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  herbv
| Voici la fin de la série Satsuma. Enfin, peut-on réellement parler de fin alors qu’il s’agissait d’un ensemble d’histoires disparates concernant l’édification de digues par un millier de samouraïs de Satsuma… D’ailleurs, l’auteur avait songé à écrire une suite qui n’a toujours pas vu le jour plus de vingt ans après. Dans ce dernier volume, nous avons droit à un autre aspect des difficultés rencontrées lors de la réalisation des travaux : avoir un millier d’hommes vigoureux vivant une totale misère sexuelle n’est pas sans poser un certain nombre de problèmes, surtout quand les représentants du shogun sont là pour ajouter de l’huile sur le feu : Viols suivis de meurtres, manoeuvres déloyales, amour impossible, abstinence de plus en plus mal supportée, masturbation, femmes réduites à l’état d’objet sexuel, pauvreté absolue mais aussi personnalités hors normes sont donc au programme. Et un épilogue faisant le point sur la situation actuelle et le souvenir de ce combat sans guerre entre Satsuma et le shogounat complété par un petit bonus historique viendra artificiellement mais agréablement clore la série.
Hiroshi Hirata aborde un sujet peu en adéquation avec l’idée magnifiée que l’on peut se faire des samouraïs et de la voie du bushi : le sexe et ses complications, aussi bien morales que politiques dans le cadre des travaux de reconstruction. Une fois de plus, le comportement de ces guerriers est tout sauf honorable entre un représentant du shogun qui viole les jeunes femmes pour faire porter le chapeau de ces crimes au fief de Satsuma, rapidement conscient de cette manœuvre, dans un but de générer des charges financières encore plus lourdes à supporter. A cet aspect politique de l’histoire vient se greffer un développement intéressant sur les problèmes de l’abstinence sexuelle chez les samouraïs, des femmes achetées pour servir de jouet sexuel. Malheureusement, il sera vite abandonné au profit d’une fable sur une femme d’exception qui de simple prostituée deviendra le guide spirituel d’un groupe de 15 samouraïs de Satsuma. Si l’histoire est très plaisante à lire, elle n’en reste pas moins très anecdotique et prend trop de place dans le volume.
La série s’achève donc dans la continuité. Après deux premiers volumes excellents, l’auteur montre qu’il n’aura pas su maintenir la même profondeur tout au long de la série, préférant illustrer les difficultés rencontrées lors des travaux de Satsuma par différentes histoires sans lien narratif à un traitement réaliste issu des gekiga. pouvant même être assez sordide de compromission, a souvent été abandonné au profit de contes plus légers au lieu d’approfondir les relations sociales, politiques, psychologiques. Manifestement, comme cela transparaît dans l’épilogue, Hiroshi Hirata semble avoir changé d’avis en cours de route, préférant rappeler aux japonais du XXème siècle l’existence de ce drame plutôt que de construire une charge féroce envers le bushido. Il s’ensuit, certes, une œuvre intéressante car la retranscription d’une certaine réalité des évènements, semblant être le socle des différentes histoires, reste peu homogène dans sa réalisation, incomplète et laisse le goût amer de l’inachevé, d’un potentiel mal exploité. Vous ajoutez à cela un véritable carnage sur les pages couleurs et les onomatopées dans la version française et c’est un peu désolé que l'on referme le livre. |
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