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  herbv
| Le tome 2 de Mauvaise herbe propose une tonalité différente du premier opus et aborde d’autres thèmes comme celui de l’impossible (?) rédemption. Yamada, ne trouvant personne pour aider Shiori (le service d’assistance sociale ne peut rien faire), et craignant qu’elle cherche à mourir, a décidé d’héberger la jeune fille, malgré tous les risques que cela lui fait courir (enlèvement et détournement de mineur). Shiori ayant moins de vingt ans (l’âge de la majorité au Japon) et étant impliquée dans une affaire de prostitution dont il a la charge, le scandale serait immense si cela venait à être su. Ignorant que ses collègues se doutent de quelque chose, il n’a pas eu d’hésitation car en aidant la jeune fugueuse, il trouve un nouveau but dans la vie. Surtout il retrouve la fille qu’il a perdu par sa faute lors de ce funeste été. Cependant, Yamada et Shiori sont hantés par leurs propres fantômes, ce qui les empêche de se rapprocher et d’espérer une vie plus joyeuse. De plus, la société ne tolère pas les comportements hors norme, ce qui ne peut que compliquer leur situation et risque de leur faire perdre les derniers espoirs qu’ils pourraient encore avoir.
Tout au long de ces sept nouveaux chapitres, Keigo Shinzo confirme toute sa maîtrise graphique. Son dessin, moins en rondeur que dans Tokyo Alien Bros., fait parfaitement passer les différentes émotions sur les visages de ses principaux personnages. En effet, son trait simple va à l’essentiel. Il réussit à ne jamais en faire trop dans la mise en scène de son histoire. Lorsque Shiori a les larmes qui coulent, nous pouvons estimer qu’elle en a bien le droit. Lorsque Yamada est prostré, son attitude est parfaitement compréhensible. Le mangaka ancre aussi son récit dans le réel au niveau des décors. Après la représentation du « salon de massage », voici un autre exemple : le commissariat de Senju ressemble réellement à sa version dessinée, jusqu’à la mascotte que l’on aperçoit brièvement à l’entrée. Il faut dire que les auteur·e·s de manga ont l’habitude de dessiner d’après photo (ils ne sont pas les seuls). Il n’y a pas que le graphisme de Mauvaise herbe qui est à la hauteur de l’œuvre, il y a aussi la narration. Après avoir planté le décors, caractérisé ses personnages, dramatisé son récit dans le premier tome, Keigo Shinzo donne ici de l’épaisseur à Yamada et à Shirori en multipliant les analepses. Celles-ci sont toujours courtes et en rapport avec la situation relatée. Grâce à une narration nerveuse aidée par un faible nombre de cases par page et des chapitres relativement courts (la prépublication a lieu dans un hebdomadaire), la lecture se fait sans à-coup, de façon fluide. De plus, chaque fin de chapitre donne réellement envie de lire la suite. Un régal ! |
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