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  herbv
| « Tu n’as ni maison, ni famille, ni ami, tu ne vas même pas à l’école. En fait, dans ce monde, pour toi, il n’y a de la place nulle part… » Ce jugement, proféré par la fille de celui qui l’a recueilli après la mort de ses parents, a marqué profondément Rei Kiriyama. Pourtant, il est l’un des cinq seuls collégiens à être passés professionnels de toute l’histoire du shôgi, une sorte de jeu d’échec. Un avenir de champion lui semble donc promis. Malheureusement, c’est sans compter sur son incapacité à vivre en société, à tisser un lien social avec les autres. Son mal de vivre s’est aggravé avec la mort de ses parents et de sa sœur puis avec la jalousie des enfants de l’ami de son père qui l’a ensuite élevé. Enfin, son installation, seul, dans un appartement situé dans un quartier peu huppé de Tokyo, alors qu’il est encore lycéen, n’a rien arrangé.
March comes in like a lion est la dernière série en date de Chica Umino, toujours en cours au Japon. L’auteure est connue en francophonie grâce à son précédent titre : Honey and Clover. March comes in like a lion a raflé de nombreux prix dont le remarquable Prix Culturel Osamu Tezuka en 2014. Cette distinction, en plus du fait d’être adapté en série d’animation depuis peu (diffusée sur Wakanim en francophonie), a sans nul doute aidé à sa publication en France alors que Honey and Clover, malgré toutes ses qualités, n’avait pas su trouver son public il y a quelques années. Le fait que ce soit techniquement un seinen et pas un shôjo du fait du changement de support de prépublication et de choix de collection (mais dans la pratique, la nuance est inexistante) permet aussi de donner une seconde chance à l’auteure.
Comme la présentation le laisse pressentir, l’histoire n’est pas très gaie, c’est le moins que l’on puisse dire. Rei est asocial, neurasthénique et peu sûr de lui. Akari Kawamoto et ses deux jeunes sœurs, Hinata et Momo, ont perdu leur mère alors que leur père s’est enfui il y a de nombreuses années pour vivre avec une autre femme. Harunobu Nikaido, le rival en shôgi mais néanmoins auto-proclamé ami, est de santé très fragile, ce qui n’augure pas une longue carrière. Ne parlons pas des joueurs professionnels qui croisent la route de Rei à l’occasion de différentes rencontres : certains sont loin de vendre du rêve aux lecteurs tant ils sont pathétiques, comme ce vieillard qui n'arrive pas à raccrocher. Pourtant, Chica Umino réussit à développer une histoire captivante. Elle place régulièrement des petites touches d’humour variées, ce qui apporte une respiration bienvenue.
Il y a un autre point qui risque de rebuter une partie du public, qu’il soit familiarisé avec le manga ou non. La narration de Chica Umino est très foisonnante, sans sens de lecture strict, avec de très nombreux dialogues placés un peu partout dans la page. Si, par rapport à Honey and Clover, le dessin de March comes in like a lion est plus aéré et si la traduction semble de bien meilleure facture, il reste que les planches sont parfois un peu difficiles à lire. La série demande des efforts pour l’apprécier ; mais il serait regrettable de ne pas les faire, tant les personnages sont attachants. Surtout, l’auteure sait développer son récit centré sur de la vie de tous les jours d’un joueur de shôgi, sans exagération et sans que les parties durent sur plusieurs chapitres, comme c’est malheureusement le cas dans la majeure partie des mangas de sport, qu’ils soient physiques ou cérébraux. |
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