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  alban
| « A Story of War » est le premier album important réalisé en 1982 par Alec Séverin (publié en 1985 par Michel Deligne). Ces 150 pages, dessinées en 9 jours, ont contribué à la légende de cet illustre auteur. Nombre de ses fidèles lecteurs ont découvert son œuvre grâce à cet ouvrage. Parmi eux, Malo Kerfriden, le décrit de la plus belle des façons dans une interview qu’il m’a accordé pour le site :
« A la fin des années 80, j’ai acheté par hasard l’album « Story of war » paru chez Michel Deligne. A l‘époque, je découvrais Joe Kubert, Alex Toth, Bernet, Berny Wrighston etc… J’ai au départ pensé que ce récit était une réédition d’un comics d’histoire de guerre des années 50. Le relâchement, l’aisance et la spontanéité du dessin m’ont véritablement fasciné, ainsi que le ton de l’album (qui lui n’était pas du tout « années 50 »). Séverin a un ton extrêmement dur et désabusé dans ses premiers albums. Par la suite, je me suis procuré « Gratin » paru aussi chez Michel Deligne et « Lisette », publié chez Delcourt. Je me souviens aussi d’un article dans « Les cahiers de la bande dessinée »… Bref, j’ai compris ma méprise. »
Ce petit album (au format A5), publié en noir et blanc, nous relate les aventures d’un Soldat engagé sous la bannière étoilée. A l’issue d’une période d’entraînement, il découvrira les horreurs de la guerre et refusera de porter une arme au Front. Ce récit qui aurait pu se réduire à la simple histoire d’un soldat en temps de guerre est accompagné d’une magnifique histoire d’amour et d’un hymne à l’acceptation des différences. Alec Séverin l’agrémente d’un trait d’une remarquable précision malgré la rapidité sans précédent avec laquelle il a réalisé cet ouvrage. Son découpage est vivant et il ose des formes de cases non conventionnelles. Côté dessins, il joue sur les palettes de gris et de noir afin de restituer aux mieux les différentes ambiances du récit. Chaque chapitre se distingue par une utilisation appropriée des « couleurs » à sa disposition. « A story of war » pose les jalons de ses futures publications en y insérant, non sans son humour habituel, des fausses publicités entre les différents chapitres. Dès 19 ans, il marque son entrée parmi les auteurs complets de bande-dessinées.
Cet album est accompagné de deux mini récits tout aussi passionnants que l’histoire principale. Ils sont durs mais à l’image des histoires de guerre.
Dans le cadre du site sur son œuvre ( http://oeuvreseverin.free.fr ), j’ai eu l’occasion de l’interroger sur la genèse de cet album. Avec cette discussion particulièrement poignante où Alec Séverin détaille pas à pas la réalisation, ce qu’il a voulu montrer de son mode de vie par rapport aux personnages et les différentes étapes qui ont permis la publication, j’ai réalisé à quel point cet album était fondateur dans son œuvre. Dans un premier temps, je m’étais arrêté à l’exploit de la réalisation graphique, mais la façon dont il a créé et découpé mentalement l’histoire est à mon sens aussi impressionnante. Mais je préfère vous laisser lire la façon dont il présente la chose dans cet extrait :
« Mentalement, le découpage est déjà également réalisé, plan par plan et quasiment case par case … Dès lors, le lendemain matin, j’ai démarré sur la 1ère image (qui n’est pas la première dans l’album, mais la première image qui se passe sur l’île) … Je savais qu’il y aurait beaucoup de pages à venir, mais pas exactement combien, car je ne connaissais pas le nombre exact de cases … Je n’ai pas eu le courage de les compter mentalement une par une (mais j’aurai pu)… Bref, je ne faisais pas de « mise en page », je dessinais très vite les cases (et leur contenu) au crayon les unes après les autres de manière quasi-définitive …
J’ai dessiné ainsi durant tout le premier jour et la nuit suivante (j’étais jeune…). J’ai dormi quelques heures … et ainsi de suite … Ce qui fait qu’au bout de 3 jours, l’histoire était terminée au crayon. (Elle ne faisait pas 150 pages, mais était complète en + ou – 90 ou 100 pages). Je suis allé faire photocopier tous ces crayonnés … ensuite j’ai dormi quelques heures ... après quoi, j’ai encré ces pages en 1 ou 2 jours …(avec de gros bouts de nuit) … Cela va vous paraître un peu curieux, mais pendant que j’encrais, je réfléchissais aux 2 autres petites histoires qui pourraient encadrer ce récit et je me les jouais mentalement, ce qui fait que, l’encrage fini, je me suis mis immédiatement sur le dessin de « la star » et de la troisième histoire (que j’avais déjà découpée mentalement à la case près) … pas mal des cases qui les constituent ont été directement dessinées à l’encre, sans crayonné, car l’échauffement des 5 jours précédents et le « style » utilisé (qui n’était pas très rigoureux), me le permettaient …
Les 2 historiettes étaient entièrement terminées à la fin du 6ème jour (à quelques heures près).
