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  herbv
| Slava Segalov est un ancien artiste à succès. En effet, durant les années Gorbatchev, son impertinence envers le pouvoir rendait ses peintures intéressantes. Malheureusement, avec le délitement de la Russie post-URSS, son propos est dépassé et il a perdu sa fibre créatrice. Pour survivre, il s'est accoquiné avec Dimitri Lavrine, un trafiquant d’œuvres et d'artisanat d'art. C'est ainsi qu'ils pillent d'anciens bâtiments de l'URSS laissés à l'abandon afin de revendre leur butin trois fois rien aux nouveaux apparatchik du régime. Malheureusement, c'est désormais la loi du plus fort qui prévaut et la vie humaine ne pèse pas lourd comparé à l'enrichissement rapide...
Après huit one-shots en une grosse dizaine d'années, Pierre-Henri Gaumont, l'auteur du formidable Perreira prétend nous revient avec ce qui devrait être une trilogie. Le premier tome, épais car totalisant une centaine de pages, nous embarque pour la Russie des années 1990, celles qui suivent la disparition de l'URSS. Avec de nombreux personnages hauts en couleur, et un personnage principal désabusé, Slava nous rappelle ces temps troublés* où la vie était plus que difficile, des problèmes qui n'intéressaient pas les Occidentaux qui préféraient se féliciter de la chute de l'Ours russe. Les richesses créées par le travail des ouvriers étaient pillées sans vergogne et tout le monde s'en fichait, sauf les personnes concernée qui étaient précipitées dans la misère.
Retrouvant le ton et le propos de Perreira prétend et de Malaterre, Pierre-Henri Gaumont nous livre un bon tome introductif, qui se lit avec beaucoup de plaisir malgré une petite baisse de rythme qui correspond à une phase d'attente dans le récit. Rien d'anormal, donc. Le dessin est toujours aussi dynamique, rappelant par moment celui de Christophe Blain, notamment sur les silhouettes. Les personnages ont des expressions qui font passer efficacement leurs sentiments et leur état d'esprit. La mise en couleur est toujours le point fort de l'auteur et, loin d'écraser le trait, le magnifie. Pierre-Henri Gaumont prouve une fois de plus qu'il est un virtuose. Il ne nous reste donc plus qu'à attendre la suite...
* Troublés et troublants. À l'heure où j'écris ces lignes, Gorbatchev meurt dans une Russie autrement troublée. |
rohagus
| Même si je n'ai pas été totalement charmé par cette BD, je lui reconnais sans peine son originalité, la densité de son scénario et sa bonne tenue tant graphique que narrative. Le contexte est intéressant puisqu'il nous plonge dans la Russie des années Eltsine, une Russie à peine sortie de l'ère soviétique et qui semble partir à vau-l'eau de toute part. Dans ce cadre, nos deux héros profitent de la situation pour piller d'anciennes bâtisses soviétiques abandonnées mais ils vont être finalement rattrapés par la situation bien plus terre à terre d'un village de mineurs qui veut sauver sa mine et son usine. Le héros, Slava, est vite convaincu de leur venir en aide, notamment grâce au charme de Nina, dont la beauté n'égale que la force de son caractère. Mais ce sera bien plus compliqué de motiver son partenaire, Lavrine, nettement plus cupide et sans scrupule.
Cette plongée dans la Russie de l'époque est particulièrement réussie. Elle présente un caractère fantasmé, avec de grandes étendues enneigées et leurs bâtisses désertées, et une ambiance d'aventure entre grands espaces de la campagne et salons corrompus de la grande ville. L'intrigue est dense, soutenue par une poignée de protagonistes à la personnalité aussi marquée qu'intéressante. Le héros est presque le plus creux d'entre tous, simple ancien artiste frustré reconverti en pillard honteux. On appréciera davantage le caractère indépendant de la jolie Nina, la force de la nature imbibée d'alcool qu'est son père, ou encore et surtout le fameux Lavrine et sa passion semi-comique pour l'argent et les magouilles commerciales, pourtant bien piètre criminel comparé aux mafieux et futurs oligarques qu'on voit tirer les ficelles au-dessus de lui.
Graphiquement, le style de Pierre-Henry Gomont m'a rappelé celui de Christophe Blain, pour un résultat convaincant, aussi plaisant à l'œil qu'à la lecture.
Il m'a manqué une petite touche de je-ne-sais-pas-quoi pour être complètement transporté par le récit et charmé par son ambiance, mais j'ai beaucoup apprécié cette série qui aura de plus l'avantage de se terminer en trois tomes seulement. |
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