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| Les Bijoux de la Castafiore |
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  plumejm
| Tintin est un sacré voyageur. Avec toutes ses aventures, nous avons visité tous les continents (à l'exception de l'Antarctique, mais est-ce un mal?). De l'URSS à l'Amérique du Sud en passant par le Perou, l'Egypte et la Chine. Mais avez vous remarqué que les Bijoux de la Castafiore est la seule aventure de Tintin qui ne l'emporte pas au bout du monde?
Dans cet album, Hergé une fois de plus nous a démontré tout son talent. Car avec son humour belge à mourir de rire (Vous n'avez jamais ri devant un Tintin? Mais relisez-les donc!), l'auteur bruxellois immortalise une fois de plus un personnage qui restera à jamais le plus grand héros de bandes dessinées. |
Matrok
| Dans à peu près tous les albums de Tintin, le héros part à l'aventure dans un pays lointain et exotique et vit des aventures palpitantes en déjouant les intrigues tissées par de vrais méchants de BD... "Les Bijoux de la Castafiore" est une des rares exceptions : c'est un peu "Tintin à Moulinsart". Condamné à l'immobilité suite à un bête accident domestique, le capitaine Haddock voit s'installer à Moulinsart une vieille connaissance de nos héros : la cantatrice Bianca Castafiore, qui souhaite "prendre du repos loin des journalistes". Le temps de son séjour, cette diva impossible à vivre va perturber le cadre bourgeois et sans histoires où s'est retranché le capitaine : d'abord par son attitude désinvolte envers les journalistes qui la poursuivent, ensuite parce qu'elle va perdre ou se faire voler des bijoux précieux. Par facilité, on accuse les gitans qui campent près du château. Tintin va essayer de résoudre l'énigme de la disparition de ces bijoux...
Hergé met ici tout son art du comique de situation au service d'une satire sociale. C'est une comédie brillante : Hergé y fait preuve d'une immense virtuosité dans l'agencement des situations et leur mise en scène. Son humour se base sur un nombre relativement petit d'éléments générateurs de situations répétitives : une marche d'escalier cassée qui piège à peu près tout le monde, un perroquet bavard, un pianiste condamné à répéter ses gammes en permanence, une cantatrice qui ne cesse de crier "Ciel, mes bijoux", etc... Ce ne sont pas les gags en eux mêmes qui sont drôles, mais la manière de laquelle leur répétition survient. Tout cela donne une impression de mouvement permanent, de désordre complet, alors qu'à vrai dire il ne se passe pas grand chose.
On a donc tous les ingrédients d'un vaudeville réussi, mais Hergé va plus loin, car ce portrait d'un microcosme bourgeois où chacun se plaît à donner une importance qu'ils n'ont pas à ses petits tracas prend un goût amer si on le compare à celui, succint mais assez juste sur le fond, qu'il fait du groupe de gitans qu'on condamne à vivre au milieu des ordures, qu'on accuse de tous les crimes et qu'on finit par chasser. L'hypocrisie du petit monde de Moulinsart est alors flagrante : Hergé dresse un portrait finalement peu flatteur d'une bourgeoisie qui a perdu tout repère moral, assez proche dans le fond de la "Dolce Vita" de Fellini. Même les "bonnes actions" de Tintin, pourtant l'archétype du héros positif redresseur de tort à qui tout réussit, ne changeront presque rien à la situation. |
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