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Le Pouvoir des Innocents
Dessin : Hirn Laurent
Scénario : Brunschwig Luc

Le Pouvoir des Innocents, terminé


Volume 1 - 1992

Volume 2 - 1994

Volume 3 - 1996

Volume 4 - 1998

Volume 5 - 2002
Dans le même univers

  • Le Pouvoir des Innocents - Les Enfants de Jessica
  • Le Pouvoir des Innocents - Car l'enfer est ici


  • Sur le web

  • Sujet sur Brunschwig [forum]
  • Dossier le Pouvoir des Innocents [BDParadisio]
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    2 avis


    frads
    Tout commence par l'odieuse liquidation d'un père de famille, de son gosse, et de sa voiture. Puis on se retrouve en plein Viet-Nam. Déjà, ça donne la couleur de l'ampleur de ce que sera la série: une histoire glauque, affreuse, aux multiples facettes, mais d'une puissance émotionnelle grandiose.

    En effet, le scénariste Brunschwig n'hésite pas à faire représenter, par le dessin très expressif de Hirn, des atrocités, mais qui servent magistralement l'histoire et l'ambiance qui s'y déroule. Les émotions rencontrées à la lecture de l'album coulent à flot, et on n'a guère le temps de s'emmerder un seul instant, car les auteurs ont établi un de ces rythmes effréné, et épaulé par les nombreux flash-backs imposés par l'état psychologique défaillant du personnage principal de l'histoire.

    C'est une histoire qui a débuté sur les chapeaux de roue, et qui s'est conclue de la même manière. En cinq album, jamais l'histoire ne s'essoufle un seul instant, et on est autant accroché par le dessin spontané (bien que comportant de menues faiblesses) de Hirn que par l'histoire folle de Brunschwig.

    Tout ce qu'on peut sans doute regretter, c'est la similitude existant entre la psychologie des personnages d'une autre très bonne série de Brunschwig, "L'esprit de Warren". En effet, là aussi on a affaire à un personnage qui supporte de graves problèmes mentaux... Enfin ça ça dépend aussi de l'ordre dans lequel on a lu ces séries, moi j'ai commencé par "L'esprit de Warren" :o).

    Bref, cette série a fait découvrir un tout grand scénariste, et un dessinateur ayant un style plutot original, mais qui est parfaitement à la auteur.

    Je le conseille vivement :o)

    Thierry
    Si vous n’avez pas encore lu cette série, cette chronique comprend de nombreux spoilers.
    Cette année 2011 aura vu la sortie de deux séries, Les enfants de Jessica et Car l’enfer est ici, qui prolongent Le pouvoir des innocents. J’ai eu envie de me replonger dans cette série, considérée comme un des classiques de la bande dessinée des années 90.
    Pour se remettre dans le contexte, Le pouvoir des innocents, publiée entre 1992 et 2002 chez Delcourt (fondé 6 ans avant la naissance de la série), fait partie des quelques titres emblématiques d’une bande dessinée qui, à l’approche des années 90, se démarquait de la bande dessinée classique proposée par les grands éditeurs « historiques ». Alors que ces derniers se relevaient de la crise des années 80, quelques jeunes structures, comme Delcourt mais aussi Soleil ou l'Association, allaient changer la donne. Alors que l'Association s'affirmait en tête de pont des éditeurs qui creusaient le sillon de la bande dessinée d'auteur, Delcourt et Soleil renouvelaient la bande dessinée populaire (pour peu que l'on puisse tracer une ligne vraiment franche entre la production de ces éditeurs), en y injectant du sang neuf.
    Le pouvoir des innocents, par exemple, se distinguait de la bande dessinée franco-belge classique par une narration originale. Alors que le mètre-étalon de la série franco-belge restait la série sans fin réelle (prenons comme exemple probant Largo Winch), Hirn et Brunschwig proposent une histoire qui n'appelle pas de suite une fois le cycle terminé (les cycles suivants peuvent, parait-il, se lire indépendamment de la série-mère). De plus, ils se détachent complètement de la figure centrale du héros. Les personnages sont profondément faillibles et mortels (comme Bronson Babbitt, personnage principal du second tome, qui n’y survivra pourtant pas). Ils ont un vécu qui influe sur leurs motivations.
    Beaucoup de changements par rapport à ce qui faisait le corps de la bande dessinée mainstream, même s'il n'y avait rien de fondamentalement neuf. En fait, un savant mélange des ingrédients de série et de « roman graphique », comme ceux que publiaient Casterman ou Aire Libre, avec une forte influence américaine. Tous les ingrédients étaient présents mais ils n'avaient jamais encore été utilisés de cette façon. Une forme de synthèse transgenre qui ne pouvait qu'ouvrir de nouveaux horizons. « Révolutionnaire » pour l'époque, malheureusement, cela est vite devenu la marque de fabrique de Brunschwig, et la surprise originelle s'est émoussée au fil de ses autres séries. C'est en tout cas mon avis, même si je garde un excellent souvenir de L'esprit de Warren que je relirai sans doute prochainement.
    Mais finalement, de quoi parle Le pouvoir des innocents ? Dans l'Amérique pré-Onze Septembre, la campagne pour la réélection du maire de New York fait rage. La ville est en proie à une vague de violence sans précédent. Cette situation explosive est évidemment centrale dans les débats qui opposent les candidats. D'un côté, Gideon Sikk, républicain pur jus, et de l'autre Jessica Ruppert, démocrate et humaniste. Dans ce climat de violence où les honnêtes citoyens se sentent abandonnés, une organisation au dessein obscur semble leur tendre la main: le pouvoir des innocents, qui forme et organise des milices de citoyens pour occuper le terrain déserté par la police. Mais une série d'événements vont mettre en lumière un complot énorme aux ramifications surprenantes.
    Pas de héros au sens propre, mais une galerie de personnages que ce complot va affecter. Certains en sont partie prenante, d'autres de simples dommages collatéraux. Et si le but de ce complot s'avère la création d‘une société meilleure, les moyens pour y arriver broient aveuglément des vies, de ceux-là mêmes qui devraient bénéficier de cette nouvelle société.
    Intrigue ambitieuse qui se veut ambiguë dans les enjeux qu’elle présente, mais qui pêche par un certain manichéisme. La fin, aussi noble soit-elle, justifie-t-elle les moyens ? Le bien peut-il naître sur une action horrible ? Et les initiateurs de cette horreur, aussi noble soient leur dessein, peuvent-ils être pardonnés ? Le questionnement des personnages, qui n’est finalement qu’une recherche de justification de leurs choix, souffre de certaines facilités qui mettent à mal la crédibilité de l'histoire.

