|
| |
|
|
|
|
| Lettres d'amour de 0 à 10 |
|
  rohagus
| Susie Morgenstern est une romancière pour la jeunesse qui commence à être pas mal adaptée en bande dessinée. Comme adaptations d'elle, j'avais déjà lu La Petite Dernière qui m'avait ennuyé et La Famille trop d'filles qui m'avait paru sympathique sans plus. Mais là, avec Lettres d'amour de 0 à 10, je suis vraiment tombé sous le charme. Et je note avec amusement une thématique commune avec les précédentes histoires, celle d'une très grande fratrie.
Lettres d'amour de 0 à 10, c'est l'histoire d'Ernest, un petit garçon de 10 ans vivant avec sa grand-mère au milieu des années 1990. Sa mère est morte et son père a disparu, et sa grand-mère reste tellement muette sur le sujet qu'il ne sait même pas s'il est mort, qu'il ne sait même pas qui il a bien pu être. Il en ressort un enfant très bon en classe, très mignon, mais aussi très guindé et réservé, le genre à venir en cours en costume cravate, à ne fréquenter personne et à rentrer chez sa grand-mère dès la sortie de l'école. Quant à cette dernière, elle rumine de tristes pensées et ne sort jamais de chez elle. Seule la vieille servante amène un peu de vie dans leur appartement. Jusqu'au jour où débarque en classe une nouvelle, Victoire, sœur énergique de treize garçons, qui jette immédiatement son dévolu sur Ernest et va les sortir, lui et sa grand-mère, de leur torpeur qu'ils le veuillent ou non.
En terme d'action, c'est un pur roman graphique dont le décor ne dépassera jamais celui de l'école, des logements des deux familles et du chemin à pied entre les trois, avec pour échappatoire exotique les courses à un hypermarché. Mais ce n'est pas l'exotisme et l'aventure qui font la force de cette histoire, mais bien ses personnages et leurs interactions. Nous y découvrons deux familles radicalement différentes et aussi intéressantes l'une que l'autre, l'une vivant dans les regrets et les souvenirs, et l'autre pleine de vie et de mouvement. Les deux héros, Victoire et Ernest, sont aussi originaux que crédibles et attachants. Le déroulé de l'action est plein de justesse avec aussi une bonne dose de bons sentiments qui réchauffent le cœur. Le sujet de la famille y est abordé avec intelligence. La fin se révèle touchante, avec même un passage un peu cruel dont la douleur est heureusement vite effacée. Quant au graphisme, il est très agréable et j'aime sa mise en couleur qui n'est pas sans me rappeler un peu les illustrations de Sempé.
J'ai beaucoup aimé. |
|
|
|
|
|
| |
| |