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| Shigeji Daitomé, 26 ans, maître charpentier et héritier de l'entreprise de construction familiale du même nom, vient de perdre ses parents brutalement, alors qu'il était en déplacement sur un chantier. Ceux-ci ont péri dans un incendie qui a ravagé un ensemble de vieux bâtiments en bois dont faisaient partie les bureaux de la société Daitomé. Pour beaucoup de monde, un tel coup du sort signifierait la disparition de l'établissement séculaire. Après tout, Shigeji a fait des études d'architecture et ne devrait pas avoir de mal à se recaser, une fois le deuil de ses parents passé. Mais ça serait oublier « Volonté et Humanité », les deux préceptes de son père. Et de la volonté, et de l'humanité, il va en falloir à Shigeji pour supporter la venue d'une jeune fille de 20 ans qui a pris sous son aile cinq orphelins laissés à la rue suite à la disparition de leur orphelinat dans l'incendie : elle refuse toute aide du voisinage.
Chiisakobé est l'adaptation par Minetarô Mochizuki d'un roman historique écrit il y a une cinquantaine d'année. L’histoire s’y déroulait à l'époque Edo. Le mangaka reprend la trame principale tout en la situant à l'époque actuelle pour actualiser le propos. Mochizuki n'est pas un inconnu des lecteurs francophones. Il est l'auteur de Dragon Head, une série culte parue dès le mitan des années 1990. Pourtant, peu de ses œuvres ont été traduites chez nous. L'échec commercial de Maiwai chez Pika pouvait nous faire craindre de ne plus pouvoir le lire dans nos contrées. Heureusement, Le Lézard Noir nous propose sa dernière création, prépubliée au Japon entre 2012 et 2015 dans l’hebdomadaire Big Comic Spirits et disponible au Japon en quatre volumes au format relié.
Les neuf chapitres proposés dans le premier tome permettent seulement de faire connaissance avec les protagonistes de l’histoire, notamment Shigeji et Ritsu, la jeune fille embauchée pour s’occuper de la maison familiale. Elle est venue s’installer avec cinq orphelins sans en informer Shigeji et plutôt contre sa volonté. Celui-ci va-t-il se laisser amadouer ? Pour l’instant, il est difficile de percevoir le propos de l’auteur. Il faut dire que les non-dits sont nombreux, notamment entre les deux jeunes gens. Manifestement, Mochizuki cherche à explorer les réactions que l’on peut avoir lorsqu’on a perdu brutalement ses parents… Mais encore ? Certes, les lecteurs familiers du roman originel (1957) ou de son adaptation en film (1962) ont une avance mais comme les deux œuvres sont inédites en français, ceux-ci ne doivent pas être nombreux. Nul doute que le tome 2 permettra de mieux cerner l’histoire.
Ne vous méprenez pas. La lecture de Chiisakobé est passionnante grâce à une narration nerveuse. Ayant été prépublié dans un hebdomadaire, le manga est composé de courts chapitres d’une vingtaine de page, qui se terminent à chaque fois sur une situation marquante donnant envie de poursuivre sa lecture. Les nombreux problèmes de communication entre Shigeji et Ritsu sont bien rendus par des cadrages inhabituels, généralement des plans serrés en contre-plongé mettant le lecteur dans la peau de l’un ou de l’autre. Mochizuki nous fait ainsi littéralement plonger au cœur de son histoire, nous faisant voir ce que voient ses personnages. Voilà une façon de créer un lien, de l’empathie plutôt originale. On en redemande !
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