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Blutch [ Bandes Dessinées : auteurs, séries, et toutes ces sortes de choses... ] retour forum Pages : 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 10
| Mael, 29.10.2016 à 20:33 | 363434 |
| | | Tout à fait, outre le côté affectif que j'ai pour la série (oui je la collectionnais enfant - jusqu'au tome 50, j'en suis revenu) c'est un vrai succès de librairie.
Ce n'est pas l'agent 212 ou Cupidon, c'est une série historique de Cauvin qui est une des têtes de ponts de l'éditeur, certes c'est vieillissant mais ça reste un truc qui se vend. Sans doute pas aux plus jeunes (même si en bibliothèque ça reste très emprunté, ce n'est pas une valeur statistique mais purement empirique) mais qui a du succès et est connu hors du public spécialiste.
Du coup je reste surpris que les hommages aient un casting relativement faiblard. |
| | | | Thierry : | Mael : | Bon, ne l'achetez pas pour Blutch hein, ce n'est pas très bon (sans surprise) et hormis la couv il n'a fait qu'une page titre et une page.
Je suis d'ailleurs très surpris du casting très léger de ce collectif, j'aurai pensé que pour cette série très connue il y aurait eu des auteurs un peu plus capés dans l'ensemble. |
est-ce vraiment étonnant ?
Cauvin n'intéresse plus grand monde. Il a même été incapable de financer un projet sur Sandawe. |
Oui, mais les Tuniques bleues, c'est plus que Cauvin, et les Tuniques bleues actuelles ne sont que la partie la moins intéressante de cette série assez légendaire (du moins dans le franco-belge, mais aussi le débordant) |
| Mael, 27.10.2016 à 14:44 | 363414 |
| | | Pierre : | Mael : | Bon, ne l'achetez pas pour Blutch hein, ce n'est pas très bon (sans surprise) et hormis la couv il n'a fait qu'une page titre et une page. |
Dans Mish-mash il y avait un déjà récit (issu du journal de Spirou je crois): c'est le même ? |
Non c'est un truc inédit.
Et mon petit doigt me dit que ce sera la page exemple du livre sur bulledair...
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| | | | Mael : | Bon, ne l'achetez pas pour Blutch hein, ce n'est pas très bon (sans surprise) et hormis la couv il n'a fait qu'une page titre et une page.
Je suis d'ailleurs très surpris du casting très léger de ce collectif, j'aurai pensé que pour cette série très connue il y aurait eu des auteurs un peu plus capés dans l'ensemble. |
est-ce vraiment étonnant ?
Cauvin n'intéresse plus grand monde. Il a même été incapable de financer un projet sur Sandawe. |
| Pierre, 27.10.2016 à 13:47 | 363409 |
| | | Mael : | Bon, ne l'achetez pas pour Blutch hein, ce n'est pas très bon (sans surprise) et hormis la couv il n'a fait qu'une page titre et une page.
Je suis d'ailleurs très surpris du casting très léger de ce collectif, j'aurai pensé que pour cette série très connue il y aurait eu des auteurs un peu plus capés dans l'ensemble. |
Dans Mish-mash il y avait un déjà récit (issu du journal de Spirou je crois): c'est le même ? |
| Mael, 27.10.2016 à 11:05 | 363404 |
| | | Bon, ne l'achetez pas pour Blutch hein, ce n'est pas très bon (sans surprise) et hormis la couv il n'a fait qu'une page titre et une page.
Je suis d'ailleurs très surpris du casting très léger de ce collectif, j'aurai pensé que pour cette série très connue il y aurait eu des auteurs un peu plus capés dans l'ensemble. |
| Mael, 26.10.2016 à 20:58 | 363402 |
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| | | | Ce Lune L’Envers m’avait laissé un mauvais gout dans la bouche en première lecture. Et pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’avoir envie de le relire. Partce que Blutch fait partie des dessinateurs les plus séduisants du moment et parce que je me rappelled d’un récit très intrigant et bien construit.
Lantz est un auteur de bande dessinée à succès. Mais cela fait 3 ans que l’on attend le nouveau tome de sa série: le nouveau nouveau testament. Son éditeur, Mondomédia, decide d’une mesure radicale: remplacer Lantz. Ce dernier, homme du passé, rempli d’aigreur, ne suppoorte que très mal cette trahison. Pour lui, la bande dessinée, ça se fait à la main. On parle de le remplacer par des employés travaillant sur d’étranges machines et qui font de la bande dessinée sans en avoir conscience. Très vite, les éditeurs repèrent une jeune fille, Liebling, qui ferait plus que l’affaire. Mais rien n’est simple et le timing ne semble pas bon. C’est le moins que l’on puisse dire. Les époques se mélangent et la confrontation entre Liebling et Lantz sera surprenante.
On sent une satire assez virulente du monde de l’édition, ramenée à une espèce de fabrique de yaourt sans âme. Mais ce n’est pas cela qui m’a laisse ce mauvais gout dans la bouche. C’est, et je crois que c’est une des caractéristiques de Blutch, une image de la femme très negative.
On pourra toujours se demander quell est le propos de Blutch dans cette histoire. Finalement, les personnages masculins sont plus que pathétiques, contrairement à Liebling et Winnetou, autre personnage féminin fort. Je pense y voir un récit d’émancipation pour Liebling.
