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interview accueil interview Toran - Interview de Frederic Peynet par Cubik Interview de Frédéric Peynet dessinateur de la série Toran à l'occasion de la sortie de "Mora", troisième et dernier tome, chez Nucléa².
Interview réalisée par cubik.
- Bonjour. Je vois dans ta bio que tu es passé par une école orientée vers la publicité. Puisque tu as été attiré très tôt par la bd, pourquoi ne pas t'orienter directement vers une école d'art?
Frédéric Peynet : Tout d’abord, je regrette qu’au lycée, personne n’ait été capable de m’expliquer les différentes voies d’enseignement possibles après le bac. Mon prof d’Arts plastiques ne jurait que par la Fac qui n’allait m’apporter qu’un enseignement théorique, ce dont je ne voulais pas.
Bref, avec mon bac en poche, je suis allé frapper à toutes les portes des écoles qui ont bien voulu me recevoir. Il se fait que les écoles d’arts comme les Beaux Arts, par exemple, ont jugé que je n’avais pas vraiment la mentalité pour travailler chez eux. Ce n’était pas péjoratif, j’ai vite vu que ce n’était pas ma place.
L’école Pivaut a été la seule école à vouloir de moi. Et l’enseignement que l’on m’y a dispensé m’a vraiment plu. Je crois que c’était vraiment l’école qu’il me fallait. Bien sûr, la branche que j’ai suivie nous menait principalement à la publicité, mais nous avons reçu une formation sérieuse d’illustrateur publicitaire. J’ai appris l’anatomie, la perspective, la couleur. Sur le moment, la plupart des élèves ne comprenaient pas le sens de leur enseignement, mais avec le recul, j’estime qu’ils m’ont vraiment apporté de solides bases pour la BD.
Depuis, ils ont également ouvert une branche BD et animation. Peut-être que la présence de Cyril Trichet, Jean-Baptiste Monge, Riad Sattouf et de moi-même au sein de cette école les a incité à explorer ce domaine.
- Tu conseillerais aujourd'hui le passage en école (quelle qu'elle soit) à un jeune qui voudrait se lancer dans la bd?
F.P. : Je suis encore un jeune qui veut se lancer dans la BD, alors ça n’est pas évident de donner son avis là-dessus… Avec mon peu de recul, je pense qu’une école de dessin, quelle qu’elle soit, est un plus pour l’apprentissage du dessin. Beaucoup de jeunes ne savent pas faire tenir debout un personnage, ne savent pas donner des expressions à des visages, et dessinent des immeubles dans tous les sens, sans se soucier des points de fuite… Je ne dis pas que je vaux mieux qu’eux, mais j’ai l’impression d’être plus sensible à tout cela que certains de mes jeunes confrères. Je pense qu’avant de balancer des effets sous photoshop, il convient d’avoir un dessin clair et juste. Une école peut apporter des bases solides pour débuter. Ensuite, il y a tout un autre apprentissage à faire, sur le tas, qui concerne la mise en scène, la narration, la lisibilité… et même le lettrage.
- Tu te considères encore comme un jeune auteur qui veut se lancer dans la bd alors que tu as déjà une série terminée derrière toi. Tu penses que l'album bd n'est plus un aboutissement de nos jours ?
F.P. : Je ne pense pas que, parce que l’on a quatre albums derrière soi, on soit en mesure de se considérer comme un professionnel de la BD. Oui, je suis payé pour en faire, je vis de la BD, mais je me considère plutôt comme un " amateur éclairé ". Je ne pense pas avoir trouvé un graphisme qui me soit propre, j’ai beaucoup d’erreurs de dessin, de mise en scène à corriger avant de pouvoir prétendre un jour être un " pro " de la BD.
- Puisque tu ne te considères pas comme tel, selon toi, que faut-il aujourd'hui pour être un professionnel de la bd?
F.P. : De l’expérience, beaucoup d’expérience. Tout ce qui semble facile à la lecture est ce qu’il y a de plus dur à réaliser. Lorsque ça coule de source, tu peux être sûr qu’il y a des heures et des heures de travail passées derrière, pour que tout s’enchaîne parfaitement. Une narration fluide, un découpage simple mais efficace, un encrage nerveux, vivant, un sens du placement des personnages, la manière de les faire vivre, de leur trouver des réactions appropriées, sortir des stéréotypes. Si, lorsque tu lis un album, tu ne sors pas de cet univers, tu ne reviens pas en arrière parce que tu n’as pas compris le scénario, le découpage, alors c’est gagné. J’estime qu’il me manque encore tout ça pour faire de moi un " pro ". C’est un travail qui prend toute une vie.
