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Contes de la désolation
Dessin et scénario : Vanoli Vincent

Albums indépendants, terminé


Volume 1 - 2002

Volume 2 - 2003

Volume 3 - 2004

 

1 avis


NDZ
Désolation ? désolé... ces Contes de la désolation, de par leurs grandes qualités narratives et graphiques, m'ont réjoui au plus haut point !

Le tout se compose de trois tomes regroupant chacun deux courtes histoires, souvent structurées sous la forme d'un long monologue émanant du personnage principal, masculin, exclusivement. Et cela a son importance car dans les motifs récurrents qui seront abordés au cours de cette courte série, on parle d'amour et de femmes, essentiellement (exception faite pour le dernier récit - quoique, cette horreur latente... n'y est pas forcément étrangère : l'amour c'est aussi le grand inconnu, la peur absolue, la dévoration de l'autre).
Chaque tome a son unité de lieu (ville/rivière/marécage), les histoires courtes dialoguent entre elles (motifs et variations autour des schémas d'interaction, de narration) et certains fils constituent une trame homogène transversale aux différents "contes" (amour fantasmé ou déçu, retour continuel ou enfermement dans un passé révolu, errance géographique et mentale).

La mélancolie est omniprésente et le souvenir est toujours un refuge où la raison se perd. La prison qui naît du regret de ne dévoiler son amour; la culpabilité de l'impuissance face au destin et à la perte de l'être aimé; de part certains thèmes récurrents se dégage de cette oeuvre un "fantastique poétique" des plus réussis. Il mêle à la perfection romantisme des paysages, inaccessible amour et beauté picturale.

Vanoli brode trois recueils empreints d'onirisme qui mêlent aussi les corps et les décors : tour à tour, la topographie des villes et de leurs bâtiments, de la campagne et de ses cours d'eau ou des forêts tropicales brouille les pistes suivies par l'intrigue, par le personnage principal. L'évocation joue un rôle prépondérant dans ces récits, certaines choses ne sont que suggérées, la plupart du temps graphiquement (réflexion sur les distorsions appliquées à la représentation). Comme les apparitions féminines restent à l'état de fantômes, elles matérialisent la charnière entre rêves et réalité. De fait, les lieux sont eux-même des personnages à part entière. Ils interagissent directement avec les figures principales du récit, qu'ils guident, conseillent ou troublent.
Pour exemple, dans le premier tome, les bars jouent le rôle de point d'ancrage pour les rencontres, toujours conséquences d'un processus aléatoire qui tient seulement du hasard (random walk). Ils sont également un point de passage entre la dimension picturale de l'oeuvre et la frontière qui s'établit entre le héros et l'être aimé (tableaux aux murs... puis dans une vitrine). Ils sont le lieu de cristallisation, de projection entre dimension mentale et dimension physique, insistant sur ce "contact humain" à jamais perdu.

Comme dans "La route de Monterias", son noir et blanc charbonneux n'empêche pas Vanoli de présenter des planches d'où se dégage une certaine luminosité ou verdoyance (jungle). Son trait rend magnifiquement tant l'obscurité tortueuse des villes que les enchevêtrements végétaux, la fange minérale et l'oppression qui se dégage de certains milieux naturels.

L'ensemble n'est certes pas aussi génial que la chevauchée anarchique et mystérieuse de "La route des Monterias" ou le propos poétique et militant de "L'usine électrique" - ses deux chefs-d'oeuvre à mon avis - mais sur une dizaine de pages, peu d'auteurs arrivent à un tel résultat : planter un décor, imposer une ambiance, faire vivre des personnages qui sortent du stéréotype et auquels on croit volontiers...
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