Mais tout le livre est traversé de violences et d’humiliations faites aux femmes. Elle n’y sont que fantasmes ou cauchemars de mecs (comme Mme Dutter, espèce de mégère en tablier et coiffure en petard, sorte de concierge mal repâssée). Dès les premières pages, Liebling se fait mordre les fesses par un chien. Son maître, loin de s’excuser, lui mordles fesses à son tour. Les “eurifices” ressemblent à des glory holes jusqu’à “l’exil” de Liebling dans le service de Mme Dutter qui me fait songer à un supplice SM avec son siege-godemichet.
En fait, Blutch recycle toute la mysogynie des années 70, tout en y rajoutant une couche. Je continue à trouver ce livre très beau visuellement, avec un univers original qui renvoye à Forest et à un certain état d’esprit des années 70 (la “science fantasmée” qui n’est plus qu’une simple prouesses technique mais aussi une machine à imaginer) tout en le trouvant detestable parce qu’il integre de manière naturelle un sexisme trop ordinaire.
Le discours de la mère de Liebling dans les premières sert par exemple de contrepoids à la conclusion, très ouverte, qui laisse beaucoup de place à l’imagination. Il a du sens narrativement. D’autres passages semblent n’être que gratuity, une manière pour Blutch de déverser des fantasmes malsains. |
| lldm, 04.01.2016 à 17:12 | 360570 |
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| | | | Mael : | Affiche d'un film un rien glauque sorti en avril |
Qu'est-ce que ce documentaire a de glauque ? Avoir son cadavre dévoré par des vautours sur l'Himalaya, c'est plus classe que par des asticots dans un cercueil, non ? |
| Mael, 04.01.2016 à 15:57 | 360563 |
| | | Affiche d'un film un rien glauque sorti en avril
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| Mael, 05.02.2015 à 14:01 | 357766 |
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| Pierre, 03.07.2014 à 21:11 | 355628 |
| | | Glotz : | Certains ont lu l'extrait propose dans le Monde diplomatique de janvier ? J'ai trouve cela extrêmement prometteur. On notera que Blutch semble vouloir payer sa dette a Forest. |
La référence à Forest tant visuelle (l'allure générale de Liebling) que scénaristique (univers onirique, fantastique et absurde) me semble incontestable, mais plus encore j'ai noté l'hommage à Buzzelli dans la façon dont l'auteur met en scène son propre double à l'instar du maître italien (voir Zil Zelub, l'agnone...). |
| | | | Blutch est doublement présent dans le dernier numéro de pré Carré ; notre Atome d'herméneugène lui est consacré, autour de son « Pour en finir avec le cinéma » ; et « La volupté » est l'objet ne notre nouvelle rubrique, Moins la main. |
| | | | chrisB | Alain Resnais, un des plus grands toujours vivant |
Heureusement que des cinéastes sont suffisemment esthètes pour apprécier la B.D. et prendre la relève de Resnais en faisant réaliser leurs affiches par des dessinateurs. |
| Moi, 25.04.2014 à 11:06 | 354969 |
| | | Affiche pour le prochain film de Mathieu Amalric :
(Christophe Blain avait fait celle du précédent)
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| | | | J'aime bien le dernier Blutch. J'y ressens une certaine pureté. (Je peste depuis des années sur l'aspect référentiel de son oeuvre mais là ça se calme.)
Dans le prolongement de "Vitesse moderne" en quelque sorte, mais en mieux écrit, plus imaginatif, plus auto-réflexif et moins cliché (s'il y a archétypes, ils sont bien plus vivants et drôles, moins emphatiques). |
| chrisB, 31.01.2014 à 15:22 | 354082 |
| | | Alain Resnais, un des plus grands toujours vivant (avec Godard) |
| effer, 31.01.2014 à 14:10 | 354080 |
| | | Il n'est pas jeune Alain Resnais!
L'affiche est réussie. |
| effer, 31.01.2014 à 14:07 | 354079 |
| | | Il n'est pas jeune Alain Resnais!
L'affiche est réussie. |
| Moi, 31.01.2014 à 12:21 | 354075 |
| | | Nouvelle affiche pour Alain Resnais :
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| Glotz, 18.01.2014 à 10:44 | 353856 |
| | | Certains ont lu l'extrait propose dans le Monde diplomatique de janvier ? J'ai trouve cela extrêmement prometteur. On notera que Blutch semble vouloir payer sa dette a Forest. |
| | | | C'est dommage, ce n'est finalement pas la couverture définitive.
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| | | | Hey il y a Scarlett Dream !!! |
| Herbv, 22.06.2013 à 18:42 | 351596 |
| | | Oui ! C'est Dargaud qui relance cette vieille collection ou c'est un faux destiné à faire du buzz ?
En tout cas, c'est rigolo de revoir ce type de couverture (je me demande si je n'ai pas quelque part Morbus Gravis mais comme je ne l'ai pas bullenoté...) |
| | | | C'est toute la maquette qui a 30 ans... |
| Moi, 22.06.2013 à 13:29 | 351594 |
| | | Couverture du prochain Blutch (notez l'attention rétro portée au logo dargaud)
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| | | | WOW ! Merci Pierre pour cette afiche ! |
| THYUIG, 11.04.2013 à 23:19 | 350785 |
| | | Pierre : |
Dans le droit fil d'une discussion récente, l’observateur vigilant pourrait noter qu'il il n'y a qu'une femme pour 33 hommes sur cette image. Discrimination sexiste ? D'un autre côté elle est la seule à avoir la parole ...
