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  jon_arbuckle
| Les écrits qui abordent L'Etoile Mystérieuse (10ème tome de la série) ont l'habitude de souligner que cet album est le premier à avoir bénéficié d'emblée d'une impression en quadrichromie (en 1942).
En fait, l'idée de mettre en couleur les aventures de Tintin apparaît dès 1936, et ce sont les difficultés de la seconde guerre mondiale (avec par exemple une augmentation considérable du prix du papier), et l'acquisition par Casterman d'une nouvelle machine offset, qui finissent par convaincre Hergé de mettre en couleur ses albums.
Désormais, "Les Aventures de Tintin" seront également éditées dans le cadre strict de 62 pages (contre 100 à 130 pour les anciennes éditions). C'est ce qui motivera d'ailleurs l'auteur à créer "Les Studios Hergé" en 1950 dans le but, notamment, de refondre ses albums.
Mais, au delà de ces aspects techniques intéressants s'il en est, L'Etoile Mystérieuse est également connu comme étant le premier album de Tintin à faire appel au Fantastique.
On peut penser qu'Hergé cherchait, par là, à échapper au quotidien (et à la sèvère censure de l'époque) en abordant des thèmes aussi éloignés que possible de la réalité d'une Belgique occupée par les forces de l'Axe.
Et c'est précisément à ce sujet que l'album peut fâcher. Qu'Hergé ait cherché à échapper à la censure en restant le plus neutre possible dans le thème abordé, soit. Mais qu'il ait attribué le beau rôle au F.E.R.S (Fond Européen de Recherches Scientifiques) constitué uniquement de représentants de pays sous la botte de l'Axe, ou neutres (Suédois et Suisse), peut légitimement choquer.
D'autant plus que l'expédition concurrente (visant à récupérer un minerai tombé d'une météorite) est composée d'une équipe financée par la banque Blumenstein (nom à la très fâcheuse connotation juive), arbore le pavillon américain (dans la première version de l'album) et ne recule vraiment devant rien : fourberie, sabotage, et même tentative d'assassinat pour s'approprier le précieux métal : " Voyez-vous, mon ami, sous le couvert d'une expédition scientifique, mon but est de prendre possession de cet aérolithe [...] Il y a là-bas une fortune colossale qui ne m'échappera pas".
L'éditeur Casterman précisa que pour la réédition de 1954, le drapeau américain "se trouva remplacé par celui plus discret, de l'état fictif du Sao Rico", et que le "Blumenstein" de 1942 devient alors Bohlwinkel (qui, en retirant un "h" et ajoutant un "l" signifiait en bruxellois "petite boutique de confiserie").
"Manque de chance", cependant, (comme l'avait écrit un porte plume de la maison Hergé) "l'auteur devait plus tard s'apercevoir que ce nom était également un patronyme israélite". Manque de chance, en effet !
Au total, cet album d'aventures, assez sympathique au demeurant, avec ses personnages hauts en couleur, et une couverture très réussie, souffre donc malheureusement de ces considérations qui ne peuvent être passées sous silence.
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pessoa
| Un Tintin des plus atypiques.
On y côtoie des savants plus ou moins fous, dont l’un, ayant définitivement tourné casaque, se fait appeler « Philippulus le prophète », des araignées géantes, un banquier qu’on qualifiera pudiquement de « stéréotypé » et un capitaine Haddock abstinent (c’est-à-dire qu’il ne boit plus qu’en cachette). C’est tout ? C’est tout. Ah oui, il y a aussi un remake du Manneken-Pis avec Milou dans le rôle principal, c’est pour le côté bruxellois de l’affaire.
C’est surtout le premier album où Hergé tente la science-fiction, sans y plonger bien loin. L’introduction, avec son atmosphère de fin du monde, est remarquable ; la fin (une éruption de champignons géants) est moins réussie. Quant à la conclusion et sa promesse de progrès scientifiques tirés du métal mystérieux, elles rappellent ce temps qui va de Jules Verne à Asimov où la science-fiction était optimiste.
Pour le reste, l’album se résume en une longue course-poursuite en bateau, aux rebondissements bien enchaînés mais guère originaux. Le personnage de Haddock y fait une apparition moins effrayante que dans les Cigares du Pharaon, en pochard comique plutôt qu’en pitoyable ivrogne…
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