    - En premier lieu, je reproche une vision caricaturale au possible, avec les méchants républicains qui ne pensent qu'à presser la ville jusqu'au trognon à coup de programmes ultra-sécuritaires et de malversations, et la gentille démocrate Jessica Ruppert qui tend la main aux plus démunis et leur rend espoir et dignité en écoutant et responsabilisant les uns et les autres... Michael Landon faisait déjà cela très bien dans Les routes du Paradis.

    - Personne ne se rend compte que Karen Eden et Ronald Dougherty ont usurpé leur identité. Tous deux travaillent dans un milieu très sensible, l’un occupant une position-clé auprès d'un ponte politique, l’autre étant au centre des attentions médiatiques. On peut donc imaginer que leur passé a été scruté de fond en comble, et que toute zone d’ombre aura été scrutée... malgré le pouvoir de Steven Providence et des autres « innocents », il est peu crédible qu'ils soient passés entre les mailles du filet.
    - Le conditionnement des vigiles pour devenir tueurs à gage au service du « pouvoir » me semble assez simpliste et peu crédible.
    - Le taux de réussite des Enfants de Jessica défie quand même toutes probabilités. Le leitmotiv de Jessica a beau être que si on croit en la valeur des gens, ils réaliseront de grandes choses, ce n’est pas crédible.
    - On nous explique que le centre de Jessica vit presque en autarcie : pas de gardien, professeurs externes, autogestion... mais on apprend ensuite que le centre est criblé de dettes. Je me demande lesquelles, dans le sens où j'ai l'impression que les charges ne devaient pas être si lourdes et qu'un peu d'imagination aurait pu y pallier (merde, c'est fou le nombre de films où il suffit d'organiser une tombola ou une petite sôterie pour que les mécènes gentils affluent et sauvent le centre pour jeunes en difficulté, comme dans Honey et plein d'autres documentaires sur la jeunesse défavorisée US)
    - Si l’on ajoute à cela l'édifiante résurrection quasi miraculeuse de Joshuah Logan, figure quasi-christique, qui a vu sa vie détruite par la guerre au Vietnam avant que sa famille ne devienne dommage collatérale de la lutte sans merci entre les « innocents » et la mafia de Sikk (raah, l'homme littéralement broyé par la société aveugle et la sourde injustice) et le sacrifice de Providence (avec un petit côté gourou du « Temple solaire ») pour que sa « mauvaise action » n'entache pas la victoire de Jessica, je ne peux m'empêcher de voir dans Le pouvoir des innocents un étrange objet qui, sous des airs de saine indignation, se perd dans une vision simpliste que l’on peut résumer en disant d’un air convaincu qu’avec un peu de bonne volonté et de compréhension tout irait bien mieux, ma bonne dame, mais, voyez-vous, l'argent pourrit tout.
    En additionnant tout cela, cette intrigue, a priori ambiguë et provocante, se transforme en une histoire un peu simpliste de confrontation entre gentils et méchants, plutôt qu’en une interrogation sur la responsabilité, le pouvoir, la nécessité de sacrifices cruels pour le bien de tous...
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