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| 18è siècle, Le ministère de l'inquisition règne d'une main de fer sur les terres de Venisalle, où la foi n'est pas seulement une religion mais aussi ce qui détermine votre droit de vie ou de mort. C'est dans ce monde de répression que les démons reviennent de l'enfer pour pécher, tuer et exercer leurs vils instincts en prenant possession des vivants. L'inquisiteur Vol de Galles reçoit le don de distinguer ces âmes damnées, de plonger dans les âmes et de voir derrière les masques.
Guidé par Sainte de Massard, il traque les démons qui trouvent refuge parmi les plus sombres de nos péchés. Mais au fur et à mesure de sa sainte croisade, les contours du bien et du mal deviennent bien difficiles à cerner, et il devra livrer une lutte intime opposant sa foi et sa raison, et qui le mènera aux portes de l'enfer.
Bienvenue dans la ville imaginaire de Venisalle crée par l'esprit bouillonnant de Guy Davis, qui fait bien sûr penser à la ville de Venise. Mais ce dernier se défend bien de toute réalité historique, l'environnement et la religion du Marquis constituant un monde à part entière. Davis crée un décor reconnaissable, puis le métamorphose en quelque chose de décalé, un univers plongé dans un hiver perpétuel et gouverné par un système religieux qui apporterait l'ordre aussi bien dans la foi que dans le péché.
Une ville de masques, de peur et de maux cachés. Un monde de répression stricte, mais aussi de libertinage, autant d'éléments qui ne constituent pourtant qu'une toile de fond : Guy Davis ayant surtout à cœur de raconter le récit intimiste d'un homme, Vol de Galles face au diable. |
  vacom
| Le Marquis, Danse macabre. Voilà un album intrigant ! D'abord par son titre, qui annonce clairement la couleur et invite le lecteur à se plonger dans une histoire où, il le sait, la violence sera loi. Par sa présentation ensuite, avec une maquette soignée, un style baroque très étonnant. Par sa couverture enfin, qui nous montre un homme masqué aux prises avec un monstre tout droit sorti d'un bon vieux film d'horreur de série Z.
Avec ce genre d'albums, on peut s'attendre au meilleur comme au pire. Soit l'auteur maîtrise bien son sujet, ne se contente pas de faire du gore de cinéma bon marché et apporte sa patte à un univers qu'il lui appartient de revisiter. Ou bien il se plante en beauté pour offrir une suite de clichés sans âme, sans personnalité, et où la surenchère cesse de fasciner pour finalement lasser.
Danse macabre ne fait heureusement pas partie de cette dernière catégorie et Guy Davis s'en sort avec les honneurs : il compose avec des personnages dont on ne sait trop que penser (sont-ils anges ou démons ?) pour construire l'histoire incroyable de Vol de Galle, dit le Marquis. Mais qui est-il ? Un simple humain qui s'est vu confier une mission par les Saints : chasser les démons qui ont quitté les Enfers pour investir le corps de pauvres mortels innocents. Loin d'être un héros sans peur et sans reproche, le Marquis est continuellement en proie au doute quant au bien-fondé de son sacerdoce et, de la première à la dernière page, ce doute ne cesse de nous troubler. Malgré certaines ficelles un peu grosses pour véritablement surprendre, le récit se déroule donc sans qu'une fois l'envie nous prenne de lâcher l'album. Un point d'autant plus marquant que le rythme est fort lent, faisant la part belle aux longues confessions de Vol de Galle. Ces longs monologues sont en effet suffisamment bien écrits pour nous empêcher de bâiller à la lecture de ces textes qui parviennent à être diserts sans être verbeux.
Si le graphisme de Guy Davis peut rebuter par son aspect brut et sans nuances, force est de constater qu'il convient à merveille à l'univers décrit. Par un noir et blanc très pâle, à la limite du blafard, d'où seule la silhouette obscure du Marquis semble ressortir, l'auteur donne à ses planches l'impression d'une froideur extrême : celle avec laquelle le Marquis tue d'innombrables innocents pour les délivrer de l'emprise des démons. Cette blancheur a aussi le mérite de rendre plus éclatante encore l'explosion de rouge qui frappe tant le héros lors de sa descente aux Enfers. C'est là que nous découvrons à ses côtés des démons dont la représentation graphique hésite constamment entre le terrifiant et le grotesque avant de nous présenter le maître des lieux dans toute sa majesté.
Danse macabre est un album difficile à conseiller car on peut certainement l'adorer ou le détester pour les mêmes raisons. A force de trop se positionner dans un genre à ce point particulier, il ne pourra de toute façon pas plaire à un large public. Et ceux qui ne veulent pas de ce qui n'est finalement qu'un gigantesque délire parfaitement assumé, passeront leur chemin sans trop de regrets. Mais c'est aussi un album qu'on aime autant pour ses qualités que pour ses défauts. Il possède de toute manière assez de caractère pour en surprendre plus d'un. |
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