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| Qui n'a jamais rêvé de retourner en enfance ? C'est exactement ce qui arrive à cet homme mûr, qui de retour d'un voyage d'affaires, fait un détour par sa ville natale, pour se recueillir sur la tombe de sa mère. Il est alors projeté dans le passé, où il revit une journée de son enfance, tout en gardant son caractère et son expérience d'adulte. Pour la première fois, il verra ses parents avec le regard de quelqu'un à même de les comprendre. |
  man
| Après "Le journal de mon père", Taniguchi nous livre un nouveau voyage nostalgique dans le temps, mais cette fois-ci au sens propre du terme. Hirochi Nakahara, un homme d'affaires désabusé, se retrouve ainsi projeté en arrière, dans la peau du garçon de 14 ans qu'il était. Le style et l'idée sont classiques, mais quelle maîtrise, et quelle efficacité ! Si la profusion de clins d'œil anachroniques est parfois agaçante, on reste soufflé par la qualité graphique d'un album qui rend à merveille la fausse précocité du héros. Toute sa subtilité et toute sa force résident dans le regard de cet homme passé à côté de sa vie, qui s'illumine en redécouvrant les joies d'une adolescence gâchée. Un véritable poème, avec ses douleurs et ses joies, dont la lecture plonge dans une sorte de rêverie mélancolique. On voudrait ne jamais en sortir… |
CoeurDePat
| Que voilà une bonne surprise ! De prime abord, l'album en soi est beau; le papier utilisé n'est pas blanc, mais un peu beige, ce qui crée un effet intéressant. Petit regret : on voit par transparence la page opposée, ce qui est un peu dommage.
Côté contenu, le thême abordé n'est effectivement que peu original, et c'est la manière de le traiter qui fait toute la différence. Sensibilité et émotion sont présentes, et bien présentes, sans cependant jamais tomber dans le sentimentalisme ou la mièvrerie. De fait, on voit le héros redevenu enfant (à la suite d'un évènement mystérieux dont l'importance est très secondaire dans le livre) revivre sa vie, mais de façon différente, avec son vécu d'adulte conservé. Ceci est déjà intéressant, mais en plus il hésite entre un comportement adulte et un comportement d'enfant -- très involontairement ! -- comme le montrent ses "oublis", qui sont pourtant importants.
De la lecture de cet ouvrage, il ressort une impression de paix, d'harmonie et de sérénité. L'histoire n'est à aucun moment orientée sur l'action, le mouvement, mais bien plutôt sur la réflexion, l'introspection. A aucun moment le lecteur ne ressent de tension, même lorsqu'un tel passage est décrit. Je ne sais si cela vient du dessin, très beau, très calme, représentant des visages en paix, de l'histoire, qui laisse une grande part aux pensées du héros ou quoi, mais c'est... envoûtant.
Alors fans d'action et d'aventure, passez votre chemin, et laissez-nous rêver.
Et un très bon point à Frédéric Boilet et son collègue japonais pour une adaptation réussie, fournissant au lecteur européen des renseignements intéressants sur le Japon de l'époque, permettant de savourer encore mieux l'histoire. |
Bullejury 2002
| Cet album a été sélectionné par le bullejury pour l’année 2002. Tous les membres du jury n’étaient pas forcément d’accord, mais ont jugé en majorité qu’il méritait sa place dans la liste.
"Taniguchi est un auteur essentiel, pas uniquement par son talent narratif mais également par les sujets qu'il aborde ou tout simplement le rôle qu'il a joué dans la BD en général. . Le découpage du scénario, exceptionnel, qui ne perd pas en rythme et conduit le lecteur à réfléchir au delà de la simple lecture, le dessin, très codé mais d'une grande richesse à mon sens avec notamment un réalisme remarquable dans la façon de dessiner les enfants. On sent que l'auteur à étudié les poses et leurs attitudes." (everland)
"Je dois avouer que je prefere "Au temps de Botchan" (j'aime même attaqué le roman hier), mais pas grand chose à reprocher à celui-là si ce n'est son côté convenu. Mais difficile de juger sans avoir l'entièreté de l'histoire à disposition." (thierry)
"Pour en revenir à l'aspect convenu du scenario, bien d'accord, mais c'est toute la finesse du truc qui est géniale. Le personnage se retrouve au milieu d'un machin dont il ne peut sortir et tout s'enchaîne avec une logique implacable, sans dévier un poil. C'est d'une précision d'horloger. C'est tellement logique et implacable que personne ne remet en cause le point de départ (le retour dans le temps) alors que normalement, on devrait. Album extraordinaire pour l'habilité du scenario et l'humanité qui se dégage des personnages. C'est Le journal de mon père au carré." (Eugène le jip)
"Pour moi c'est l'album de l'année, la grande claque. Une très belle histoire contée d'une manière très subtile, le ton de l'album est parfait. " (crepp)
Album classé 1er dans la catégorie "bulledécouvertes" et 2ème pour la catégorie "bullechampion". Il est également 1er dans les deux catégories pour le vote du public.
