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  herbv
| Dans le dix-huitième tome, la véritable nature du Prince Kazunomiya a rapidement été découverte par Takiyama, le grand intendant et révélée à la shogun Iemochi. Nul doute qu’il s’agisse là d’une manœuvre des partisans de l’expulsion des étrangers. Pourtant, rapidement, il devient certain qu’il ne s’agit pas d’un complot de la maison impériale. Il s’agit d’une substitution faite à l’insu de tout le monde, afin de palier au décès soudain du véritable prince qui s’est apparemment suicidé pour ne pas devoir se rendre à Edo et épouser Iemochi. Chikako se retrouve ainsi confirmée dans son rôle et devient de plus en plus proche d’Iemochi, malgré un caractère capricieux et difficile à supporter pour l’entourage de la shogun. Il faut dire que cette proximité pourrait bien permettre au bakufu de survivre à la crise actuelle en retournant les opinions xénophobes et le court-termisme de l’empereur. Et, qui sait, un enfant pourrait bien survenir suite à l’union de ces deux jeunes gens et assurer ainsi l’avenir des Tokugawa. Malheureusement, la mort d’Iemochi va porter un coup (que nous savons fatal) à la dynastie au pouvoir : dans le dernier opus de la série, Yoshinobu, un homme égoïste, n’arrive pas résister aux manœuvres militaires et politiques des clans rebelles qui veulent redonner le pouvoir à l’Empereur. Ainsi, la restauration Meiji, avec ses purges et sa réécriture de l’Histoire, fait disparaître la trace des femmes d’une époque extraordinaire qui a duré plus de 250 années.
Si les seize et dix-septième volumes ont étiré le récit de la fin du bafuku, il en a fallu deux autres à Fumi Yoshinaga pour clore son histoire alternative de l’époque d’Edo. Manifestement, la mangaka a eu du mal à se séparer de ses personnages. Mais en cherchant à coller à l’Histoire, il n’était plus possible de continuer. C’est à la fois heureux, le titre gardant ainsi toutes ses qualités, et malheureux, nous ne pouvons plus attendre la suite avec impatience, tant Le Pavillon des hommes se révèle être excellent de bout en bout. Les talents de conteuse de l’autrice sont une fois de plus démontrés. Seule la grande difficulté de reconnaître visuellement ses personnages principaux masculins s’est révélée être un frein à cette lecture. L’autre complication est venue de notre ignorance de l’histoire du Japon, ignorance partagée par la plupart de nous, lectrices et des lecteurs aussi bien en francophonie que dans le Pays du Soleil levant (les Japonais sont réputés pour très mal connaître l’histoire de leur pays). Néanmoins, malgré (ou grâce) à l’absence de notes de bas de page, cela ne diminue en rien le plaisir de lecture tant le récit est solide du point de vue historique, tant les personnages et leurs relations sont bien écrits, même lorsque la romance fait son apparition (ce qui n’arrive pas souvent, il faut le reconnaître) ou que l’on se perd un peu dans les rapports de force, lorsque le récit aborde les enjeux politiques entre les factions qui se disputent le pouvoir. Magistral ! Après une douzaine d’années, la dernière page est tournée sur une réussite qui n’a malheureusement pas trouvé son public chez nous. |
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