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| Après Shenzhen, Guy Delisle poursuit son travail nomade d'animateur à Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord. En plus du regard personnel et circonspect que pose Delisle sur cet autre pays asiatique, cet album présente l'intérêt de donner des informations sur la vie quotidienne d'un des pays les plus secrets et les plus tyranniques du monde. |
  Gilles
| Chronique réalisée dans le cadre du focus sur PyongYang
Ma première impression en me saisissant de Pyongyang chez mon libraire, c'est le poid de l'objet. Avec ses 176 pages plutôt épaisses, ce trente-septième volume de la collection Ciboulette de l'Association se range du côté des poids lourds de la collection. Plus proche des Carottes de Patagonie que du Petit Christian si vous voyez ce que je veux dire. Du coup, le prix s'en ressent (23 euros) mais je peux vous dire qu'une fois l'ouvrage terminé, je n'ai pas regretté mon achat.
Disons-le tout de suite, Pyongyang est une réussite. Graphiquement, Delisle poursuit la simplification de son trait et la narration s'en trouve encore améliorée. Dans certaines scènes, son dessin tire même vers le cartoon. Mais il nous offre également quelques magnifiques pleine-pages entièrement travaillées au crayon.
En ce qui concerne l'histoire, on peut certes lui trouver une parenté très forte avec son grand frère Shenzhen et certaines scènes, comme les corrections d'animation ou les moments de solitude à l'hôtel, semblent d'ailleurs en sortir. Mais si les deux sujets comportent de nombreuses similitudes, il y a aussi de grandes différences entre les deux albums. Dans Pyongyang, l'austérité a bel et bien remplacé l'exotisme de la Chine et ce qui semblait étrange à Shenzhen est carrément incompréhensible voire effrayant en Corée du Nord. C'est d'ailleurs la découverte de ce pays si hermétique et tyrannique qu'est la Corée du Nord qui est une des forces de Pyongyang.
En conclusion, Pyongyang est un très bon album que j'ai pris plaisir à lire et je vous recommande. Si je n'avais pas déjà lu Shenzhen, je lui aurais d'ailleurs donné un coup de coeur. |
man
| Chronique réalisée dans le cadre du focus sur PyongYang
Ce n'est pas un reportage sur les vraies conditions de vie des Coréens du Nord que Guy Delisle nous a ramené de ses deux mois passés dans la capitale du dernier régime stalinien au monde. Mais j'en ai plus appris que je ne l'avais imaginé, notamment sur le revers "brillant" de la médaille, qu'on montre aux Occidentaux : propagande, comportements automatisés, rues nettes et peuple absent, tous les ingrédients d'un régime totalitaire sont là. Delisle semble s'être vraiment documenté, ce qui était nécessaire pour créer une distance vis-à-vis du discours officiel. Distance humoristique, comme il se doit. Car les considérations ironiques sur le "cher dirigeant" succèdent aux soucis les plus triviaux : y'aura-t-il du melon au restaurant de l'hôtel grâce à la nouvelle délégation étrangère ?
Au niveau du dessin, Delisle semble avoir trouvé le style qu'il lui fallait pour ses carnets de voyage. C'est beaucoup moins inégal que dans Shenzhen, et surtout moins fouillis, beaucoup plus lisse et propre. Peut-être est-ce aussi ce qui lui convenait le mieux pour parler d'une ville où tout est net, carré, sans bavures, contrairement à l'impression de fourmilière que donne la Chine ?
Au final, le même plaisir de lecture que pour Shenzhen, et l'impression d'avoir quand même appris quelque chose. Delisle va-t-il se prendre au jeu, et faire un album pour chaque nouvel intérim à l'étranger ? Je le souhaite, parce que c'est pour l'instant ce qu'il réussit le mieux. |
Matthieu
| Chronique réalisée dans le cadre du focus sur PyongYang
Avec Shenzhen, Delisle a montré qu'il maîtrisait parfaitement le genre autobiographique par son humour, son sens de l'observation et de l'analyse. Il est donc difficile, à la lecture de PyongYang, de ne pas jouer à comparer les deux livres.
