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  Coacho
| Voilà, ça y est, c’est fait : j’ai lu Lupus 3…
Que dire, par où commencer ?
Alors que certains commenceront à se détourner de cet Ovni, d’autres entreront à peine dans l’histoire… et j’avoue que c’est un peu mon cas…
Oui, Lupus 2 avait été l’objet de plusieurs polémiques entre certains défenseurs et contradicteurs de ce livre incroyable, mais la chamaillerie prenait naissance sur le limon d’un album déjà de haute qualité…
Qu’en est-il de ce 3° volet des aventures de Sanaa et Lupus ?
Et bien Frederik Peeters continue de nous emmener loin dans son univers, et j’avoue y plonger sereinement, avec un plaisir intense, car cet album arrive à point nommé pour réveiller un peu les lecteurs légèrement endormis, baignés par la douce torpeur du précédent album qui servait à recouvrer ses esprits.
Et effectivement, je rends grâce à certains d’avoir su déceler ce rythme si particulier qui ne prend son sens qu’à la lecture de l’œuvre dans son intégralité…
On comprend mieux les silences, les pauses, la douceur, la lenteur, tout cela comme une caresse qui sait se révéler piquante comme une gifle…
Nous avions laissé Lupus et Sanaa en délicate posture, les sbires du père de cette dernière à leurs trousses…
Je ne veux pas entrer dans le détail précis des évènements et vous laisser l’entier plaisir de découvrir cette histoire mais le rythme s’accélère, comme un pouls qui s’emballe, et un cœur qui bat la chamade, à tout rompre…
Cette dernière phrase n’est pas innocente et vous la comprendrez mieux dès l’album en votre possession. Mais quelle grâce encore dans la gestion temporelle de cette narration troublante, envoûtante…
Alors que ce livre nous révèle, sans effets de manche, des informations majeures pour nous permettre de mieux comprendre les comportements de nos héros, ceux-ci vont en même temps subir des mutations, de celles qui font grandir et ils vont ainsi remettre en question bon nombre de leurs certitudes considérées jusqu’à présent comme acquises.
C’est de l’acceptation de ces nouveaux concepts qu’une issue sera possible pour ce couple qui est dans une presque impasse.
Et ça ne se fait pas sans heurts bien entendu car du point de vue psychologique, c’est terriblement chaotique, et cela aussi, Frederik Peeters sait le faire ressentir…
Alors quels sont encore les talents cachés de cet auteur hors-normes ?
Et bien sûrement cette capacité d’accélérer tout en douceur le rythme de son histoire, de nous faire passer des idées aussi violentes et paradoxales, sans être contradictoires, avec autant de facilité, sans jamais donner le tournis, sans jamais heurter le lecteur, et en nous permettant une identification incroyable qui, grâce à une attitude empathique, nous place en situation et ce indépendamment des lieux dans lesquels se déroule l’instant narré…
Imaginez un instant toutes vos interrogations, peurs d’adolescents, puis d’adultes, vos doutes, vos angoisses, vos certitudes aussi, tout cela mis sur papier…
Et là, vous allez suivre Lupus, de ses rêves à ses cauchemars, de ses angoisses du lendemain à ses bouffées nostalgiques, à la découverte de certains évènements de son enfance, des évènements comme nous en avons tous vécu d’ailleurs, les peines de son enfance, le pourquoi de ces peines, les peurs de la différence, ou de l’indifférence, l’âge de raison, le questionnement sur l’importance de la drogue, dans ses tourments liés au remord, à la culpabilité, à la peur d’un lendemain plus radieux, tout cela en oscillant d’un point de vue contemplatif à un point de vue introspectif.
