines dispersées de par le monde. Gouvernés par des machines conçues pour prendre les décisions les plus rationnelles, ils sont totalement incapables d'agir de leur propre chef. Et s'il en est pour se réveiller de cette emprise et tenter de suivre leur propre volonté, il ne leur reste plus qu'à s'enfuir pour échapper à un sort funeste. C'est ce que va faire Masato, pour sauver son amour extra-terrestre, Tamami. Tous deux vont être recueillis, à la surface du globe, par un bien étrange savant. Le docteur Salta tente sans succès de faire revivre les espèces animales éteintes. De cette surprenante rencontre et d'un malencontreux malentendu vont naître d'immenses bouleversements qui vont aboutir sur le renouveau de l'humanité. La planète change radicalement de visage. Le messie est de retour, mais comment doit s'exercer son pouvoir ? Et pour quels résultats ? |
  CoeurDePat
| Acheté presque par intérêt historique (Tezuka est en effet célébré unanimement comme l’un des fondateurs du manga tel qu’on le connaît aujourd’hui) et non sans une certaine réticence (les dessins, j’y reviendrai), «Les temps futurs», deuxième tome de cette série qui est une histoire indépendante à lui seul, commence très doucement. (Oui, je n’ai lu qu’un tome pour l’instant, mais le reste ne va pas tarder, je vous le garantis !).
L’entrée en matière façon «prologue» pose rapidement et efficacement les bases de l’histoire, dans laquelle on se retrouve plongé juste après. On entre «en cours de route», mais cela ne pose aucun problème, tant la situation se dévoile avec clarté. Histoire d’amour, de jalousie, de fuite et de poursuite sur fond d’univers futuriste digne de la meilleure science-fiction de l’âge d’or, j’ai été complètement pris dans le flot de ce récit, somme toute un peu classique, mais d’une fluidité absolument extraordinaire, que je limiterai arbitrairement à la fuite de Tamami et Yamanobé de la ville de Yamato, et à leur arrivée chez le professeur Salta.
Ce qui frappe également, c’est le dessin. En mal tout d’abord… à vrai dire c’est à cause de ce dessin qui rappelle beaucoup «Astro, le petit robot» que j’étais réticent à lire «Phénix»… Mais je dois avouer que Tezuka non seulement maîtrise parfaitement ce qu’il fait, mais qu’en plus c’est… Raaah, c’est un Dieu ! Ses cités ne sont pas impressionnantes, ses personnages sont souvent kitschs, mais alors ses décors sont beaux !!! Et il utilise des procédés originaux, dont certains que je n’ai vu nulle part ailleurs !!! Représentation en images des pensées d’un personnage p. 18 (classique, mais utilisé parfaitement à propos), caricatures absolument inattendue et d’un comique outrancier qui m’a fait hurler de rire p. 59, zoom progressif superbe p. 64, cadrage absolument inédit et génial p. 79 à 83, superposition des sons p. 88 (une planche de Franquin pour Gaston utilisant un procédé analogue est célèbre), jeu de lumière étourdissant sur les personnages p. 129, etc… Ces procédés sont utilisés avec une parcimonie, une sobriété et une efficacité que je ne peux qualifier que de remarquable et exemplaire.
Alors vous comprendrez que le côté kitsch et rebutant du début est complètement oublié au bout de quelques pages.
Concernant l’histoire, à nouveau, les thèses utilisées sont de la science-fiction issue de son âge d’or. Gaïa, par exemple, les univers dans les atomes, l’univers partie d’un plus grand tout, etc. Je dois dire que même en sachant ces idées fausses, et en les ayant trouvées mal exploitées dans pas mal d’œuvres de science-fiction, elles sont ici très bien utilisées, formant avec les autres éléments de l’album un tout extrêmement cohérent.
On retrouve bien sûr également des thèmes chers à Asimov, comme les robots, les villes souterraines, la colonisation spatiale, mais aussi la décadence, le gouvernement par un ordinateur. Tout cela est présent pour ainsi dire en arrière-plan, jamais lourd, jamais imposé au lecteur, renforçant ainsi l’impression donnée.
Tout cela remplit environ 100 pages sur 285.
On arrive en effet à une guerre entre ordinateurs des mégalopoles, et… les cinq dernières cités sont détruites… C’est là qu’intervient le Phénix, qui désigne Yamanobé pour recréer une humanité, sans lui préciser comment. Pour cela, il le rend immortel.
Seul sur la Terre et immortel, le suicide lui est interdit… Le désespoir s’abat sur lui, mais quel choix a-t-il ?
Cet album est un chef d’œuvre absolu à lui seul qui, si je peux me permettre ces comparaisons, enfonce de très loin même l’excellent «Le grand pouvoir du Chninkel», même le superbe «Cromwell Stone», même le génial «Nausicäa» !!!
Complètement atypique, se démarquant totalement de tout ce que j’ai lu jusqu’à présent, il ne ressemble même pas aux mangas actuels. Le style de Tezuka est tout simplement… personnel. Œuvre d’une fluidité incroyable, d’un découpage à mon avis imaginatif et intéressant, parfois très original, l’ampleur du récit qu’elle développe est incroyable, et aborde de nombreux thèmes réellement intéressants.
Alors même si elle ne plaira pas à tout le monde du fait par exemple du dessin, d’une apparente futilité, d’interventions un peu miraculeuses du Phénix, des relations quelques peu ambiguës qui existent entre les personnages (même si cette ambiguïté fait à mon avis partie de la force de cet album !), je la trouve absolument sublime, et je ne peux que dire :
«Mon dieu ! Je viens de lire la meilleure bd que j’aie jamais lue !» |
pikipu
| Phenix est une saga incroyable. Ecrits sur une longue période, avec un trait changeant d'un volume à l'autre, sans unité de lieu ni de temps, tous les volumes de Phenix peuvent être lus séparément. On y retrouve parfois certains personnages, ou plus exactement certains ancêtres ou descendants de personnages marquants, mais Tezuka nous entraine à chaque fois dans un univers et un style de bande dessinée spécifique.
Aussi, le second volume est une petite perle.
A son habitude, Tezuka y mélange les genres, allonge l'action ou la précipite, prend son temps, casse le propos, le fait basculer. D'un simple récit de science fiction qui évoque fortement son Metropolis (Clin d'oeil à Rock) où la jalousie et la bêtise humaine entrainent des catastrophes irrémédiables, Tezuka nous fait nous interroger sur l'évolution avec un grand E. Et sur notre civilisation.
Vous ne regarderez plus jamais les limaces de la même façon...
Du grand Tezuka. |
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