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Le Mur de Pan Dessin et scénario : Mouchel Philippe Volume 1 - 1995 | Volume 2 - 1997 | Volume 3 - 1998 |
  everland
| Voici une BD qui s'insère bien dans la collection Delcourt dont la vocation est de nous offrir des créations originales.
Entièrement en noir et blanc, on a tout d'abord l'impression de parcourir les esquisses de l'auteur. N'en déduisez pas que le dessin est moins bon qu'un autre, mais la technique utilisée par Philippe Mouchel surprend (allez voir vous comprendrez).
Passé le temps d'adaptation nécessaire, le lecteur se perd dans un univers onirique toujours à la limite entre conte de fée et second degré. On se laisse séduire par les personnages et l'on suit leurs aventures rocambolesques avec un réel plaisir. N'exagérons rien cependant : ce n'est pas comme j'ai pu le lire au gré de mes déambulations sur internet LA BD du siècle, mais elle vaut le coup d'œil.
Autre particularité du mur de Pan : bien qu'elle ne fasse que 46 planches, on met deux fois plus de temps à la lire que n'importe quelle autre !
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olive
| L'univers créé par Philippe Mouchel est envoutant.
Les dessins en noir et blanc au lavis, même s'il peut rebuter au départ, (pour les 2 premiers, le 3ème utilise un peu plus de couleur, mais cela reste dans le même ton) donnent l'impression que chaque vignette est une gravure, c'est particulier, mais c'est superbe.
C'est vraiment une très grande BD, avec un souffle poétique raffraichissant par rapport à la production actuelle. De plus cette bande dessinée n'est pas dénuée d'humour avec des personnages secondaires plein de drolerie (Le postier, Caboche).
Cependant je reconnais que le dessin ne peut pas plaire à tout le monde ("c'est moche, c'est tout petit et gnagnagna...."). Mais faites l'effort de passer outre, et vous serez récompensés. |
CoeurDePat
| ** Particulier **
C'est sans doute le mot qui caractérise le mieux cette série de trois albums.
Particulier par son graphisme, évidemment. Lavis, aquarelle et brou de noix ? Je ne sais pas, mais le tout est très monochromatique, fait au pinceau et donne un aspect unique à cette histoire. Les personnages sont plutôt bien faits, les décors parfois superbes, mais une telle technique gomme parfois un peu les détails.
Particulier par son histoire, également. Ca ressemble à de l'heroïc fantasy, ça pourrait avoir un côté steampunk, mais c'est surtout un très grand conte. L'auteur prend les éléments dont il a envie et en fait ce qu'il veut, il ne se laisse à aucun moment imposer les règles d'un genre ou d'un autre et à dire vrai sa liberté impressionne.
Particulier par sa narration, ensuite... Déjà la densité de ces albums est proprement impressionnante : on passe trois fois plus de temps à les lire qu'un autre album plus "classique".
Les vignettes, habituellement de taille "normale", rétrecissent en effet parfois, donnant des pages denses. Mais c'est aussi et surtout le texte, omniprésent, qui densifie l'histoire. On a affaire à un véritable conte, façon "Bilbo le Hobbit" comme Tolkien aurait pu le raconter lors d'une longue soirée d'hiver. Cela plus la liberté précédemment citée entraîne une narration très atypique : passages purement narratifs, longues ellipses entre les albums qui partout ailleurs passeraient mal, cohérence temporelle parfois volontairement affaiblie, insistance sur certains éléments qui peuvent sembler arbitraires...
Déroutant, complètement atypique (unique, même !), utilisant des choix narratifs véritablement particuliers qui ne manqueront pas de surprendre, "Le mur de Pan" est surtout un très bon moment de lecture (enfin, plusieurs moments de lecture, parce que tout lire d'une traite est un peu difficile). Philippe Mouchel est un conteur, un véritable conteur, et ça fait plaisir. |
Rohagus
| Voilà une série véritablement particulière.
Déjà, il y a le dessin. Il surprend quand on feuillette l'album. On a l'impression de voir de toutes petites cases toutes marrons et tristes. On s'étonne de ne pas voir de couleurs pour dépeindre un univers qu'on imaginerait volontiers joliment coloré. On s'étonne ensuite de la densité de cases par planches. Mais on s'y fait dès la toute première case ! On prend immédiatement plaisir à parcourir les cases les unes après les autres.
Ensuite, il y a l'histoire... C'est un véritable conte. L'auteur a créé un monde à la croisée de l'heroïc-fantasy et de la science-fiction. Ce monde est dense, complexe et on prend plaisir à se plonger dans l'histoire. Et personnellement, j'ai été véritablement transporté dedans. J'aime qu'on me raconte une histoire, que je sois plongé dans un monde nouveau et passionnant, et là j'étais vraiment parti pour ce monde-là, à vivre les histoires des héros et héroïnes.
Mais le conte tient surtout dans la façon dont les choses sont racontées. Pas d'attardements sur les scènes d'action : le narrateur explique simplement ce qu'il s'est passé et continue l'histoire ensuite. Et il se passe une foule étonnante de choses. Comme dans un conte, nombre de personnages et d'endroits apparaissent uniquement pour le plaisir du conteur et du lecteur, n'ayant d'autre intérêt que de donner plus de profondeur au monde sans pour autant qu'ils soient vraiment nécessaires à l'histoire. On a le sentiment que l'auteur nous raconte une histoire, nous raconte un monde, décrit parfois ce qui lui vient par la tête, le tout pour donner plus de charme et de mystère au conte et émerveiller le lecteur.
Il y a une part d'heroïc-fantasy avec ces créatures étranges, le héros chevalier, la magie etc. Il y a une part d'onirique avec ces rêves qui gouvernent le monde, une part de science-fiction avec ce monde évolué qui côtoie le monde médiéval, une part légère de charme - les femmes y sont belles et pleines de personnalité -, une part d'humour, une part d'anachronisme décalé (la Conque-Agua et d'autres jeux de mots qui surprennent dans ce décor purement imaginaire), et surtout une grande part de mystère avec ce Mur de Pan, les rêveurs, tout ce qui se trame dans l'ombre, etc.
D'une certaine manière, cette BD m'a également rappelé Lapinot et les Carottes de Patagonie, déjà pour la longueur et la densité de l'histoire, mais aussi pour cette impression que l'auteur se laisse porter par elle, ne prévoyant pas dès le départ tout ce qui va se passer ensuite (quoique tout soit cohérent et que la trame a sans doute été bâtie dès le départ pour sa part).
Et pour revenir sur cette densité de l'histoire, elle est impressionnante. Un seul album du Mur de Pan emplit amplement une soirée de lecture : il y a tellement de cases par planches, tellement de textes, d'évènements décrits, qu'on en a pour son argent avec chacun de ces albums.
Seul regret, le dernier tome me paraît étrangement plus terre à terre que les précédents. Même s'il conserve une part énorme d'onirique et de fantastique, le charme est brisé. L'histoire que nous suivions depuis le début s'achève en urgence au tout début du tome pour laisser place à une suite où tous les mystères sont posés et déclarés, et où le côté conte de fées laisse la place à un côté plus... science-fiction/fantastique. Oh, ce n'est pas quelque chose de radical et sans équivoque, mais c'est ainsi que j'ai ressenti ce dernier tome, ainsi que sa fin un peu rapide qui m'a légèrement déçu.
Néanmoins, je persiste à penser que toute l'histoire est très bonne et j'ai vraiment passé un bon moment à lire cette série. |
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