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© Dupuis

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QRN sur Bretzelburg
ScénarioGreg | Franquin André
DessinFranquin André
Année1966
EditeurDupuis
SérieSpirou et Fantasio, tome 18
autres tomes... 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 ...
Bullenote [détail]

 

2 avis

Mr_Switch
QRN sur Bretzelburg est un épisode des aventures de Spirou, c’est vrai. Mais c’est avant tout un tour de force : voila une histoire qui prend le temps de se détailler, sans pour autant s’autoriser de temps morts ni provoquer de rebondissements superflus.
L’histoire qui nous est contée se suffit à elle-même, pas besoin de connaître l’univers de Spirou au delà de l’existence du fameux Marsupilami.

Le récit débute assez habilement. Le lecteur de Spirou attend plusieurs épisodes dans une grande aventure de leur héros : le gag avec Fantasio et une de ces passions fantaisistes, le gag avec le Marsupilami, les réflexions de Spip… Ces gags ne portent pas forcément a conséquence pour l’histoire en elle-même. Ici ça démarre tambour battant: le gag sur la passion de Fantasio pour les mini-transistors déclenche le gag du Marsupilami-Radio. Le tout bourré de commentaires de Spip (qui dit parfois des choses encore d'actualité). Le gag du Marsu déclenche l’arrivée de Switch etc. …
Jusqu'à l’arrivée dudit Marcellin Switch, on lit du Spirou grand cru mais classique.

S’ensuit l’histoire d’un roi manipulé par son conseiller pour provoquer une guerre contre le pays voisin soi-disant belliqueux. C'est l'occasion d'un plaidoyer indéniable de Franquin. Mise de coté la fantaisie apparente, cette histoire n’est pas loin de rattraper la réalité de la condition de vie actuelle de certains pays. Cette seconde partie est intéressante par son déroulement peut-être un peu plus original que d’habitude et par le foisonnement des personnages de premier plan.
On a également affaire à une histoire pleine de détails, de références (notamment à Bobby Lapointe… sous une forme qui n’est pas forcément un compliment). Les références musicales sont peut-être le petit faible de l’histoire : elles ont un peu vieilli et ne sont pas toutes compréhensibles 30 ans plus tard. Il existe une version longue de l’histoire. C’est la version originale et les chansons y sont déjà différentes car déjà dépassées a l’époque).

La première force de cet album est d’être original. Original sans sortir la grosse artillerie des inventions de Champignac ou de Zorglub. Original avec des petits rien : grenade-boite-de-conserve, fusée réellement bidon, bus a pédales, saucisson-bougie. Des petits rien qui peuvent aussi être ici que pour l’ambiance : pipes a clapets typiquement bavaroises, roquet-belles-oreilles à la télé…, le summum du petit rien étant chaque visite chez Herr Doktor Kilikil. Sa torture se nourrit du petit rien qui horripile, ou alors du petit rien sympathique qui devient invivable comme sentir le doux fumée d’un plat qui vous nargue. Mais si vous ne coupez pas la viande à contre-fil, c’est vous qui torturez le Doktor !

Mais pour moi, la plus grande réussite de cet album s’appelle Marcelin Switch. L’expression « Parangon de la poltronnerie » est, je trouve, très bien trouvée. Switch n’est pas une caricature d’un lâche, peureux, couard mais une représentation sans faille. En effet, l’évolution de son caractère suit le sens inverse de l’habituelle caricature. Il fait son entrée en scène, plutôt agressif, visiblement pas peureux dans le feu de l’action. Mais dès que les vrais dangers arrivent, qu’on l’OBLIGE à être courageux et qu’il appréhende, qu’il réfléchit, il n’y a plus personne. Plus Spirou s’enfonce dans l’aventure, plus Switch est couard. Bref "un poids mort" qui ralentit notre héros. Jamais comme le voudrait la caricature habituelle du peureux, il ne sort de ses gonds pour être courageux…
Pourquoi introduire autant ce personnage que les auteurs auraient pu ôter rapidement du récit ? Ont-ils voulu pointer du doigt la poltronnerie ? Peut-être mais Switch est récompensé à la fin par une médaille de la bravoure… Indulgence ou ironie des auteurs ?

