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  rohagus
| Lumière noire nous raconte la rencontre et la romance troublée entre une chorégraphe à succès et un jeune danseur talentueux. Dans un cadre de légère anticipation, très inspiré des problématiques actuelles, pandémie, réchauffement climatique, fermeture des frontières et repli des nations sur elles-mêmes, ces deux êtres vont permettre à leurs passions de s'enlacer et de se focaliser sur le projet d'un nouveau spectacle de danse en duo.
J'ai trouvé dans cet ouvrage une sensibilité dans le ton et dans le graphisme qui m'a rappelé les œuvres de Timothé Le Boucher (Ces jours qui disparaissent). Le dessin est beau et évocateur. Il fonctionne en particulier très bien pour ce qui est des postures corporelles et la danse. J'aime le rapprochement qui est fait entre les danseurs et des oiseaux de différentes espèces qui expriment chacun leur art à leur manière.
La danse est à la fois au cœur du thème du récit et en même temps suffisamment discrète et suggestive pour ne pas paraître hermétique à ceux qui comme moi n'y connaissent rien.
Et la relation entre les deux protagonistes est originale et intéressante.
C'est avant tout un récit sur l'inspiration artistique et le mariage de sentiments, de traumatismes et de passions.
Pourtant, j'ai eu du mal à apprécier pleinement cette lecture. La faute à une intrusion trop présente d'une vision politique très manichéenne. On comprend rapidement cette position quand les auteurs nous présentent des rues de Paris fourmillant de CRS en armure et qu'ils dénoncent çà et là les violences d'un état policier. Cette intrusion du politique vient impacter de plein fouet la relation entre les deux danseurs par l'implication active de l'un d'entre eux. Ces messages trop manichéens, à peine contrebalancés par l'état d'esprit plus terre à terre de l'héroïne, m'ont plusieurs fois agacé et m'ont fait sortir de l'ambiance du récit que je préférais quand elle était plus axée sur l'art et les sentiments. Si l'histoire s'était arrêtée à son point critique en fin d'album, avec une vision hallucinée en pleine manifestation tournant à la révolte, j'aurais été franchement déçu. Heureusement, l'album apporte un épilogue qui permet de reposer plus sereinement les choses et d'offrir une conclusion plus satisfaisante à mon goût.
Il y a donc beaucoup de bon dans cet album, tant sur le plan du dessin que de l'intrigue et des sentiments complexes qu'elle dégage, mais elle n'a pas su pour autant me toucher pleinement à cause du parasitage de ces messages politiques assenés sans finesse. |
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