Il arrive à nous faire ressentir toute la nervosité de Lupus, bien palpable, et nous emmener dans le stress déchirant qu’il ressent… Mais aussi dans l’extrême amour dont il fait preuve à l’égard de Sanaa (aaaaaah cette scène où Sanaa parle d’elle et qui devient comme… Je ne peux pas vous le dire, mais qu’est-ce que cet instant est beau…)
Bref, c’est fort, très fort, très très fort…
Je ne vous ferai pas l’affront de vous parler du trait de Peeters, devenu maintenant une référence caractéristique de l’expression d’un don pur, ni même de vous parler de son imagination foisonnante… Le t-shirt de Sanaa est toujours là, et au niveau biologique, nous passons encore une fois avec maestria d’ambiances riches, tant dans la faune et la flore, à des ambiances hyper-aseptisées mais toujours en gardant cet univers comme décor, sans jamais que cela affecte notre suivi des personnages…
On sent un moment particulier que Peeters a vécu et qui est retranscris avec tellement de force et de beauté, d’une façon que d’aucun qualifieraient de très helvétique, et je vous envie maintenant d’avoir à découvrir ce passage…
Vous l’aurez compris, cet album est indispensable aux fans de l’auteur, comme à ceux qui voudraient découvrir une bande-dessinée comme il n’en existe nulle part… Cet univers est unique, son traitement ne l’est pas moins, ce qu’il va déclencher comme admiration est déjà plus commun, mais en continuant son bonhomme de chemin loin des sentiers battus, Frederik Peeters se taille une place de choix dans les plus grands conteurs d’histoires de notre temps…
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Matt Murdock
| Le tome 3 de Lupus, écrit et dessiné par Frederik Peeters, vient de sortir chez Atrabile, et vu l'immense qualité de cette série, son attente était devenue immense. Pourtant si j'admire le travail de Peeters, je ne suis pas fan de sa série Koma son autre récit fantastique. Mais avec Lupus c'est autre chose, Peeters étire son récit, et lui donne un caractère serein, planant.
On pourrait l'accuser d'être lent, que rien ne se passe dans Lupus, mais ces lenteurs sont là pour donner à son récit toute sa profondeur, son volume, son grain. Les personnages, Lupus, Sanaa, prennent de l'ampleur au fur et à mesure de la lecture. Dans ce tome 3 on en apprend sur l'enfance triste de Lupus, dont le père fût absent. De cette absence on en apprendra pas grand-chose, mais les silences froids et triste du récit, la solitude du jeune Lupus, et les larmes de sa mère suffisent pour nous faire comprendre d'où vient la mélancolie de ce personnage.
Bien sur pour ceux qui voudraient un peu de SF, il y a bien une petite course-poursuite, au début d'album, où Lupus et Sanaa doivent s'évader de la planète des vieux, présentée dans le tome 2. Fuite dans la forêt, les égouts, déguisement en vieux, et évasion en vaisseau spatial sont au rendez-vous. Il y a aussi les questionnements du "couple" Lupus-Sanaa, sont-ils dans l'impasse ? Enfin Lupus est toujours tiraillé par la perte de son ami, Tony, et la culpabilité d'avoir tué quelqu'un.
Côté dessins, c'est splendide, les univers représentés, jungle chaude et peuplée d'animaux étranges, espace froid, station balnéaire abandonnée, sont très bien détaillés. Et même si Peeters ne fait pas un récit de space-opéra classique, il réussit à donner une grande cohérence à cet univers qu'il décrit. Un univers tellement plus originale, humain, et touchant que tous les Space-Opéra de Soleil. Il en va de même pour les personnages, le trait à l'air relâché, spontané, pourtant ils sont tous représentés avec énormément d'expressions, ce qui les rends presque vivants, et l'expression de leurs doutes, proches des notres, leur donne une humanité quasi-palpable. La construction est superbe, comme dans les premiers tomes, Peeters s'autorise des pauses calmes, des blancs introduisant un malaise, des flashbacks subtilement amenés. Tout ralentissement du récit étant bon à prendre pour faire sortir une émotion. Bref, un album superbe et magnifique. |
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