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| Au Passage du Pourquoi-Pas |
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  martin
| Un passage reculé d'une grande ville, une pute sympa, un clodo alcoolo, une ménagère acariâtre, un gamin joueur etc ... Le Passage du Pourquoi-Pas pourrait sentir bon le pittoresque tendance Amélie Poulain.
Mais les auteurs ont leur univers et savent instiller de la poésie dans leur bande dessinée.
Ici pas plus de passé nostalgique que d'analyse sociologique. Le propos semble être dans le style et la manière dont les auteurs vont casser le caractère particulièrement stéréotypé de leur matériau de base.
Stanislas nous livre sa ligne claire libérée, son dessin schématique et épuré s'associe à une mise en scène et une mise en page sans contraintes. Les bulles et leur contenu, par exemple, peuvent être de travers ressemblant à de véritables ballons s'échappant de la bouche des personnages, les récitatifs ne sont pas obligatoirement inscrits dans un cartouche et peuvent investir le dessin lui-même.
Stanislas crée aussi parfois une composition de la page discrètement esthétique (composition autour d'une case centrale par exemple).
On est ici véritablement dans l'appropriation et la continuation d'un style, mais c'est peut-être plus du côté de Saint-Ogan qu'il faut voir les influences de Stanislas que du côté du système verrouillé d'Hergé.
Narrativement, Baraou utilise des séquences de 2 pages pour établir des micro-intrigues (un homme amnésique, une mère infanticide etc.) dans lesquels elle distille à petites doses des éléments de fantastique (un nain de jardin qui parle, des monstres mi-chien mi-chat etc.), suffisamment pour créer un décalage légèrement absurde, mais pas trop pour éviter de verser dans un genre purement fantastique.
On peut ajouter son goût pour la sonorité des mots avec des allitérations et des rimes qui sort les récitatifs de leur rôle uniquement fonctionnel et en font des petits bouts de littérature presque autonomes.
Chaque séquence du passage du Pourquoi-Pas est une lecture délicieuse, je n'ai seulement pas été convaincu par la volonté des auteurs de faire un scénario à l'échelle du livre (chaque séquence s'inscrit en réalité dans l'intrigue plus vaste d'un complot visant à éliminer un personnage), pas plus que par la mise en abyme finale qui ont pour effet de refermer l'univers du Passage du Pourquoi-Pas et ne semblent être là que pour pouvoir clore le livre.
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