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Evidemment, les autres ne savent pas lire ! |
| Pierre, 11.04.2013 à 20:22 | 350778 |
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Dans le droit fil d'une discussion récente, l’observateur vigilant pourrait noter qu'il il n'y a qu'une femme pour 33 hommes sur cette image. Discrimination sexiste ? D'un autre côté elle est la seule à avoir la parole ...
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Blutch est un drogué. C'est un fait. Intoxiqué de cinéma. Jusqu'à l'os.
Mais Blutch semble vouloir décrocher. Et il a du mal. Le cinéma est une drogue dure. La cure de désintox n'est pas très efficace. Et le bouquin assez mal fichu.
J’ai beau être aussi un drogué de cinéma (et il y a quelques intéressantes réflexions au détour de quelques belles pages), cet amour-haine qui plonge le gars Blutch dans des abîmes de souffrance et d'aigreur ne m'a pas vraiment touché. Je le comprends (pas entièrement, ou, du moins, j'essaie), mais il ne m'émeut pas, ou si peu... Blutch (enfin son personnage du moins) est, de plus, visiblement fasciné par les acteurs, plus que par les actrices (enfin c'est ce qu’il en ressort), et semble avoir des problèmes avec les femmes, ou au moins dans son rapport aux femmes (lien de cause à effet ?). On n'a qu'une envie, quand on referme le bouquin : qu’elles le larguent toutes et qu’il abrège ses souffrances par overdose de cinéma !
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| | | | Lu pour en finir avec le cinéma. Bof. Lecture assez quelconque, décousue, deux passages dignes d'intérêt, sur Lancaster et sur Piccoli, c'est court. Pourquoi cette récurrence des gens (dont on se fout d'ailleurs, aucune empathie on n'arrive pas à les connaitre) qui se tapent sur la gueule? Juste pour la provo facile? Les moments où j'aime bien le dessin de Blutch c'est quand ça se rapproche de Forest ou Billon, ça arrive encore par instant, le dessin de couv est beau mais la maquette est pourrie. J'ai les mêmes références que Blutch en cinéma et je me suis fait le coffret cinéma cinémas il y a peu, mais ça ne m'a pas du tout intéressé son point de vue sur le cinoche, on n'a vraiment pas la même sensibilité.
Dans le genre récit sans structure je préfère le Journal d'un fantôme de De Crécy. |
| Moi, 23.04.2012 à 16:11 | 344348 |
| | | Alain Resnais a fait de nouveau appel à Blutch pour l'affiche de son prochain film :
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| | | | Euh, j'ai lu ça dans le dernier Beaux-Arts Mag HS (un scoop BAM). Et c'est aussi un scoop Technikart. Mais évidemment rien n'est dit, c'est juste pour faire parler. |
| Mael, 02.01.2012 à 19:01 | 341763 |
| | | Je gloserai volontiers quand tu me diras où tu as entendu parler de ça ! |
| | | | Personne pour gloser sur l'épisode de Tif et Tondu que Blutch préparerait ? |
| Anoeta, 13.11.2011 à 9:59 | 341029 |
| | | Je n'ai jamais entendu parler de Frab...
En tapant sur google, je trouve :
Réseau FRAB
www.agrobio-bretagne.org/Retrouvez ici toutes les informations sur les agriculteurs biologiques en Bretagne.
A mon avis, ce n'est pas de ce newsgroup là dont on parle ! |
| compte supprimé . 13.11.2011 à 0:05 | 341026 |
| | | wandrille : | Tu devrais nous faire rire plus souvent... qu'on t'y vois un peu. | Je m'suis déjà bien marré avec Pierre, bizarrement avec Wandrille non
Ca existe toujours Frab ? |
| lices, 12.11.2011 à 22:55 | 341025 |
| | | Blutch reprendrait Tif et Tondu... |
| Pierre, 12.11.2011 à 11:54 | 341015 |
| | | Appollo : | Je t'ai mis en relation avec une fille, moi ? Ca alors... |
Je te réponds par bullemessage. |
| | | | Pierre : |
Il n'était bien entendu nullement dans mon intention de porter préjudice à la réputation de Wandrille dans le monde des lettres dessinées, lui qui témoigne avec constance d’un caractère exempt de toute compromission, dont l'intégrité intellectuelle, que dis-je, la probité morale n’est jamais mise en défaut, et ne souffre aucune discussion.
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Ah ah ah, bien vu... bravo pour la culture du sujet, Pierre, tu sais tout, tu est très fort ; je ne connaissais pas cet échange, internet n'oublie rien, et quelqu'en soit l'auteur, je maintiens que c'est Blotch est un très bon livre d'humour. Maintenant, si JeanLouis n'aime pas Blotch, holala, je crois que je vais changer d'avis très vite (c'est comme ça qu'on fait n'est ce pas ?).
Et mon intégritée intellectuelle est tout à fait succeptible d'être discutée, notamment sur mes manques culturels, pris en défaut sur ce genre de citation, je vais désormais googler tous tes posts dans la crainte, avant d'y répondre.
Ouel done, bitch.
Thierry : |
Ce n'est sans doute pas ce que Blutch a fait de plus original, ou poétique, ou séduisant, mais Blotch est drôle dans, et pour, sa 'facilité' et assumé dans son côté 'formatté'. Le concept est drôle, mais limité. Deux tomes suffisaient largement à faire le tour de la question. Un seul aurait même été suffisant, parce qu'à la longue, il y a des redites. |
Complètement d'accord, cependant, il y a dans le tome 2 (je crois) un passage sur les enfants qui est un pur chez d'oeuvre et qui, s'il est bien dans ce tome, justifie pleinement le livre.