- Dans les qualités qui font un pro, tu cites beaucoup de parties qui concernent le scénariste. Ca veut dire que pour être un pro, il faut être un artiste complet?
F.P. : Non, je parlais aussi bien pour le dessinateur que pour le scénariste, d'un point de vue général. Même si le dessinateur apprend beaucoup au contact du scénariste, et vice versa, je voulais dire que chacun doit avant tout maîtriser son domaine avant de se proclamer "pro".
Mais c'est vrai que j'ai beaucoup de respects pour des auteurs complets, je pense à Laurent Vicomte, à Régis Loisel, à Didier Crisse, à Jean-Pierre Gibrat, à tous ceux qui réalisent une BD de A à Z, couleurs comprises. Il y a tellement de paramètres à gérer que leur travail m'impressionne, parce qu'ils maîtrisent tout. Plus j'avance dans cet univers, plus je m'aperçois que ce sont des virtuoses de la BD.
- Tu penses qu'il y a un manque de nos jours pour permettre aux jeunes auteurs de s'exercer?
F.P. : Je n’ai pas eu l’impression d’être confronté à ce manque. Si tu lis les interviews de grands auteurs, tu remarques immédiatement qu’ils regrettent la disparition de quantité de magasines de publication BD. C’était dans ces pages qu’ils apprenaient le métier, qu’ils étaient confrontés au délai imposé par la parution mensuelle ou hebdomadaire de leur journal. Pour eux, c’est une immense perte. Pour moi comme pour les auteurs de ma tranche d’âge, nous n’avons pas connu ça, il faut donc faire sans.
- Que penses-tu de la presse bd actuelle ?
F.P. : Je n’en lis pas beaucoup, j’avoue. Je ne vis BD que sur mes planches, mais après, j’ai vraiment besoin de couper et de passer à autre chose, sous peine de vite saturer. Dans les quelques revues que je connais, j’aime beaucoup Sapristi et les DBD. Les longues interviews proposées permettent de rentrer beaucoup plus dans l’univers d’un auteur qu’on ne peut le faire dans d’autres magasines qui proposent des interviews sur deux pages… J’aimais bien aussi Ekllipse qui se démarquait pas mal du reste de la production.
- Sur ton site, tu exposes différentes techniques que tu utilises. Est-ce que tu estimes qu'il y a un manque à ce niveau là dans l'enseignement du dessin en France?
F.P. : Non, pas du tout. Je ne m’adresse pas forcément aux étudiants en dessin. Ils connaissent aussi bien que moi les techniques que j’explique au sein du site. La partie atelier s’adresse à mes lecteurs qui souhaiteraient savoir comment je réalise mes albums. C’est un peu comme la partie bonus d’un DVD. Parfois – pas souvent sur les DVD américains –, on apprend quelque chose d’intéressant. C’est ce que je tente de montrer ici. Un album n’est pas qu’un produit froid. Il a toute une vie, il a été créé dans certaines conditions, qui vont changer d’un dessinateur à l’autre. Je donne mes impressions, j’explique pourquoi là j’ai laissé tomber le pinceau pour la plume, pourquoi je ne peux pas rustiner en couleur directe… c’est ma petite cuisine et si ça peut intéresser les gens, tant mieux.
- Toi même, tu as bénéficié des conseils d'auteurs reconnus comme Régis Loisel. C'était un besoin de transmettre des conseils qu'on t'avait toi-même transmis?
F.P. : Les conseils que Régis Loisel et d’autres dessinateurs ont pu me donner ne concernaient pas vraiment le matériel, mais plus la mise en page, la narration, la lisibilité, le placement des personnages. Donc non, ce n’est pas vraiment un besoin de transmettre des conseils. De plus, il vaut mieux expliquer à un jeune dessinateur ce qui ne va pas sur son propre travail plutôt que sur le mien. On a tous nos propres défauts, et les miens ne sont pas forcément ceux des autres.
- Toujours dans cet ordre d'idée, pourquoi ne pas travailler en atelier avec d'autres auteurs?
F.P. : J’ai des amis qui me l’ont déjà proposé. Mais j’aime trop mon côté " pépère chez soi " pour pouvoir travailler en atelier. J’ai envie de vraiment couper quand je le veux, prendre ma guitare et jouer sans ennuyer qui que ce soit (sauf ma compagne), écouter Pink Floyd pendant 12 heures d’affilée si je le veux sans que personne n’y trouve à redire. Au bout d’une semaine en atelier, les autres m’auraient déjà viré, non ?
