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| Dessinateur de publicité et professeur de dessin, Andreas est homosexuel. Pas une ''grande folle'' travestie mais un homosexuel discret, joyeux et romantique, dans le Berlin des années 30. Mais la peste brune envahit peu à peu les rues, la cité, les institutions. Des lois sont promulguées. Andreas fait l'expérience de la violence, physique ou morale. On l'envoie en prison du fait de sa préférence sexuelle, puis dans un camp de concentration. Survivant aux mauvais traitements, la libération et l'après-guerre ne lui apporteront pas plus de repos. Fait prisonnier de droit commun, un nouveau combat s'engage pour sa réhabilitation. Ce combat, qui semble perdu d'avance, se gagnera par la résignation et la trahison de son identité. Comme beaucoup d'autres homosexuels, il travestira son histoire, se dira '' triangle rouge '' ; se conformera à la société civile en se mariant avec une lesbienne et éduquera l'enfant qu'elle eut (de force) avec un sous-officier nazi. Malgré le refoulement nécessaire, en état de survie durant de si longues années, Andreas n'oubliera jamais qu'il fut l'un des leurs. Devant les interrogations de son petit-fils, Andreas se livre enfin... |
  rohagus
| Triangle Rose, c'est encore un récit sur les années 30 en Allemagne, la montée du nazisme, de l'intolérance puis des camps de concentration. Je dis encore car c'est un sujet que j'ai tellement vu et lu que j'en sature littéralement. Et pourtant celui-ci est particulièrement édifiant et instructif.
Dans cette bande dessinée, vous apprendrez que ce sont des allemands qui ont été les premiers déportés vers les camps de concentration, longtemps avant la Seconde Guerre Mondiale elle-même. Vous apprendrez aussi qu'après d'interminables années d'enfer, alors même que la guerre était terminée, ces mêmes allemands ont continué à endurer une cruelle injustice et un châtiment permanent alors même que les peuples se réconciliaient sans eux.
Ces allemands, le titre de l'ouvrage l'indique évidemment, sont les homosexuels, visiblement encore plus haïs par les nazis et même par le peuple après-guerre que les autres déportés juifs, communistes ou tziganes.
Faut-il voir en cet ouvrage une course à qui aura le plus souffert durant la guerre ? Non, sûrement pas. Mais par contre informer sur une intolérable et injuste réalité historique si peu inculquée que ce soit à l'école ou ailleurs, ça oui.
Contrairement à ce que l'on peut imaginer, le sujet des camps de concentration en lui-même y est brièvement abordé. Les auteurs se focalisent surtout sur la situation de ces jeunes allemands avant-guerre, sur l'état d'esprit inquiet mais ironiquement confiant des homosexuels pressentant le danger sans avoir la volonté de le fuir. Puis ensuite sur le cynisme et la cruauté renouvelée de la situation des rares survivants après guerre.
Un peu lent à se mettre en place, le récit se révèle tout de même très intéressant et particulièrement édifiant.
Graphiquement, l'ensemble est bien foutu. Je reprocherai cependant le fait qu'on confonde assez facilement certains protagonistes. Les traits de leurs visages sont certes différents mais leurs morphologies sont identiques ce qui les rend peu différenciables. Anatomiquement parlant, leurs mains sont également souvent trop petites.
J'ai été aussi surpris par la fin dure et un peu inattendue, le comportement du vieil homme envers des jeunes à qui justement il aurait pu transmettre ses informations. Cette fin, évidemment voulue par les auteurs, indique clairement combien tout ce qu'il a vécu lui a fait perdre confiance en la société humaine. Cela ajoute au réalisme du récit et à l'intérêt de son témoignage.
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