Un auteur humoristique que j'aime beaucoup disait que, pour lui, si le lecteur avait un éclat de rire authentique dans son album, il avait fait son boulot et le livre se trouvait justifié.
Je plussoie. |
| SydN, 08.11.2011 à 8:45 | 340960 |
| | | Effectivement, l'appel à la reconnaissance de Blutch m'avait fait tiquer.
Mais je me suis juste dit "il est con ou quoi?"
pas sûr que ça t'ai servit à grand chose cette "supercherie". Ca donne plus l'impression que tu es vachement influençable en fait... après ce n'est qu'une impression ;) |
| | | | Je t'ai mis en relation avec une fille, moi ? Ca alors... |
| Pierre, 08.11.2011 à 0:09 | 340956 |
| | | Le fonctionnement de la mémoire est quelque chose d'assez mystérieux. Je me souviens que c’est Appollo qui m'a fait connaître frab en 2001, m'invitant à rejoindre ce newsgroup au profit de bdparadisio sur lequel je gâchais mes forces. C’est à cette occasion que j'ai pris connaissance, avec un certain retard, du message de JLouis en parcourant ce qu’on appelait si je me rappelle bien, des « threads ». Le point de vue qu’il y exprimait a du sur l’instant, particulièrement me marquer puisque effectivement, 10 ans après, je m’en souviens encore et, si je n’ai jamais partagé cette analyse, elle n'en n'a pas moins significativement modifié ma perception de ce Blotch.
C'est en feuilletant de vieux Fluide Glacial à mon frangin que j'ai découvert Blotch (et donc Blutch) et moi qui ne me tenais alors guère informé, qui n’avais plus lu grand chose de sensiblement intéressant depuis les premiers Trondheim, j'ai perçu là-dedans une inspiration franchement nouvelle dans l'univers de la bande dessinée. C’est d’abord le dessin qui m'a fasciné, puis ces récits complets brillants et vachards qui entraient en résonance avec le sujet de mes études du moment (à la fac d’histoire où je m’étais égaré). Bien entendu j'ignorais tout alors de Péplum, de Mitchum...
L’expression brutale de ce point de vue a suscité sur le coup un rejet de ma part cependant, à mesure que je découvrais l'oeuvre de Blutch plus en profondeur et ce qu'il était convenu d'appeler "la nouvelle bande dessinée", ma perception s'en est trouvée quelque peu modifiée jusqu'à considérer avec un peu moins de bienveillance cette oeuvre, particulièrement à la lecture de certaines des péripéties contenues dans le second volume et puis aussi après qu’une fille avec qui Appollo (toujours lui!) m'avait mis en relation m'ait fait comprendre qu'il me serait extrêmement profitable de lire Péplum (ce qui fut le cas).
L'intervention de Wandrille convoquant Blotch pour se faire mousser auprès de l’un de ses pairs, m'a, sur le coup plutôt amusé pour ce qu'elle m’a semblé manquer d’à-propos, d'où mon idée d’exhumer ce jugement ancien. S'il ne reflète plus l'état d’esprit actuel de son auteur, ce texte dit des choses intéressantes sur les attentes déçues d’un lecteur exigeant quand le potentiel créatif d’un auteur qu'il admire lui paraît employé à mauvais escient.
Quant à cette plaisanterie que d'aucun pourront trouver d'un goût douteux, elle m'a été suggérée par la lecture d'un publication universitaire intitulée: "Flaubert savait-il écrire ?" et qui rend compte d'une polémique littéraire déclenchée en 1919 à l'occasion de laquelle Proust se livra à une pénétrante analyse du style de Flaubert (qu’il n’appréciait que modérément semble-t-il -personne n'est parfait) et où il s’expliqua sur sa théorie littéraire. A l'origine de tout ça, il y avait la supercherie d’un critique ayant soumis à un mandarin, des extraits de la prose de Flaubert tirés des premières pages de Mme Bovary, en les donnant pour le travail d'un aspirant écrivain. Et le docte monsieur, de renvoyer le soi-disant débutant à l’étude de la grammaire et à la lecture des maîtres. La polémique dura près de deux ans (il faut dire qu'on avait pas le haut débit en ce temps-là).
Je m’étonne que mon procédé si grossier, ait pris; il faut croire que plus c'est énorme et plus ça passe. Comme l'a remarqué Appollo, plusieurs indices dans le texte permettaient de mettre en doute son actualité (la référence au Pacha, l'annonce d'un livre aux Humanos, l’appel à la reconnaissance de Blutch...) et enfin, il y avait le style: je n'écris pas comme ça (j'aimerais bien !). On est rarement bien lu, a fortiori plus encore quand on est pas l'auteur de ce qu'on publie. Sur ce, je m’en vais commencer la lecture de ce Pour en finir avec le cinéma.