Le dessin tout d'abord. Delisle ayant abandonné sa technique de dessin uniquement au crayon, pour y ajouter des cernes à l'encre, celui ci est devenu plus lisible, même s’il perd un peu de sa chaleur et de son charme. Il garde fort heureusement son efficacité narrative et comique qui reste son atout majeur.
Le récit quant à lui est beaucoup plus sombre. Même si on rit toujours, Delisle nous fait partager son malaise tout au long des pages. A travers des anecdotes quotidiennes il nous fait découvrir le fonctionnement du pays le plus fermé du monde, et la visite est édifiante. Peu à peu un certain malaise s'installe et ne nous quitte que longtemps après notre lecture.
Pourtant, Delisle n'est absolument pas moralisateur, il nous fait uniquement partager en toute honnêteté ce qu'il a pu vivre en Corée du Nord sans aucune lourdeur dans le récit. Une preuve de plus, pour ceux qui en doutaient, que Delisle fait parti des tous meilleurs auteurs de L'association.
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everland
| Chronique réalisée dans le cadre du focus sur PyongYang
Dans "Shenzhen", son précédent album autobiographique, Delisle nous offrait un témoignage très distrayant de ce qu’il ressentait de la Chine et de son exil dans un pays ou la population ne parle pas un mot d’anglais (et encore moins de français). L’absence de communication, les coutumes parfois étonnantes, quelques anecdotes sympathiques se mêlaient pour former un récit aussi léger qu’original. C’est sans doute cette construction particulière, cette alternance de planche légère et de réflexions en vrac qui a fait de cet album un indispensable de la collection Ciboulette… et qui nous a fait attendre "PyongYang" avec autant d’impatience.
Pas de surprise donc, Delisle reprend dans ce nouvel album les recettes qui avaient si bien fonctionnées dans "Shenzhen". On retrouve avec plaisir le ton si personnel de l’auteur, de nouveau observateur décalé dans un univers à mille lieux du nôtre et l’on profite ici encore de son regard pour découvrir l’un des pays les plus fermés du monde. "PyongYang" n’est pas pour autant une copie conforme de Shenzhen dans un nouveau décor. La Corée du Nord n’est pas la Chine ! Le régime oppressant de Kim il-Sung impose en effet à l’auteur une réflexion beaucoup plus fournie et plus acerbe. Le « dirigeant bien aimé » devient ainsi rapidement aussi envahissant dans les pages de l’album que sur les murs des bâtiments coréens.
Si dans "Shenzhen", Guy Delisle souffrait du manque constant de communication imposé par la barrière de la langue, à PyongYang le problème est différent. L’auteur est perpétuellement suivi par un traducteur qui a pour consigne de ne pas le perdre des yeux. La barrière de la langue est donc moins évidente mais l’absence de communication n’en est pas moindre. Comment discuter avec des personnes en apparence toute acquises au régime et dénuées d'esprit critique ?
Avec "PyongYang", Guy Delisle poursuit pour notre plus grand plaisir le récit autobiographique entamé dans "Shenzhen" sans pour autant se répéter. S’il ne s’agit plus d’une découverte, on ne s’ennuie pas une seule seconde à la lecture de ce nouveau pavé. Une conclusion s’impose : vivement le prochain exil de Delisle !
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oslonovitch
| Je ne connaissais pas Delisle, et je dois avouer que ce premier album lu va certainement me pousser à ne pas en rester là.
Les récits autobiographiques peuvent être de deux sortes : mal racontés, ils deviennent rapidement un calvaire intimiste qui ne touche pas le lecteur ou qui lui passe au-dessus; et bien racontés, ils se transforment en véritable petit bijou de le BD. C'est dans cette deuxième catégorie qu'entre Pyongyang, avec une force narrative particulièrement brillante.