Quant au fait de pouvoir échanger des idées, critiquer le travail des autres, on peut toujours le faire autour d’un verre, chez les copains. J’en connais un qui est coriace pour ça.
- Tu dis vouloir "couper" un peu avec la bd à la fin d'une journée sur tes planches. Ca veut dire que tu ne lis plus de bd?
F.P. : Très peu, j’avoue porter un regard de moins en moins intéressé à la BD. J’aime en réaliser, en revanche, ça c’est sûr, et je ne me vois pas arrêter d’en faire. J’en ai discuté avec pas mal de dessinateurs, et eux aussi font cette même constatation : ils lisaient de la BD avant d’en faire, et petit à petit, ils se sont détachés de cette passion.
Je ne crois pas qu’on puisse vivre constamment en ne pensant qu’à son boulot, en ne parlant que de ça, et en ne regardant que la production de ses collègues. Il y a une vie à côté, et j’entends bien en profiter.
- Tu viens de terminer une série pour la première fois (Toran). Quel effet ça fait?
F.P. : Je peux enfin prendre des vacances et relâcher un peu ! J’avoue que psychologiquement, Isabelle et moi étions à bout. Le rachat de Nucléa ne s’est pas fait dans la facilité, et nous avons eu les nerfs soumis à rude épreuve. Pendant plusieurs mois, nous ne savions pas si Toran était repris par le nouvel éditeur. La fin de cette série sonne comme un soulagement pour nous, car enfin, nous savons qu’elle verra bien le jour.
- Mais ça te fait quoi de ne plus avoir à dessiner ces personnages autrement qu'en dédicace?
F.P. : Est-ce que je réalise déjà que je n’aurais plus à les dessiner ? Je crois que je comprendrais lorsque j’aurais vraiment attaqué les planches du Feul.
Les personnages que nous avons développés et porté pendant 3-4 ans, avec Isabelle, ont vraiment fait partie de mon quotidien, et je m’y suis attaché… Pas autant que comme un personnage de ma famille, mais j’éprouvais quelque chose lorsqu’ils vivaient une mauvaise aventure. Isabelle avait d’ailleurs comme consigne de ma part, de faire ce qu’elle voulait avec tous les personnages, elle pouvait les tuer, les faire se noyer, les étrangler, les trucider, les écarteler… mais… elle ne touchait pas à un cheveu de la petite Doli ! Remarque, elle aussi était trop attachée à ce personnage pour lui faire le moindre mal, de toute façon.
- En même temps que tu finissais Toran, tu as travaillé sur les contes du Korrigan, et également, je suppose, sur tes futurs projets avec Jean-Charles Gaudin. Première chose, ça ne fait pas beaucoup pour un dessinateur?
F.P. : C’est surtout Jean-Charles qui a travaillé sur le synopsis de notre nouvelle série : Le Feul. Je n’avais, à ce moment là, pas fait grand chose de mon côté. Les vraies recherches, je les fais en ce moment.
Pour les Contes du Korrigan, c’est autre chose. Toran était en stand by à cause du rachat de Nucléa, et Jean-Luc Istin et Erwan Le Breton m’ont proposé d’illustrer un conte du tome 3. Je les en remercie vraiment, car à l’époque, je ne voyais pas trop comment rebondir financièrement.
- Tu es arrivé aux contes du Korrigan alors que Toran était en stand by. Maintenant que tu es à bord, comment vas-tu réussir à jongler entre tes nouveaux projets et les contes?
F.P. : Je ne sais pas comment vont évoluer les Contes du Korrigan, c’est le projet de Jean-Luc Istin, son bébé à lui. Je ne sais même pas s’il a prévu que je dessine un conte à nouveau. Je crois qu’il doit faire face, avec Erwan Le Breton, à une grande demande de beaucoup de dessinateurs qui veulent participer eux aussi à ces contes. C’est d’ailleurs le principe de départ de cette série : changer de dessinateurs à chaque tome. Il n’y a que Guy Michel qui ait souhaité faire partie de l’équipe sur chaque tome. Ma participation au tome 3 n’était pas d’actualité, Jean-Luc m’a tendu la main lorsqu’il a vu que j’avais des problèmes, sinon, cet album aurait été sans moi.
- Tu dessines vite pour réussir à t'occuper d'autant de projet en parallèle?
F.P. : Je n’aime pas vraiment travailler sur plusieurs choses à la fois, ce sont vraiment les circonstances qui ont fait que j’ai dû réaliser Toran et Les contes du Korrigan simultanément. En fait, tu as tendance à t’éparpiller et à ne voir aucun des deux projets avancer aussi vite que tu ne le voudrais. C’est mauvais pour la motivation.