Comme la dernière était un peu plus sophistiquée, je me suis dit, avant de m’endormir, que je devais refaire des photocopies du grand récit et les passer au lavis … j’ai pensé à un prologue … (en forme de match d’entraînement de rugby …). Et le lendemain, je me suis attelé à mettre de l’encre diluée sur les cases (des photocopies). Tâche terminée le soir du 7ème jour de travail. J’étais un peu fatigué mais je me suis mis au travail sur le prologue qui, techniquement, est un assemblage de dessins que j’ai griffonnés, encrés et collés sur des cases (un peu à la manière d’un puzzle). Le lendemain, je me suis effondré et j’ai dormi durant + ou – 10 heures … Vers quelle heure de l’après midi du 8ème jour ai-je relu le tout … ? Mais alors, la longue histoire me semblait manquer un peu d’épaisseur et je me suis dis que quelques grandes images permettraient de petits souffles d’air frais … Alors, j’ai fait des hors textes en quelques heures (je me rappelle que c’était un plaisir incroyable de les dessiner, le trait glissait tout seul, je découpais de la trame mécanique (grisée) et j’encrais autour, j’ai encore un peu allongé une séquence assez dure sans lavis … volontairement, pour rendre le côté âpre la scène).
Je me suis endormi et, le 9ème jour, j’ai tout relu … j’ai décidé de faire quelques fausses pubs délirantes au 2ème degré … Ce qui, je l’espérais, détendrait un peu l’atmosphère … J’ai été dormir … l’ouvrage était terminé à la fin du 9ème jour. Le 10ème jour, mes planches sous le bras, je prenais le train pour me rendre à la convention de la BD à Paris. Je n’ai réalisé les couvertures définitives que lorsque Michel Deligne m’a proposé d’éditer l’album, bien plus tard. »
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Coacho
| Quand on a ce livre en main, on est immédiatement happé par un tourbillon qui nous ramène loin en arrière, dans cette enfance où on feuilletait les Zembla et autres BD de gare...
Format identique, noir et blanc de circonstance, couverture souple, tout est là !
Que trouve-t-on dans cet album ? Un regard acéré, et déjà presque désabusé, sur la guerre et ses dérives… Et une histoire d’amitié secouée par ces événements et ces tensions palpables…
Mais ce qui surprend, c’est l’incroyable lucidité sur le sujet d’un auteur qui n'avait alors que 19 ans ! Un livre écrit dans des conditions inimaginables et réalisé dans des temps records…
Pour en savoir plus, je vous encourage à aller visiter le site http://oeuvreseverin.free.fr/ et de lire le détail de la genèse de ce livre, ça vaut le détour à lui seul !
Cependant, il y a aussi des défauts de jeunesse dans cet album et cela se ressent dans le ton général. Mais la prestation graphique, le mouvement, le volume et l’aisance de l’auteur méritent que l’on s’y attarde longuement. |
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