Le ton est très juste et donne un parfait décalage entre la vie occidentale telle que la connaît Delisle et le quotidien de ce régime totalitaire qu'est la Corée du Nord. Le moindre détail devient le vecteur d'une réflexion humaine qui ne s'embarrasse ni de questions fumeuses ni de théories fantasques : le narrateur est un Homme comme vous et moi. Ses réflexions sont pertinentes et elles ont un écho que tout lecteur partagera à la lecture de cet album. Les pensées décalées de l'auteur apportent un comique qui constitue un violent contraste avec l'univers décrit. De tous petits détails prennent une importance aiguë dans l'analyse sociologique et politique de ce monde si différent du notre. Des anecdotes du quotidien revêtent un ton croustillant et joyeux qui invitent le lecteur à s'imprégner complètement de cette ambiance atypique.
C'est tellement mesuré, drôle et bien rapporté qu'on a vraiment l'impression de partir avec lui et de partager sa chambre dans l'hôtel froid et impersonnel où il loge.
Le dessin en nuances de gris s'accorde parfaitement à l'histoire décrite, les bâtiments et les autres signes du régime apparaissent parfois sur des planches d'une page entière très réussies. Le découpage est varié, et participe à la facile lecture de la BD.
Gros pavé, cet album n'est toutefois jamais ennuyeux, et le rythme est savamment dosé. Ces trois mois passés par Delisle à Pyongyang se déroulent devant nos yeux curieux et enthousiastes et je suis littéralement tombé sous le charme de cet univers et de ce ton qui ne tombe ni dans la caricature ni dans le parti pris.
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june
| (absolument pas réalisé dans le cadre du focus sur Pyongyang, mais bon...)
La France, ses conflits sociaux, son président douteux, sa première chaîne de télé.
Eh bien rien de mieux que le dernier Delisle pour apprécier tout cela ; l'auteur, de retour en Asie pour de nouvelles aventures strictement autobiographiques, nous conte ici un nouvel épisode de son dur travail d'animateur (dans le dessin animé) au milieu d'un des pays les plus hermétiques au monde.
Son séjour à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord et du manque d'esprit critique, est empli de moments incroyablement navrants, ou tout et tous lui rappellent que rien n'est aussi important ici bas que le respect inconditionnel et total au vénéré président Kim Il Sung, réel despote aux commandes d'un régime des plus totalitaires, des plus réducteurs, des plus oppressants. Chaque étranger a droit à un chaperon en toute impunité, confinant la découverte d'une autre culture au rang de pur fantasme.
Très sérieux tout cela me direz-vous, oui mais voilà, Delisle est un petit rigolo.
Il nous avait déjà fait le coup avec son précèdent opus autobiographique, le très réussi "Shenzen", et si la Corée du Nord remplace la Chine, le ton insolent et sarcastique de l'auteur est bel et bien au rendez-vous ; ponctué d'analyses décalées mais justes, Guy Delisle montre d'un doigt cynique l'absurdité de ce régime et de son application permanente, et la méthode a tôt fait de séduire.
Le dessin de Delisle, quant à lui, à évolué : si les scènes de vie quotidienne sont d'un graphisme assez minimal et simpliste, l'auteur ponctue régulièrement ses propos de pleines pages crayonnées de toute beauté. Au final, un petit pavé de critique acerbe et caustique, mais tristement réaliste, écrit et dessiné sur un ton personnel à essayer absolument. |
Herbv
| Concernant "Pyong Yang", je me contenterais de dire que j'ai beaucoup aimé l'humour subtil, ce mélange de cynisme, de tendresse, de recul que l'auteur prend avec les gens et avec lui même. Comme lui, on se demande si les coréens du Nord croient en leur propagande.
J'aime beaucoup le dessin si simple mais si efficace pour faire passer les sentiments des personnages. En tout cas, je trouve qu'il fait parfaitement passer son propos que je vois comme étant celui-ci : Je suis allé dans un des derniers bastions du communisme, voilà comment je l'ai vécu. Il n'en fait pas une tonne, il reste sincère à mon avis. J'adore la fin, pleine d'aspiration vers la liberté.