Concernant ma rapidité d’exécution, comme je marche à l’instinct, j’ai tendance à le suivre immédiatement, ce qui fait que je ne passe pas mes journées à bosser sur un découpage. On m’a dit que je dessinais vite, mais lorsque j'ai vu toutes les erreurs de dessins dans les tomes précédents, j’ai décidé de ralentir sur Toran 3 et de fignoler un peu plus mes planches.
- Ce n'est pas trop gênant de passer d'un univers à l'autre, d'un scénariste à l'autre, d'une façon de travailler à une autre?
F.P. : Non, pas trop. Je crois être quelqu’un qui sait s’adapter. Et puis, de leur côté, les scénaristes ont également dû s’adapter à moi. Isabelle Plongeon, Erwan Le Breton et Jean-Charles Gaudin ont tous trois leur propre façon de travailler, mais je me suis bien entendu avec eux, et j’estime, du moins pour Isabelle et Erwan, avoir répondu à leurs attentes. Pour Jean-Charles, c’est différent, puisque nous n’en sommes encore qu’à l’étape de développement des personnages. Mais nous avons eu beaucoup de discussions, nous nous connaissions déjà bien avant d’avoir envie de travailler ensemble, je sais qu’on s’entendra bien dans le boulot.
- Entre les persos un peu mythologiques de Toran (fées, sirènes, etc...) et les contes du Korrigan, tu sembles bien pris par l'heroic fantasy. C'est un genre qui t'attire particulièrement ou c'est parce qu'on ne t'a proposé que ça pour l'instant ?
F.P. : Je ne sais pas si ces albums font partie du genre Heroic Fantasy. Je me souviens d’ailleurs que Nucléa ne savait pas dans quelle catégorie classer le tome 1 de Toran, lors de sa parution… Je ne retrouve plus le nom du nouveau genre qu’ils ont " créé " pour nous…
En tant que lecteur, je ne suis que très moyennement attiré par ce genre, d’ailleurs. Je ne renie pas du tout le fait que j’en dessine, je l’assume pleinement, mais je crois que j’ai besoin d’aller voir ailleurs pour apporter de nouvelles choses.
J’ai également envie de dessiner d’autres choses. Je ne veux pas me limiter à l’Heroic Fantasy. D’ailleurs, il est prévu avec Jean-Charles de passer à un tout autre genre après le Feul…
- Pour l'instant, tu n'as travaillé qu'avec des scénaristes. A l'époque du premier tome de Toran, tu disais avoir des idées à ce niveau là mais n'être pas encore prêt. Qu'en est-il aujourd'hui?
F.P. : Je pense toujours la même chose. J’ai toujours les idées d’un scénario dans ma tête, mais je ne me sens toujours pas capable de le développer tout seul. J’attends le bon moment. Tout ce que je peux te dire, c’est que ça s’appellera Iriane.
- Tu disais aussi que tu aimerais travailler avec Régis Loisel qui t'a conseillé en tant que jeune auteur, mais que là encore, tu ne te sentais pas au niveau. Ton opinion a-t-elle changé à ce niveau là, avec une série derrière toi?
F.P. : Si Régis devait bosser avec tous les jeunes dessinateurs qu’il a aidés au long de sa carrière, il n’en finirait plus d’écrire des scénarios. Avant de me demander si je me sens capable de réaliser un album avec lui, il faudrait déjà savoir si lui serait d’accord, non ? Je crois surtout qu’il a d’autres choses à faire bien plus passionnantes que cela. De mon côté, je me cherche encore. Je pense avoir compris pas mal de choses dans la mise en scène, dans l’équilibre d’une case, mais mon style n’est pas encore là. En cela, Le Feul devrait être assez différent de Toran. Je veux encore franchir un palier, graphiquement. Jean-Charles et moi avons trouvé la voie à suivre, il ne me reste plus qu’à m’accrocher.
- Sur ton site, on peut voir que tu t'amuses à expérimenter beaucoup aussi bien en technique de dessin, de couleur qu'en utilisation de matériel insolite (les couleurs à l'eau de javel). La bd est un champ d'expérience permanent pour toi?
F.P. : Tout le temps ! J’ai expérimenté des techniques différentes sur chaque album. C’est un moyen pour moi de trouver petit à petit ce que je veux faire, de trouver ma voie, de sélectionner le matériel qui me convient le mieux. Et puis, c’est un moyen de rester constamment motivé sur l’album.