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| JLouis, 07.11.2011 à 20:55 | 340954 |
| | | Même moi, je n'avais pas reconnu l'auteur de ce vieux post. Il est sacrément tordu, ce Pierre, pour avoir stocké dans sa mémoire cette discussion avinée… Ce qui me rassure, c'est de voir que je ne suis pas l'auteur de ces commentaires particulièrement hargneux. C'est un autre type, qui partageait mon nom et mon organisme à l'époque. Je l'ai perdu de vue il y a plus de dix ans. Ce qu'il dit sur "Blotch" est trop sévère. Certes, ce n'est pas le meilleur livre de Blutch. Certes, il y a là-dedans des facilités et des automatismes. Mais c'est oublier qu'un livre de Blutch, même moyen, reste toujours intéressant. Brillant, même. J'ai relu l'album il n'y a pas si longtemps et je l'ai trouvé mieux que dans mon souvenir. C'est inégal, mais il y a de très bonnes histoires. Et un dessin renversant. Je me rappelle avoir reproché à Blutch de s'engager dans cette série, dont le développement me paraissait décevant comparé aux deux premiers épisodes que j'avais adorés (parus dans des hors-séries, je crois). Le contexte de l'époque est pour beaucoup dans mon manque d'indulgence, je crois. Paradoxalement, c'est "Le pacha" qui me paraît avoir le plus mal vieilli. Le texte de Fabio est bon, les images de Blutch aussi. Mais les deux se superposent un peu artificiellement, sans réellement s'enrichir mutuellement. Vivement que je laisse la place à mon futur-autre-type. |
| | | | Ah ben dis donc, ça m'a donné l'occasion de lire ce qu'on écrivait sur frab à l'époque...
Je n'avais pas reconnu (évidemment, 15 ans après !) le message de Jean-Louis, mais je me doutais bien que ce n'était pas un truc récent, au vu des références. |
| pirik2, 07.11.2011 à 13:53 | 340940 |
| | | Monsieur Colonier est peut être un peu brut, mais quand on traduit le message de Wandrille à Pierre:
wandrille : | Je t'emmerde connard!
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auquel Pierre répond:
wandrille : | Va te faire foutre!
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..On peut se demander s'il est bien nécessaire de compliquer la lecture. :) |
| | | | Pierre : | Je te remercie, Appollo, d'avoir porté à mon attention cette bévue, fille de ma proverbiale distraction ! Je prie donc cette auguste assemblée de bien vouloir m’excuser si j’ai malencontreusement omis de préciser que ce message qui suscite de si véhémentes protestations, est la citation in extenso d'une contribution de JLouis au newsgroup frab, et qui date d'une douzaine d'années.
J’espère que JLouis aura la complaisance de me le pardonner et qu’il ne me tiendra pas non plus rigueur de se savoir instruit de la bien piètre opinion que paraît se former Wandrille à son sujet du fait de ce malheureux concours de circonstances. | c'est un coup bas digne de Blotch; le personnage; car, comme le fait remarquer un intervenant du forum que tu as mis en lien - et qui signe Appollo - coincidence? - "D'ailleurs, tous les personnages du monde de Blotch sont ignobles mais Blotch est le pire : Gouttelette a au moins le courage d'affirmer ses
hideuses idées réacs face aux manifestants." |
| Pierre, 07.11.2011 à 13:28 | 340938 |
| | | Je te remercie, Appollo, d'avoir porté à mon attention cette bévue, fille de ma proverbiale distraction ! Je prie donc cette auguste assemblée de bien vouloir m’excuser si j’ai malencontreusement omis de préciser que ce message qui suscite de si véhémentes protestations, est la citation in extenso d'une contribution de JLouis au newsgroup frab, et qui date d'une douzaine d'années.
J’espère que JLouis aura la complaisance de me le pardonner et qu’il ne me tiendra pas non plus rigueur de se savoir instruit de la bien piètre opinion que paraît se former Wandrille à son sujet du fait de ce malheureux concours de circonstances.
Il n'était bien entendu nullement dans mon intention de porter préjudice à la réputation de Wandrille dans le monde des lettres dessinées, lui qui témoigne avec constance d’un caractère exempt de toute compromission, dont l'intégrité intellectuelle, que dis-je, la probité morale n’est jamais mise en défaut, et ne souffre aucune discussion.
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| | | | Pierre : | Mais les génies ne sont pas toujours géniaux. Et c'est peut-être pas plus mal comme ça.
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Là, je suis tout-à-fait d'accord |
| | | | De quand date cette critique sévère de Blotch ? Et de qui est-elle ? |
| | | | Pour moi Blotch est assez proche du travail de François Ayroles. |
| | | | J'ai toujours vu dans Blotch une forme de plaisir coupable. Pas familier de l'univers Fluide, j'ai eu du mal dans un premier temps à reconnaître les auteurs mis en scène par Blutch. J'y ai toujours vu, peut-être à tort, une référence au moins inconsiente à Achille Talon, auquel tout captital sympathie aurait été retiré? Physiquement, ils sont assez semblables, le nez en moins, il partagent la même fatuité, le même métier, le même regard condescendant sur les autres... mais Blutch a fait de Blotch un personnage détestable, presque aussi abject que le Tony Clifton d'Andy Kaufman: raciste, anti-sémite, sexiste et pathétique. Blotch me fait franchement sourire, voire rire, mais plus selon le mécanisme éprouvé de la jouissance de voir un sale type se ridiculiser avec une telle suffisance qu'il ne se rend même plus compte de son ridicule.
