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  rohagus
| Ça paraît étonnant de voir que l'auteur d'ouvrages théoriques sur la BD aussi parfaits que les différents tomes de L'Art Invisible n'ait publié (presque) aucune autre BD jusqu'à présent qui ne soit arrivée jusqu'à nos frontières. Le Sculpteur est donc le seul vrai album à atteindre cet objectif, se présentant du coup sans le vouloir comme le « chef-d'œuvre », au sens artisanal du terme, de son auteur, son ouvrage le plus accompli qui profite enfin de toutes ses connaissances théoriques pour sublimer en un récit concret ce que l'auteur couve depuis de nombreuses années.
Autant dire que je l'attendais au tournant, avec toute l'appréhension qui s'imposait et la crainte de me trouver face à un roman graphique se prenant trop au sérieux et finalement décevant.
C'est l'histoire d'un artiste torturé, un homme qui a subi des traumatismes, perdu sa famille, connu une brève célébrité puis tout lâché par excès d'orgueil et de principes. C'est aussi un homme peut-être un peu fou car il a ce qui ressemble fortement à des visions schizophréniques et perd parfois les pédales. En résumé, c'est l'exemple même du type de héros qui aurait dû m'exaspérer et dont le récit m'aurait ennuyé dans d'autres circonstances.
Et pourtant Scott McCloud réussit à me le rendre sympathique.
Tout son talent réside dans une narration parfaite, utilisant tous les artifices et techniques qu'il a commentés et analysés au cours de ses études théoriques pour offrir un récit d'une fluidité et d'une clarté sans pareil, avec une grande variété de mises en scène et de cadrages et l'impression de ne jamais s'ennuyer.
Le récit quant à lui tourne autour des milieux artistiques, de l'art en général et bien évidemment d'une histoire d'amour. S'y ajoute une touche bienvenue de fantastique, dont on ne sait au départ si elle est réelle ou issue de la folie du héros jusqu'à la confirmation indéniable en fin de récit.
J'ai trouvé l'histoire agréable malgré quelques passages un peu convenus et un soupçon de naïveté. Et si le récit ne m’a pas accroché totalement dans son intégralité, la fin, quoique sans réelle surprise, a fini par me toucher pour de bon.
Ce n'est pas pour moi une œuvre culte ni un scénario qui marquera les esprits par son originalité ou son impact émotionnel mais c'est un bon récit, excellemment mené et qui mérite la lecture. |
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