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| Des escrocs ont découvert les symboles utilisés par Ogami Itto pour recruter ses clients. Ils décident de se faire passer pour lui et d’empocher ses gages. Pour que leur plan soit parfait, ils enlèvent le premier enfant qu’ils croisent afin qu’il incarne Daigoro... À travers cinq nouvelles aventures, ce volume de Lone Wolf & Cub explore de multiples facettes du Japon féodal et ouvre un débat passionnant sur la philosophie des samouraïs. |
  Thierry
| Déjà le sixième vole de "Lone Wolf & Cub". A la lecture des premiers tomes, j'avais craint que cette série ne se morde la queue très vite. Ogami Itto est virtuellement invincible et ces histoires pourraient être facilement réduite a 'Ogami veni vidi vici avec sauvagerie'. Comment expliquer des lors le succès et la longévité de cette manga ? Parce que "Lone Wolf & Cub" est beaucoup plus que la simple errance d'un ronin avide de vengeance.
L'histoire se déroule sous le règne des Tokugawa. Cette période est paradoxale. D'un cote, elle correspond a une époque sclérosée sur le plan politique. Le Japon avait alors adopte un système politique proche du féodalisme occidental. Les querelles entre seigneurs voisins étaient fréquentes et le pouvoir central, incarné par le Shogun, devait régulièrement faire montre d'autorité de manière brutale pour éviter que le pays ne sombre dans l'anarchie. Mais c'est aussi une époque de de progrès social ou les fondements de la société moderne se mirent en place, que ce soit a travers l'émergence de la bourgeoisie ou le développement d'une criminalité de mieux en mieux organisée. L'errance d'Ogami Itto sert donc de prétexte a une fresque étonnante d'une société japonaise a 2 visages, tiraillée entre tradition et modernité.
Le personnage d'Ogami Itto se révèle plus intéressant qu'il ne parait de prime abord. Il serait facile de le réduire a une simple machine a tuer. Ogami Itto a délibérément choisi de suivre la voie de la vengeance. Il est impitoyable avec ses ennemis, ne reculant devant rien pour vaincre, quitte a bafouer le bushido. Il reste pourtant un samouraï dans l'âme et reste très attaché au sens de l'honneur. Il lui arrive de douter et présente même parfois d'étonnants signes d'humanité, même si extérieurement il n'exprime que froide détermination. La relation qui l'unit a son fils est également surprenante. La famille d'Ogami a été massacrée et seul son jeune fils Daigoro a survécu. Depuis, il accompagne son père partout dans un landau. Si on ne trouve guère de tendresse dans leur relation, on se rend compte au fil des aventures que le lien qui les unit est particulièrement fort même s'il ne s'exprime pas de manière visible.
Il y a beaucoup plus dans "Lone Wolf & Cub" qu'une succession de combats a l'issue connue d'avance. C'est une étonnante saga nihiliste doublée d'un fresque historique brillante due au veteran Koike Kazuo et mise en images avec une réelle maestria par Kojima Gozeki. Ce dernier traduit subtilement les ruptures de rythmes de la narration qui, a la manière des films de Sergio Leone, passe de moments quasi contemplatifs a un déchaînement de violence souvent très bref, ce qui en accentue encore l'impact. De la tres belle ouvrage !
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herbv
| Une renommée flatteuse précédait la parution en francophonie de Lone Wolf & Cub grâce à sa publication aux USA. Après la sortie du 6ème volume, on comprend encore mieux pourquoi. Toutes les qualités de cette série sont ici portées au paroxysme.
Ce manga nous propose tout d'abord une narration et une mise en page exceptionnelle de virtuosité. On ne peut qu'admirer ces superbes double pages (dommage qu'elles ne soient pas en couleur, contrairement à la version d'origine) où on voit l'arrivée de l'impitoyable tueur Isaburo. Ensuite, nous pouvons lire une série de petites histoires toujours aussi prenantes qui continuent à tisser la formidable fresque de la vengeance du samouraï déchu Ogami Itto. Mais elles savent aussi nous présenter le Japon féodal et les différentes composantes de sa société. Quand au dessin, il est toujours aussi dynamique, superbe et si loin des canons actuels du genre.
Dans cet opus, outre les qualités évoquées ci-dessus, on pourra tout particulièrement apprécier un long chapitre qui nous présente la relation entre le bouddhisme et la voie du meifumado (ce qui est complété par une note de fin de volume des plus intéressante). De plus, le dernier chapitre nous montre à quel point la voie choisie par le héros est périlleuse. On y voit un Ogami Itto en très grande difficulté et qui ne doit sa survie qu'à un certain nombre d'aides extérieures, notamment celle de Daigoro, son fils. Le mythe de l'invincibilité en prend un sérieux coup et sa quête n'en devient que plus grande encore.
Ce sixième volume de Lone Wolf & Cub confirme une fois de plus l'excellence de cette série, réellement incontournable dans le paysage du manga francophone : une lecture totalement indispensable pour toute personne fan de bandes dessinées. |
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