Ce n'est sans doute pas ce que Blutch a fait de plus original, ou poétique, ou séduisant, mais Blotch est drôle dans, et pour, sa 'facilité' et assumé dans son côté 'formatté'. Le concept est drôle, mais limité. Deux tomes suffaisaient largement à faire le tour de la question. Un seul aurait même été suffisant, parce qu'à la longue, il y a des redites. |
| SydN, 07.11.2011 à 11:28 | 340921 |
| | | Pierre : | Ce n'est qu'une succession de blagues rabachées à la Cauvin, habillées d'un pastiche à peine forcé de diatribes façon "Rivarol" (youpins, cocos, pédés, gonzesses). Ca ne montre rien, ça ne dénonce rien, |
Ah oui, c'est sûr quand j'ai lu Blotch, j'ai de suite pensé à Cédric ou à Pierre Tombal...
Ah oui, les pastiches c'est mal et Rivarol est tellement navrant qu'il n'en est pas drôle...
Ah oui, c'est vrai que Peplum ça montre beaucoup et dénonce vachement...
Ah oui, c'est sûr que si ça ne montre ni dénonce rien c'est forcément pas digne de l'élite. L'art est forcément politique, tout le monde le sais...
Tu as raison, et toi non plus tu ne fais pas dans la facilité, c'est beau. Où sont les vrais arguments par contre?
Je ne sais pas si Blotch est un chef d'oeuvre. A chacun les siens. En tout cas niveau humour, c'est un des trucs que j'ai lu qui m'a le plus marqué. |
| Pierre, 07.11.2011 à 7:43 | 340917 |
| | | Il est vrai que les touchantes flagorneries à base de camaraderie forcée prennent une saveur toute particulière à la lecture de cette sévère diatribe. Il était donc fatal que Wandrille glissât sur cette peau de banane accomplissant un formidable vol plané dont il ne semble toujours pas avoir atterri. Et plus dure sera la chute. |
| | | | wandrille : | Pierre : | Mais "Blotch" n'est rien d'autre qu'un album symtomatique de ce que produit le système Fluide: la facilité.
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Il est vrai que faire rire c'est si "facile"... |
Bien sûr que c’est facile, la preuve, c’est que certains font rire les autres sans même le faire exprès |
| lices, 06.11.2011 à 21:14 | 340911 |
| | | Bravo, Pierre. Explosion de flagorneur en plein vol. Comment démontrer que ce n'est pas le propos qui importe mais l'interlocuteur.
Clap clap.
Tu devrais faire la même à Christian Rosset. |
| | | | Pierre : | Mais "Blotch" n'est rien d'autre qu'un album symtomatique de ce que produit le système Fluide: la facilité.
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Il est vrai que faire rire c'est si "facile"...
Tu devrais nous faire rire plus souvent... qu'on t'y vois un peu.
Non mais sérieux, il faudrait relâcher la ceinture de deux crans et s'enlever ce long balais dans le fondement.
La BD n'est pas qu'une usine a chef d'œuvre imbitable et militant, c'est ausssi un art qui a eu ses plus belles heures de gloire dans le genre humoristique, bien avant d'avoir des prétentions artistiques et parfois, c'est presque à regretter qu'elle en soit venu là quand on lit ce genre de cuistreries snobinardes.
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| Pierre, 04.11.2011 à 22:35 | 340877 |
| | | wandrille : | Heureusement, je crois avoir aussi cité "Blotch" dans les œuvres majeures de Blutch,... j'espère juste que je n'ai pas là spolié de scénaristes non crédités par ma mémoire. |
Je pense qu'il est de l'intérêt de tout amateur de Blutch de prendre cet album avec des pincettes, car il n'est digne ni du talent de son auteur, ni de la reconnaissance qu'il serait temps qu'il trouve enfin. Ce n'est qu'une succession de blagues rabachées à la Cauvin, habillées d'un pastiche à peine forcé de diatribes façon "Rivarol" (youpins, cocos, pédés, gonzesses). Ca ne montre rien, ça ne dénonce rien, c'est juste un habile "pissage de copie" qui n'aura eu le mérite que de permettre à Blutch de bouffer et de ravailler à ce qui fait qu'on lui voue une admiration sans borne.
Alors, quand j'entends parler au sujet de ce bouquin de "génie", je fronce les sourcils. Car il n'y a rien de pire que l'indulgence mal placée. c'est ce qu'on appelle de la complaisance, et c'est le pire service que l'on puisse rendre à quelqu'un que d'enduire son ego à cette peinture presque aussi nuisible que le mépris. Ca finit toujours par aboutir à des formes de renoncement ou de dilletantisme, dans ce que ce terme peut refléter de pire. Blutch dessine admirablement bien, et son talent arrive de toute évidence à faire passer bien des choses. Mais "Blotch" n'est rien d'autre qu'un album symtomatique de ce que produit le système Fluide: la facilité. Je préfère largement le voir se planter avec "Le Pacha", car la tentative qui est au coeur de ce livre est annonciatrice de très belles voies, qu'on peut souhaiter qu'il exploite à l'envenir en compagnie de Fabio.
Bref, "Blotch", ce n'est nullement de la nitroglycérine, sûrement pas un livre subversif (!), très faiblement une parodie de Fluide, et en aucun cas un coup de pied façon "Hitler = SS"... "Blotch", c'est juste de l'écriture automatique (ne pas entendre ici "expérimenter" mais "tirer à la ligne"). C'est chiant, c'est lourd, c'est couillon, c'est du petit Blutch. Mais on lui en veut pas, c'est pas très grave. Et on attend avec impatience le livre qu'il prépare pour les Humanos, et qui je l'espère, sera son nouveau sommet après "Péplum" et "Mitchum 5". En conclusion, nous sommes d'accord: Blutch est un génie de la bande-dessinée, et il sera par la force des choses reconnu un jour en tant que tel.
