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  rohagus
| Voyager dans le temps pour rencontrer une célébrité ou un auteur que l'on affectionne, lui montrer comme on apprécie son oeuvre et lui apprendre éventuellement des choses du futur, c'est un phantasme que je partage avec l'auteur. Je me souviens avoir été grandement marqué par une lecture de jeunesse, un tome des Conquérants de l'Impossible de Philippe Ebly, où les héros voyageaient dans le temps et séjournaient un moment avec Leonard de Vinci. Et comme l'héroïne de ce récit, et probablement son auteur lui-même, je suis un grand admirateur de l’œuvre de Lovecraft. Aussi cette idée de se retrouver à pouvoir discuter avec lui et parler de ses œuvres et de ce qu'elles évoquent est très enthousiasmante.
L'héroïne écrit une thèse sur le maître de Providence, elle connaît donc parfaitement tant sa biographie que sa bibliographie. Aussi, quand elle se retrouve projetée dans cette ville en 1935, elle sait où chercher la demeure du fameux écrivain et comment l'aborder. S'ensuit une longue discussion qui durera toute une nuit où les deux personnages parcourront la ville à pied et évoqueront les œuvres et les idées de Lovecraft. Au cours de ce périple seront notamment évoquées et brièvement racontées les histoires du Chat Noir d'Edgar Poe, du Cauchemar d'Innsmouth et de la dernière partie de l'Affaire Charles Dexter Ward, avec une mise en image assez réjouissante pour cette dernière. Seront aussi abordés des sujets moins plaisants tels que les opinions racistes de Lovecraft dans une discussion au ton plus acerbe entre les personnages.
Le dessin de Philippe Marcelé adopte un assez sombre noir et blanc. Le trait est très charbonneux, et les ombrages s'apparentent à des crayonnés d'aspect un peu brouillon. Beaucoup de cases donnent aussi l'impression d'être décalquées sur des photos ou des gravures d'époque. Tant et si bien que les décors sont certes beaux et détaillés, mais les images manquent de vie et les visages des personnages sont de moins bonne qualité. Heureusement, l'ambiance qui se dégage des planches se marie bien avec l'atmosphère de l’ouvre de Poe et de Lovecraft et la beauté des décors me suffit à apprécier l'aspect visuel de cette BD.
C'est une lecture sympathique mais qui ne parlera probablement qu'aux connaisseurs et amateurs de Lovecraft. Et même eux, dont je fais partie, pourront être un peu frustrés par la linéarité du récit qui finalement peut se résumer en une simple nuit de discussion entre deux personnes sans qu'il se passe vraiment quoi que ce soit d'autre et sans que l'intrigue ne prenne pour de bon son envol. |
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