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| Les années 80 ont fini englouties par les succédanés poseurs et creux de la ligne claire, et on pourrait aujourd'hui par mégarde prendre Petit-Roulet pour un de ceux-là ; mais ne vous y trompez pas : ce n'est pas à un marchand de cartes postales à la Avril que vous avez affaire, mais bien à un auteur aussi passionnant et complexe que Chaland.
Le dessin maigrelet et filaire de Petit-Roulet est tout sauf inoffensif : il est la démonstration que l'anodin est la meilleure cachette de l'abomination. Une lutte d'apparence anecdotique se joue, dans un récit faussement naïf d'aventure, entre deux personnages malfaisants; cette lutte a des conséquences destructrices d'une ampleur croissante au cours de notre histoire ; Petit-Roulet et Martiny ne nous rejouent pas l'inlassable litanie de la lutte entre le bien et le mal, mais la terrible concurrence entre deux manifestations du mal tenant le monde dans l'étau d'un jeu cynique. Tout ça serait encore bien linéaire si Martiny n'impliquait pas dans ce jeu son commentaire, et n'y semait pas contradictions, rebondissements pervers inattendus, tout un ensemble de propositions créant assez de distance et d'excès pour dissuader de toute certitude : mais qui, ici, est le cauchemar de qui?
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