Mais les génies ne sont pas toujours géniaux. Et c'est peut-être pas plus mal comme ça.
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| | | | JLouis : | Au fil de cette discussion, j'apprends que "Rancho Bravo" figure parmi les meilleures histoires de Blutch (Wandrille). C'est amusant de voir ici défendue l'importance du scénario alors même que s'exprime, par une erreur d'attribution banale, un désintérêt profond pour les scénaristes, éternels faire-valoirs de la bd. Le scénariste de "Quai d'Orsay" s'appelle Lanzac, celui de "Rancho Bravo", JL Capron. Eh oui. |
Oups, tut mir leid, j'avais occulté la double-signature, c'était à une époque où je lisais beaucoup et, comme souvent, en zappant le détail (genre les auteurs) pour me concentrer sur l'histoire... Et comme la plupart des gens, mon esprit chagrin a retenu le dessin, un grand classique, la mémoire étant plus visuelle que littéraire.
Et encore, j'ai vraiment la mémoire a trou parfois. Donc, mein Schuld, désolé chez JLouis d'avoir occulté ce brilant scénariste. Heureusement, je crois avoir aussi cité "le petit Christian" et "Blotch" dans les œuvres majeures de Blutch,... j'espère juste que je n'ai pas là spolié de scénaristes non crédités par ma mémoire.
Cela dit, comme on le relève plus haut (ou plus bas, selon le point de vue).
Mr_Switch : |
accessoirement Wandrille est éditeur/auteur dont scénariste.
J'aurais donc peine à croire que chacun négligerait le rôle d'un scénariste en bande dessinée. |
Voilà, je suis accessoirement scénariste, donc accessoirement aussi attaché à la reconnaissance du "moignon" pour citer l'autre (je parles de la poule qui a pondu l'œuf, hein, c'est à dire....euh Boucq je crois, on me corrigera... encore une fois, hélas).
D'ailleurs quand il parlait de "moignon d'auteur" en parlant du scénariste, Boucq faisait il de l'humour ? Parce que sinon, ce serait couillon, surtout au vu des scénarios qu'il signe lui même... |
| | | | Maintenant, on parle de Blutch sur ce sujet. Les histoires de scénariste se font en privé ou sur un autre sujet, sur un autre ton.
Je le demande en tant que bulladjoint. Merci d'avance. |
| | | | Smiley_Bone : | Faudrait peut être élargir le propos sur un plan international, dans certains pays le scénariste est mis en avant sur la couverture, et pas de manière exceptionnelle comme ici avec Jean Van-Hamme.
Pour le reste effectivement l'interaction entre le scénariste et le dessinateur varie. Il suffit de prendre le cas d'Alan Moore et de ses scénarios extrêmement détaillés et dirigistes. A l'autre bout du spectre on a la Marvel Way en ce qui concerne la bande dessinée anglophone dite mainstream. | Oui, mais là, on commence à s’éloigner un peu du sujet Blutch...quoique, pas tant que ça, s’agissant d’un livre sur la cinéphilie.
Pour que les noms des différents auteurs d’une œuvre soient signalés, il faut que la division du travail soit officialisée, et donc que ladite œuvre fasse déjà partie d’un processus industriel de production. Pas étonnant donc qu’il y ait plus de scénaristes mis en vedette au Japon ou aux E.U.A., où comics et mangas sont vus depuis longtemps comme une industrie (je parle du processus de production, pas de la valeur des œuvres), et où l’on colle donc sur l’affiche ou la couverture en gros le nom du type qui peut rapeller au public une œuvre précédente à succès (au cinéma, les acteurs sont connus pour eux-mêmes, comme les personnages de B.D., mais pour les autres, on voit toujours “par le réalisateur de...“, “par le producteur de...“, “par le scénariste de...“, “par le livreur de pizza de...“.
Pour surenchérir sur ce qu’écrit J-Louis, en Belgofrance, on est encore beaucoup dans l’ombre de la B.D. vue comme un artisanat (je parle du processus de production, pas de la valeur des œuvres bis), et donc on met ou non le nom du scénariste sur la couverture pour raison contractuelle, ou pour faire plaisir ou au contraire ne pas géner un copain, entre multiples raisons.
JLouis : | Quoiqu'il en soit, le but de ma remarque initiale était simplement d'attirer l'attention sur cette manie qu'on a d'oublier le co-auteur le moins visible | Jetons de l'huile sur le feu : tu fais expres d'oublier les coloristes? C'est de la provoc ?JLouis : | Mais alors quelle raison y a-t'il de larmoyer sur le sort des scénaristes de bande dessinée puisque leur nom, quelque soit leur apport, figure presque inévitablement sur la couverture des livres ? | et de plus, il sont payés ; de quoi se plaignent-ils ? |
| Mael, 04.11.2011 à 12:47 | 340848 |
| | | Thierry : | Mais je suis sûr que si il était crédité sur le prochain tome, il y aurait des esprits chagrins pour regretter alors une baisse de niveau graphique maintenant que Sokal ne dessine plus, alors que c'est déjà le cas depuis plus de 10 ans. |
ça me rappelle le moment où Mandryka a arrêter de signer Kalkus dans Pif. Des lecteurs ont envoyé des plaintes, un classique ! |
| JLouis, 04.11.2011 à 12:38 | 340847 |
| | | Harrr, le temps que je réagisse et quelques interventions pertinentes viennent rendre mes propos redondants, à la limite du hors-sujet. Mille excuses. |
| JLouis, 04.11.2011 à 12:26 | 340846 |
| | | Les modes de collaborations entre dessinateurs et scénaristes sont très variés. Certains fournissent des documents découpés page par page, où chaque case est décrite précisément; d'autres produisent des découpages dessinés; d'autres encore décrivent globalement ce que doit contenir chaque page, rédigeant les dialogues à partir du découpage du dessinateur; d'autres encore encore écrivent une sorte de nouvelle sur laquelle le dessinateur s'appuie librement, piochant dans le texte ses dialogues; d'autres encore encore encore enregistrent l'histoire sur bande magnétique… Je m'arrête là parce qu'après ça ferait trop de "encore". Mais il est certain que ce type de rapports n'échappe pas à des situations ambiguës ou excessives, comme dans le cas de "R.G" qui a vu Dragon s'arroger un rôle qui n'était pas le sien, ou comme dans le cas de Goscinny dont le nom n'apparaît pas sur tous les Lucky Luke qu'il a écrit.
