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| Quand un reporter photographe rentre de mission dans un pays en guerre, il ramène des centaines de photos et autant d'anecdotes. Sur ces centaines de photos, quelques dizaines sont tirées, quatre ou cinq sont vendues à la presse, et le reste, sous forme de planches-contact, échoue dans des boîtes. Le photographe, s'il aime raconter, raconte les anecdotes à ses proches. Puis le temps passe, d'autres missions, d'autres photos et d'autres anecdotes chassent les premières, et la mémoire, elle aussi, les met en boîte. Voilà comment s'endorment les histoires. Le nombre de belles histoires au bois dormant est infini. La bande dessinée est un des moyens de les réveiller. J'ai cent raisons d'aimer Didier Lefèvre. L'une d'elles, c'est qu'il est bon photographe. Une autre, c'est qu'il raconte bien les histoires. Dès les premières fois où je l'ai entendu, planches-contact à l'appui, me raconter un de ses reportages, j'ai voulu qu'on fasse un livre tous les deux. La bande dessinée intervient pour faire entendre la voix de Didier, combler les vides entre les photos et raconter ce qui se passe quand Didier, pour une raison ou une autre, n'a pas pu photographier. |
  CoeurDePat
| "Le photographe" se base sur le récit de voyage de Didier Lefèvre, ainsi que sur ses photographies. De fait, l'album est pour moitié composé de photos et pour moitié des dessins de Guibert.
Malgré ce procédé "un peu bâtard" (les photgraphies en question n'étant de surcroît pas commentées), l'ensemble forme un tout cohérent. Déjà, le dessin de Guibert se fait épuré, plus encore que dans "La guerre d'Allan", et se fond bien avec les photos. Les cases sont très souvent presque vides, ne laissant de place que pour les personnages. Les dialogues, assez rares eux aussi, donnent de la vie à la voix off qui raconte ce voyage.
Le ton général est calme, un peu envoûtant, nous transportant hors du temps.
Lefèvre et Guibert racontent la vie quotidienne de ce voyage, de cette caravane, de telle sorte qu'on s'y croit presque. Pour autant, il ne se passe rien d'exceptionnel, simplement les petites choses du quotidien, plus ou moins étrangères...
Voilà, je ne sais pas trop quoi dire de plus, si ce n'est que comme "BD reportage", ça me paraît très réussi et très vivant.
Par contre la série semble prévue en quatre tomes, ça me fait un peu peur. O_o |
Eugene le jip
| Des photos avec des dessins, il doit y avoir une astuce quelque part, une mise en page compliquée ou un scénario à tiroir dans un coin. Et ben non, c'est du premier degré pur jus, le but étant de raconter une histoire sans chercher la difficulté. Quand les photos suffisaient, ben ils les ont utilisées telles quelles et quand il fallait ajouter des dessins pour que le tout soit fluide, pour boucher les trous en quelque sorte, Guibert a pris sa plume et s'est mis à l'ouvrage. Après quelques pages, le lecteur qui comme moi n'a pas lu le 4ème de couverture où tout ça est expliqué clairement, arrête de se compliquer la vie et savoure le récit pour ce qu'il est, une histoire très simplement racontée.
Dans ses dessins, Guibert est un modèle de sobriété. Place au récit avant tout, les effets de couleurs, de mise en page et les grands décors sont mis de côté. On est exactement à l'opposé de la Bd commerciale, style Dorison et Marini. On pourrait même qualifier le dessin de Guibert de "minimaliste réaliste", tant il va à l'essentiel.
L'histoire, c'est une histoire vraie, celle d'un convoi humanitaire de MSF qui traverse l'Afghanistan occupée par les Russes. Elle recèle aussi pas mal d'ingrédients d'un bon scénario de BD, avec une quête, des bons, des méchants, des épreuves.... Bref, c'est passionnant, dépaysant et ça se lit d'une traite. C'est même étrange de prendre un certains plaisir à lire un bouquin qui traite de choses aussi graves. C'est peut-être trop bien raconté en fait....
En plus des photos "narratives", qui servent de base aux récits en compagnie des dessins de Guibert, on a droit de temps en temps à des agrandissements de photos particulières, apportant par leur symbolique ou leur simple beauté, une dimension supplémentaire à ce très beau récit de voyage. |
pessoa
| Le photographe est donc une œuvre composite, une bande dessinée avec des photographies. L’album est organisé de manière très simple : c’est une bande dessinée normale sauf que des fois le dessin est remplacé par des photos. Bon.
Nous voilà transportés en Afghanistan, à une époque où c’était la guerre là-bas. En l’occurrence, c’était il y a quinze ans et la guerre était contre les Soviétiques, depuis seuls les belligérants ont changé dans ce coin du globe.
Le « photo-BD-reportage » est donc avant tout un témoignage sur la guerre et la misère qui s’ensuit, vu par l’œil de médecins d’une ONG. Ce qui permet d’avoir à la fois la démonstration brute de la situation dramatique d’un pays qu’on croirait peuplé uniquement de réfugiés, mais aussi les moments de détente des « humanitaires », et, ce qui ne gâche rien, des paysages parmi les plus extraordinaires au monde.
Le dessin d’Emmanuel Guibert est toujours aussi beau, à la fois très « graphique » et très sobre, dans la lignée de La guerre d’Alan. Les photos de Didier Lefèvre sont admirables, mais ce qui frappe c’est la cohérence de l’ensemble. On passe sans difficulté du dessin à la photo, les deux se faisant en général parfaitement écho. Résultat : une lecture passionnante que je recommande chaudement !
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nice23
| D'abord, mise en page excellente : les images ne rendent jamais compte d'une quelconque réalité. Elles ne sont "que" le témoignage de choses qui paraissent-être. Le dessin lui, raconte le ressenti, l'aspect subgectif. Or, passer de l'un à l'autre, c'est aller plus loin sous la surface des choses.
Et puis tout simplement, c'est de la mission humanitaire dans la mission humanitaire. On cherche l'Homme, l'humain. Ce qui fait le lien entre nous tous. Le dénominateur commun.
Bref ! Le photographe est une très bonne BD. |
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