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sixpieds
| On est habitué à l'impression tranquille et sereine qui émane des ouvrages de Jirô Taniguchi et à des récits, tels L'homme qui marche, d'une déconcertante simplicité. Le bonhomme excelle dans l'art de décortiquer le quotidien. Avec Quartier lointain, le propos fictionnel semble exubérant : et si nous pouvions réellement revivre notre adolescence ? C'est ce qui arrive à Hiroshi, cadre quarantenaire éméché qui se trompe de train et, croyant rentrer cher lui, se retrouve dans la petite ville de son enfance. Profitant du fait pour aller se recueillir sur la tombe de sa mère, le voici, soudainement et sans explication, dans la peau de ses 14 ans. À la fois original et universel (c'est un genre d'idée qui saura interpeller chacun), on commence par se dire que l'on va nager en pleine science fiction et puis, non, finalement, on renoue rapidement avec le quotidien -avec un quotidien déjà vécu dans le cas d'Hiroshi- à la lourde différence qu'il sait maintenant ce qu'il va traverser. La question qui enclenche l'étonnant suspens de l'ouvrage reste bien évidemment celle chère aux paradoxes de la science fiction : vais-je renouer avec les mêmes choses ou la connaissance de ce que j'ai déjà vécu va t-elle influer sur mes actions, modifiant ainsi mon avenir ? Mais Hiroshi porte en lui d'autres secrets ainsi qu'un drame familial jamais résolu, l'occasion d'enfin les percer...
Le récit se partage alors entre le retour du personnage sur lui-même, son passé et la quête de réponses qu'il n'a jamais eues. On se laisse très rapidement emporter par ce récit mystique et introspectif, laissant courir nos fantasmes sur notre propre quête de rachat envers ce que l'on n’aurait pas soi-même maîtrisé. Le toujours très discret et élégant graphisme de Tanigushi disparaît par la force des évocations, adapte la musique intérieure de nos propres souvenirs à celle du jeune personnage. On pourra faire un parallèle avec un film comme Le miroir d'Andreï Tarkovski, lui aussi dicté par la rythmique du souvenir ; tout à la fois idéalisation d'indistinctes sensations passées, que Taniguchi aborde à travers la vision des paysages et du ciel de son enfance -reconstruction mentale de la topographie- et fragments mnémoniques de son lien social au monde. Les secrets de la famille d'Hiroshi viendront soutenir le récit et se focalisant sur eux, l'auteur nous fait croire adroitement que c'est de cela que nous attendons une révélation, nous faisant accepter comme acquis la connaissance de la propre vie d'Hiroshi (ce qui n'est pas le cas). Jirô Taniguchi nous propose ainsi, au long des quelques centaines de pages une nouvelle incarnation, une nouvelle jeunesse à la rencontre du passé, peut-être une seconde chance ? |
yvan
| La vie est faite d’une succession de choix qui délimitent le chemin qu’on emprunte. L’expérience et la connaissance sont les noms que nous donnons à cette succession de choix. Qui ne rêverait donc pas de pouvoir refaire ces choix sur base d’une vie entière de connaissance, de revenir dans son propre passé pour retrouver son innocence et ses illusions tout en conservant sa maturité et son identité d’adulte ? Rien que l’idée de pouvoir un jour revenir en enfance et ainsi corriger les erreurs passées ...
C’est ce qui arrive à Hiroshi qui, à l’âge de 48 ans, se retrouve projeté dans son corps et sa vie de 14 ans. Rêve-t-il? Vit-il notre rêve? Et si dans cette seconde enfance le temps empruntait finalement d’autres voies que celle du "passé" ...
Une fabuleuse réflexion très nostalgique sur le cours des choses, sur les saveurs de l’enfance et sur la vie de famille, bien éloignée de la violence présente dans la plupart des mangas ! Un extraordinaire récit du temps qui passe, tellement bien raconté et avec une telle profondeur dans les personnages que le fantastique donne une impression autobiographique.
L’enfant qui sommeille en vous rêve de pouvoir lire cette histoire et l’adulte que vous êtes encore plus, alors n’hésitez pas car ceci n’est pas un manga, c’est un chef-d’oeuvre! |
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