"Dans un univers de cyclistes, seuls les sophistes se graissent la patte, les autres freinent." Le ton est donné : cette phrase absconse joue un rôle primordial dans cet album, l'un des plus étranges de la saga du Concombre. Un album où Mandryka semble se livrer à l'écriture automatique, et laisse discourir ses personnages sur un mode cahoteux et déroutant. Certaines scènes sont très drôles, comme l'arrivée du journaliste Célestin Sucebonbon au début de l'album. D'autres passages sont plus obscurs et baignent dans une certaine poésie kafkaïenne.
Entre les mains de Mandryka, un album sur l'art de devenir maître du monde devait fatalement emprunter des voies comico-métaphysiques pour égratigner les intégrismes et les extrémismes de tous bords. Le concombre et le chourave s'humanisent (et pas au bon sens du terme) pour devenir des dirigeants cyniques. Mais que l'on se rassure, cette métamorphose sera brève : un concombre, même masqué, ne peut rester maître du monde bien longtemps.