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  flop
| Difficile d'entamer une chronique sur ces albums de Lupus, sans tomber dans une espèce d'admiration béate. On pourrait parler longtemps du talent d'illustrateur de Fred Peeters. De ses capacités à produire un dessin plein de sens. De son aptitude à découper une action pour nous la faire vivre de plein fouet. De ses cadrages de fou. De la sobriété et la simplicité apparente de ses planches. De son talent, de la force du moindre de ses textes, que sais-je...
Toujours est-il que par dessus tout ca, c'est un incroyable raconteur d'histoire, qui arrive à nous emmener (hum, a m'emmener, disons, peut etre qu'il y en a qui aiment pas!) à l'autre bout de l'univers non pas pour aller sauver des galaxies en péril, mais simplement s'assoir au soleil, au bord d'un lac acide, et penser a ce que c'est que la vie, en fumant un bon petit pétard d'algues bizarres...
Alors j'ai du mal a dissocier les deux albums pour en parler, je vais donc faire un tarif de gros.
Si l'action commence dans un vaisseau spatial tendance casserolo-fer-a-repasser, on s'éloigne rapidement d'une veine de science fiction classique. On a affaire ici à un raod movie intergalactique, au rythme tranquille, qui m'a quelque part fait penser a la rythmique de O'brother des frères Coen.
Ici, douceur de vivre et ambiance paisibles cohabitent avec des abimes de doutes et de drames, adjointes à des conso de drogues diverses et variées, en une tentative vraisemblable de cesser de chercher de vaines reponses dans un quotidien fatigant quoiqu'intergalactique...
Les deux compères amateurs de sensations fortes vont se retrouver à partager la compagnie d'une jeune fugueuse.
Le premier album est l'histoire de leur rencontre à tous les trois, et d'une bête fatalité qui donne corps à une de mes scènes préférées:
Tony se fait assassiner. Peeters, dans cette scene, joue avec le temps et nos nerfs. Digne d'un grand moment de Sergio Leone. Bref cette scène m'a marqué par sa densité, et par la précision de cette ambiance. Brrrrrr :)
Cet assassinat va dicter le statut de Lupus et Sanaa, et leur fuite, pour arriver sur une planète (2e tome) de retraités, où une curieuse bande de vieux refuse le coté mouroir club med' de mise sur cet endroit, pour se réfugier dans un isolement soigneusement entretenu.
Et cette bande de vieux, on le sent, traine un paquet de vieilles casseroles, à l'image de celui qui possède tout un arsenal de matériel de police, et semble avoir un lourd passé de terroriste. Peeters suggere, Peeters joue, et nous ballade comme à son habitude , dans les méandres des relations humaines.
Car c'est la et nulle part ailleurs qu'il faut chercher le propos de cette serie, dans une introspection légère mais profonde, dans le questionnement du rapport des générations, dans le simple amour un peu tragique, mais sacrément beau, que Lupus voue à la mystérieuse et lunaire Sanaa. Dans nos vie a nous, finalement, telles qu'elles seraient dans un futur où on se ballade dans l'espace a bord d'un vaisseau d'occase, poursuivis mine de rien par une poisse tenace, et de vieilles habitudes angoissantes...
Je pourrais encore disserter sur ces paysages chez la bande de vieux, ces espèces végétales, cet univers qui bien qu'a peine suggeré nous saute en plein visage et arrive a nous paraitre familier et accueillant. Un régal de tous les instants. Vous l'aurez compris, Peeters m'a encore conquis... |
Manu Temj
| Enthousiasmé par Pilules Bleues, j'avais trouvé le démarrage de Lupus un petit peu poussif, un rien surchargé en concessions à une forme de jeunisme revendicatif, sur un mode "drug and rock n'roll", bref, un peu trop potache à mon goût. On pouvait toutefois espérer que la fin du récit marquait justement une rupture avec cette vie "adolescente" et que la suite allait partir vers une autre direction. C'est sur ce pari que j'ai acheté le tome 2. Je n'ai pas été déçu ! Le tome 2 est magnifique. Mieux, il donne au premier tome une nouvelle dimension et pose la série au rang des incontournables.
Peeters propose un ton contemplatif, en suspension permanente entre deux eaux. Il marque bel et bien une rupture dans son récit, mais s'offre un album entier de transition, au sens noble de l'expression.
Ne vous attendez donc pas à une multiplication de péripéties, il ne se passe RIEN, ou presque rien... Cet album ne vaut pas par les événements qu'il décrit, mais par ses silences. Et là, la virtuosité narrative de Peeters éclate dans les regards, les non-dits, le sillage des poissons et l'envol des oiseaux.
Vous plongez avec Lupus dans cette période de répis, comme un baigneur dans les eaux calmes d'un lac de montagne. Vous fermez les yeux avec lui, posez votre sac avec lui, tombez amoureux en même temps que lui. Monsieur Peeters, vous êtes un sorcier !
Si vous aimez la SF qui bouge, les space-opéras grandioses, j'ignore si Lupus vous plaira... Si vous avez aimé Pilules Bleues et L'homme qui marche, achetez Lupus #2... et puis aussi le tome 1, pas seulement pour comprendre, mais parce qu'il prend toute sa dimension à la lumière du second. |
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