Quand on est au plus bas de l'échelle écologique, on est prêt à tout pour en grimper les barreaux. Prédateurs voraces, sorcière hideuse et princesse vindicative n'arrêteront pas Garulfo, l'ambitieux amphibien...
Monsieur de La Fontaine nous avait déjà conté l'histoire d'une grenouille qui voulait se faire aussi grosse qu'un boeuf. Alain Ayroles, lui, narre avec un humour omniprésent les aventures d'un batracien naïf et idéaliste qui ne rêve que d'une chose : devenir l'un de ces hommes qu'il admire tant. Garulfo rencontre une sorcière (qu'il prend pour une gentille fée) qui accepte de lui jeter un sort. Dès qu'une princesse aura déposé un baiser sur son crâne de grenouille, il deviendra un beau prince et pourra évoluer au milieu des hommes... Une idée très originale, donc. Garulfo a fait découvrir au public un scénariste exceptionnellement doué en la personne d'Alain Ayroles, auquel on doit également le cultissime "De cape et de crocs". Notre homme a une plume bien trempée qui donne lieu à des dialogues d'une grande qualité et d'une drôlerie peu commune. Le dessin de Bruno Maïorana est un peu particulier mais il sert fort bien l'histoire par des déformations de traits assez hilarantes (observez bien le faciès de Garulfo planches 14 ou 20 par exemple). Si vous n'avez jamais lu Garulfo, il est grand temps de réparer cette injustice que vous vous faites ! Difficile de résister à ces péripéties batraciennes orchestrées avec maestria.