Quoiqu'il en soit, le but de ma remarque initiale était simplement d'attirer l'attention sur cette manie qu'on a d'oublier le co-auteur le moins visible et d'inciter les débatteurs à (peut-être) changer leurs habitudes.
Pourtant, ce qui m'apparait le plus intéressant au final dans cette discussion, c'est son évolution, que je trouve assez représentative des différents débats auxquels j'ai pu assister sur le sujet:
En général, toute tentative de mise en lumière du rôle du scénariste est suivie d'arguments ou d'exemples qui visent à minimiser son apport. Je voudrais n'y voir qu'un réflexe d'auto-défense ou de culpabilité de l'interlocuteur qui est ainsi mis en "accusation". Mais je crois malheureusement que cette réaction traduit une hiérarchie artificielle qui s'est imposée à tous, probablement aidée en cela par le cinéma, et plus encore par la tradition littéraire française qui a défini l'auteur comme unique et souverain.
Si je vois d'une façon globalement positive ce statut d'Auteur "made in France", avec tout ce qu'il implique de reconnaissances et de droits variés, je ne peux regarder qu'avec ironie tout ce qu'il entretient de carcans et de clichés ridicules. Quand on écrit à deux, en France, on n'est plus "un auteur"; le produit de ces associations est même suspect, considéré systématiquement avec méfiance et un peu de mépris — l'oubli quasi total des frères Goncourt ou d'Erckmann & Chatrian n'est pas dû qu'au caractère désuet de leur œuvre. Mieux, les collaborations sont cachées, minorées, évacuées. Dumas ou Daudet sont les plus connus de ces écrivains à avoir eu des "collaborateurs"; le maintien de ces derniers dans l'ombre a fait d'eux des nègres là où ils auraient sans problème pu prétendre au rang de co-auteur. Mais la postérité de Dumas aurait-elle été la même si ses romans avaient été co-signés ? Pas si sûr. Dans l'imaginaire collectif, les pisse-copies peuvent se livrer à toutes les unions d'écritures; l'auteur, lui, reste unique.
Puisqu'il est ici question d'écriture et puisqu'il faut qu'il n'y ait qu'un auteur, pourquoi ne pas imaginer que le scénariste puisse prétendre au titre aussi bien que le dessinateur ? Question naïve, réponse cassante: Parce que le dessinateur est le plus visible par nature sur le papier. Et parce qu'il s'en trouve certains pour avoir le culot de cumuler tous les rôles et d'écrire leurs propres histoires !
Cependant, cette tradition française n'explique pas tout du dédain — au mieux de l'indifférence — par lequel sont traités les scénaristes puisque leur sort ne vaut pas mieux ici qu'ailleurs. Je citais le cinéma comme autre cause possible à leur effacement. Le cinéma hollywoodien, qui a imposé sa domination mondiale et qui véhicule avec lui une autre vision du droit des auteurs, tout comme la Nouvelle vague et sa vision du réalisateur omnipotent et inspiré, ont largement contribué à faire du scénariste un technicien de plus au sein de l'équipe du film. On peut rêver à ce qu'aurait changé la co-signature des réalisateurs et des scénaristes en terme de reconnaissance pour ces derniers. Pour ma part, je ne trouverais pas illégitime ou grotesque que "Les enfants du paradis" soit attribué à Marcel Carné et Jacques Prévert, "Le juge et l'assassin" à Bertrand Tavernier, Jean Aurenche et Pierre Bost, "Cul de sac" à Roman Polanski et Gérard Bracht, "Certains l'aiment chaud" à Billy Wilder et I. A. L. Diamond, "Police Python 357" à Alain Corneau et Daniel Boulanger, etc, etc, etc (tout ça sans évoquer le cas de Michel Audiard).
Mais alors quelle raison y a-t'il de larmoyer sur le sort des scénaristes de bande dessinée puisque leur nom, quelque soit leur apport, figure presque inévitablement sur la couverture des livres ?
Hmmmm, oui, bon, évidemment, vu comme ça, heu, hahaha…
Disons juste que si on pouvait les citer dans les discussions, j'en serais ravi et que, pour clore mon intervention dans le style du plus brillant débatteur de ce forum, j'emmerde tous les connards qui ne seront pas d'accord avec moi et qu'ils peuvent aller se faire déchirer l'anus par un éléphant, bordel d'enculés de merde. C'est bon, je suis resté dans le ton ? |
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