- Comment arrives-tu à conjuguer ton envie d'expérimenter avec le fait de devoir garder une certaine unité dans tes séries ?
F.P. : Je n’y pense pas… Comme quoi je suis loin d’être un professionnel, tu vois ! Si je veux expérimenter un truc, je ne me pose pas la question de savoir quand je pourrai le faire : je le fais. Bien sûr, on ne me verra pas changer de technique de mise en couleur en plein milieu d’album, c’est sûr, mais au sein d’une série, ça ne me dérange pas, ça la fait vivre.
Ce n’est pas par méchanceté que je dis ça, mais la plupart des lecteurs ne va même pas se rendre compte que j’utilise la plume ou le pinceau ou un bic, que c’est de la mise en couleur directe ou sur bleu. Ils veulent juste lire une bonne histoire, passer un bon moment, point. Alors ça ne me pose pas de problème pour expérimenter.
- Tu fais aussi pas mal d'illustrations. Qu'est-ce que ça représente pour toi, par rapport à ton travail en bd?
F.P. : Je n’en fais plus autant qu’avant, je n’ai vraiment plus le temps. Je ne peux donc pas dire que ça me repose de la BD, puisque celles que tu vois sur le site ont probablement toutes été réalisées avant les Apatrides. Depuis, je préfère consacrer tout mon temps de travail à la BD. Je m’énerve lorsque je vois une planche rester dans le même état pendant plusieurs jours. Pour moi, ça doit avancer, alors j’évite de faire trop de petits boulots annexes. Et puis, sincèrement, lorsque j’ai fini ma journée de travail, je n’ai plus vraiment envie de dessiner, j’ai plutôt besoin de faire autre chose.
- Est-ce que tu peux déjà nous parler du Feul ?
F.P. : Le Feul est un récit d’Heroic Fantasy qui se déroulera sur 2-3 tomes, pas plus. Trois peuples qui se haïssent du plus profond de leurs âmes vont devoir faire face ensembles à une redoutable maladie, un virus inconnu : Le Feul.
Cette histoire va être avant tout l’histoire de quelques personnages qui n’ont rien en commun, des cultures différentes, des croyances opposées, des envies autres et qui vont devoir mettre de côté leur ego, leur racisme, leur peur de l’autre, pour avancer et découvrir le moyen de lutter contre le Feul.
Les premiers synopsis que m’a envoyés Jean-Charles sont passionnants.
- Le Feul est prévu sur 2, 3 tomes, Toran en 3. Tu es abonné aux séries courtes? Tu n'es pas partant pour faire des séries plus longues?
F.P. : Je ne suis pas certain que les longues séries soient pensées comme telles au départ. Parfois, lorsque tu vois que ça décolle, tu as peut-être tendance à vouloir rallonger la sauce. C’est humain. Maintenant, si cela dessert l’histoire, mieux vaut éviter de trop en faire. Toran était prévu en 3 tomes, Isabelle aurait pu créer un autre cycle, elle avait même de bonnes idées à ce sujet, mais cela aurait probablement modifié le message qu’on voulait faire passer là. Je ne dis pas que je ne ferai pas de longue série dans ma vie - je ne sais pas de quoi elle sera faite - mais il faudra que cela soit justifié.
- Mis à part le Feul et tes futurs projets personnels, tu as d'autres projets en vue?
F.P. : Comme je le disais tout à l’heure, je n’ai pas envie de ne dessiner que de l’Heroic Fantasy. Ainsi, avec Jean-Charles Gaudin, nous avons prévu de faire un thriller parisien après Le Feul. Bien que rien ne soit encore écrit, je crois que ce sera contemporain. C’est également une envie commune de changer de genre, de nous tester, de nous réaliser. Et puis, comme je déteste qu’on me colle une étiquette, ceux qui me taxent d’être un dessinateur d’Heroic Fantasy seront surpris.
Enfin, ce projet ne verra pas le jour avant trois quatre ans… On a le temps d’en reparler.
- Et enfin, la question piège de la fin: à quand une réédition de Larmes du crime? (NDR: premier album de Frédéric, effectué pour sa thèse, introuvable)
F.P. : Comme la première édition commence à être en mauvais état, il faudra peut-être que j’envisage une réédition… mais toujours en un seul exemplaire, trop de personnes l’ont déjà lues, ça va me nuire !
Merci pour tout.
Interview réalisée par mail entre le 04/08/2003 et le 13/08/2003.
Images Copyright © Peynet - Plongeon - Nucléa² 2003
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