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pessoa
| Un témoignage sur la Corée du Nord, c'est déjà quelque chose de rare.
Pour commencer, maintenant que je sais que les dessins animés pour les gosses sont réalisés dans les studios d'Etat de Kim-Jong-Il, je ne les regarde plus de la même façon...
Même si ce n'est pas un reportage d'investigation sur la dictature nord-coréenne, on devine à chaque page l'écrasante chappe de plomb qui pèse sur ce pays. Ca va de la radio qui ne passe que des chansons à la gloire du leader immortel à la pire des atrocités, le guide qui explique froidement qu'il n'y a pas d'handicapés en Corée du Nord...
Le tour de force de Delisle, c'est d'arriver à faire cette chronique avec un humour permanent. On se met vraiment à sa place, entre ses interrogations (ils y croient vraiment, à tout ce qu'on leur fait gober ?) et des préoccupations plus terre-à-terre (réussira-t-il à fausser compagnie à ses guides pour faire 100m à pied ? y aura-t-il de l'électricité au restaurant ? qu'est-ce qu'on s'emm... dans ce pays !). Le tout reste toujours équilibré, ce qui ne doit pas être évident.
Le dessin élégant ne gâche rien.
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karine
| Quel bonheur! Je ne pensais pas être autant emballée par cette lecture!
Certes, Delisle nous raconte l'état de décrépitude dramatique d'un pays... mais c'est fait avec un humour et une sensiblité extraordinnaires! Au lieu de pleurer de rage à la lecture de toutes les absurdités de ce pays: on rit ... certes parfois un peu trop jaune. Un dessin sympa et efficace qui s'accorde bien avec l'histoire... plus de 100 pages qui passent toutes seules : d'ailleurs 100 de plus du même niveau ne m'aurait pas ennuyé ! Une bd documentaire mais racontée avec un réel talent de conteur!
seul hic : le prix!
pas grave ça fait une idée cadeau ! ;-) |
THYUIG
| PyongYang est l'un de ces albums qui se déguste à la manière d'une petite musique qui reste longtemps en tête. Sauf qu'ici, en fait de musique, c'est plutôt de silence dont il est question. Et quel silence!
Guy Delisle nous livre le journal détaillé de ses deux mois passés en Corée du nord dans le cadre de son boulot de surpervision dans l'animation. Nous vivons donc son séjour en partageant sa vision du pays mais surtout du régime totalitaire qui l'asservie, l'une des pires dictatures au monde.
Le traitement est volontairement simple, un noir et blanc travaillé au crayon dont il ressort toute une palette de gris. Le dessin est précis, les batiments sont croqués parfaitement si bien qu'au fil de la lecture, on pourrait presque se répérer sans guide dans les rues de PyongYang. Dans quelques cas, ces dessins prennent une planche entière et l'on mesure alors l'énorme talent de Delisle pour retranscrire exactement ce qu'il se dégage de toute cette austérité nord-coréenne.
Quand je parlais de silence, c'était pour mieux appréhender la teneur exacte de ce régime. Tout est calculé, rien n'est laissé au hasard, les photos sont controlées, les programmes radio sont les mêmes sur toutes les fréquence, la lobotomisation de la population envers leurs dirigeants, pére et fils, est soigneusement orchéstrée via la distillation au compte-goutte d'images effarantes de l'impérialisme capitaliste américain, l'énnemie juré.
ce silence est donc celui qui en chaque instant entoure irrémédiablement la vérité de cette dictature. La population n'ignore sans doute pas le marasme économique dans lequel le pays est plongé mais la propagande est une telle institution que tous sont persuadés que leur Grand Leader est le sauveur d'une humanité rongée par la perdition.
Un exemple pour appuyer ceci, lorsque Delisle interroge son traducteur sur l'absence de personnes handicapées dans les rues, celui-ci lui répond que le peuple nord-coréen est à 100% sain de corps et d'esprit et que le handicap n'existe pas ici... Effrayant.
Dans la première partie, Guy Delisle relit 1984 de Georges Orwell: effectivement... |
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