Autre hypothèse, Switch est LE type banal. Ses réactions sont celles qu’aurait tout un chacun : il n’est «poltron» que parce que Spirou est exagérément courageux. D’ailleurs Switch est le seul a être vêtu banalement : pantalon, pull informe… Spirou est en pyjama, en groom ou déguisé, Fantasio est en pyjama, les autres ont soit uniforme soit vêtement particulier. De là, c’est intéressant de regarder dans lequel des 2 personnages le lecteur s’identifie. Franquin se sentait prisonnier du personnage de Spirou, qui devait être sans faille car c’était en lui que le lecteur vivait l’aventure. Problème que Gaston ne pouvait pas avoir. En Marcelin Switch, les auteurs ont pu trouver le moyen de faire un autre pied de nez.

En outre, on peut voir une certaine ironie de Franquin et Greg a érigé Spirou en héros ultime, sans peurs, qui fonce sauver son ami Fantasio sans réfléchir dès que celui-ci est en danger. Marcelin Switch est alors l’antithèse de Spirou : anti-héros réel, qui a peur de tout et qui reculerait en courant si Spirou ne le traînait pas.
Ironie aussi quand les pyjamas de nos 2 héros sont assez ridicules…

Autre point, Spip fait un grand retour. Un peu oublié a une époque, il est ici très présent et passe son temps a TOUT commenter. Le passage du boyau dans la grotte est assez jubilatoire grâce à lui.

Pour ne rien gâcher, Franquin ne cherche pas vainement à prêter au Marsupilami des superpouvoirs. Au contraire, le Marsu est réduit a n'être qu’un bon chien : Animal fidèle a ses maîtres, indéfectible mais aux réflexes pavloviens les plus basiques.

Le Marsupilami change de forme au cours de l’histoire. Il gagne de l’esthétisme sans perdre son âme. On doit cette métamorphose à une interruption dans la réalisation de l’histoire. Franquin n’était pas au mieux de sa forme. Pourtant on est forcé de constater qu’il se démène au dessin. La cuisine de Kilikil est très léchée, tout particulièrement.

Vous l’aurez compris. Cet album dégage vraiment quelque chose. Beaucoup épisodes de Spirou sont très bons mais celui-la est un cran au dessus. On lit une aventure mais on ressent plus qu’un divertissement. Peut-être l’humanité qu’empreint cet album.
«Quintessence» n’est pas un trop grand mot. On le lit, on le relit et à chaque fois un nouvel élément se fait comprendre. Du Grand (Neuvième) Art !
Xaviar
Un roi timoré et ensuqué par des médicaments pris en otage par un conseiller militaire et belliciste exacerbant la rivalité de son Royaume avec un état voisin, le correspondant radio très peureux de ce même monarque avec les services spéciaux aux fesses pour en savoir trop, Spirou et Fantasio se retrouvant entraînés dans cette affaire d’état à cause de la goinfrerie du marsupilami, voilà quel est le postulat de base de « QRN… ».

Tout prête à rire et à sourire dans cet opus, en premier lieu les protagonistes délirants qui le jalonnent. Herr Doktor Kilkil et ses méthodes de torture très pointues, Switch en parangon de la poltronnerie, un jardinier roublard et sympathique… bref une joyeuse galerie de personnages loufoques qui mettent en relief quatre héros au meilleur de leur forme. Mention spéciale au Marsupilami, chantre de goinfrerie et de fidélité à ses maîtres.

En revanche, l’état dans lequel se trouve le Bretzelburg, victime de sa politique isolationniste et guerrière, n’est pas sans rappeler la situation contemporaine de la Corée du Nord et celle de trop nombreux états dans le passé et parfois encore de nos jours; restriction, société encadrée, populations affamées, budgets militaires ruineux, éminences grises ne voyant que leur propre intérêt. La conclusion du récit est assez dans l’esprit de la fin des années soixante en général et celui de Franquin en particulier, plus d’armes et plus d’uniformes dans ce petit état.

L’intrigue est très rythmée et donne souvent lieu à des scènes mémorables, il n’y a aucun temps mort, aucune faiblesse, tout s’enchaîne sans pépin, bref du point de vue de la narration c’est du travail d’orfèvre.

N’ayons pas peur des mots, quand on va lire QRN on tient entre nos main ce qui est sûrement LE Spirou, le maître étalon, celui qu’on relira des dizaines et des dizaines de fois sans se lasser tant cet album est une réussite approchant la perfection comme peu d’autres BD l’on fait. On a en quelque sorte la quintessence de ce que feux Franquin et Greg pouvaient faire de mieux pour le groom le plus célèbre du neuvième art.
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