| Dans l'Italie déclinante de la fin des années 1990, deux frères, adolescents attardés, traînent leur déso euvrement et vivotent en vendant au compte-goutte les maigres biens laissés par leur père à leur mère. Ils n'ont pas commencé à travailler et n'en ont pas l'intention; Les jours passent, vacants, dilapidés entre les séances de Playstation et les films américains, les combines foireuses et les virées sur le front de mer. Ils y croisent le cousin Nicola et son ami Claudio, deux lycéens qui, livrés à eux-mêmes, se frottent au monde de la nuit et à ses transactions sordides. Punks à chiens et putains des deux sexes, junkies et dealers, forment un précipité de la société, révélant ses tares et ses dangers. On pense au Mean Streets de Martin Scorsese ou à la faune décrite par Hubert Selby Jr. Dans ses nouvelles. Mais les personnages d'Alessandro Tota sont plutôt des descendants des Vitelloni de Fellini et des ragazzi de Pasolini. Ils cherchent à tâtons une issue à leur vie, se cognent aux barreaux d'une cage invisible et fument des joints en attendant que le destin se manifeste. Car le pire serait que rien ne change. Alessandro Tota nourrit le récit de ses souvenirs mais refuse les affèteries de l'autofiction. Loin de tout formalisme, la narration, simple et directe, privilégie la précision du décor et la complexité des personnages. Et si Fratelli chronique une époque charnière de l'Italie et sa jeunesse sans espoir, il analyse aussi le sentiment profond et difficile, le lien étrange et redoutable, qui unissent une fratrie, biologique ou choisie. Ce par quoi il touche à l'universel.
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