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| Joseph Smith et les Mormons |
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  rohagus
| C'est un album au format d'un gros bouquin, avec une couverture couleur cuir rehaussée de noir et d'or qui lui donne des allures bibliques. C'est l'œuvre de Noah Van Sciver, dont les parents étaient mormons mais ont divorcé quand il avait 12 ans, ce qui lui a permis de s'éloigner avec sa mère de l'Eglise mormonne, de perdre la foi et de revenir, une fois adulte, en véritable explorateur et documentaliste d'un mouvement religieux sur lequel il a cherché à se renseigner soigneusement et objectivement pour mieux comprendre la pensée de ses parents avant leur divorce. C'est ainsi qu'il nous délivre la biographie très détaillée de Joseph Smith, le prophète déclaré qui a créé cette religion au milieu du XIXe siècle aux Etats-Unis, le parcours d'un homme et d'une communauté controversés.
Si je connaissais l'existence des Mormons, de leur capitale Salt Lake city et des rumeurs insistant sur leur polygamie, je réalise que je ne savais quasiment rien d'autre sur eux et que je les confondais avec les Quakers et autres Amish américains. Et j'ignorais tout de la création de ce mouvement religieux, ni même qu'il y avait un homme en particulier derrière cela. Cet ouvrage fut donc une vraie source d'information et d'instruction pour moi.
En vieil athée que je suis, j'ai été assez stupéfait de la manière dont les choses se sont déroulées à l'époque. D'emblée, la famille de Joseph est présentée comme des baratineurs jouant sur la superstition des gens et vendant les services de divination de Joseph grâce à une prétendue pierre magique. Et quand les affaires ne marchent plus trop, voilà que Joseph déclare avoir eu une vision angélique puis d'avoir reçu un livre d'or que lui seul a le droit de voir et que lui seul peut traduire. Et quand peu à peu il délivre le message de ce livre, l'arrangeant visiblement au gré de ses envies du moment, les gens semblent l'accepter avec à peine plus que quelques légers doutes rapidement balayés quand Joseph dit qu'il faut qu'ils aient la foi. Idem quand peu à peu il attire de plus en plus de fidèles autour de lui : les Américains de cette époque étaient-ils donc tant en recherche de foi et de religion pour croire si facilement les affirmations péremptoires d'un tel homme ? Tout trahit le mensonge, le baratin, et pourtant ils y croient tous ou presque, certains semblant même largement complices de la chose pour leur propre profit. Et le pire advient sur la fin, quand pour justifier ses frasques adultères, Joseph déclare avec la plus grande assurance que c'est la volonté divine de permettre aux hommes le mariage spirituel, et du moment qu'ils ne les rejettent pas, d'avoir autant d'épouses qu'ils le désirent (sachant qu'officiellement il en a eu... 34 !). Et qu'il fait passer pour des messages divins les ordres donnés à sa première épouse d'accepter cela sans se plaindre sans quoi elle serait détruite par Dieu.
On est rigoureusement dans les manières d'un gourou de secte, avec un discours aussi illuminé et peu crédible que les Scientologues de nos jours, et c'est effarant de voir que cela a pu donner lieu à une vraie religion avec tant de fidèles (plus de 16 millions a priori).
Tout cela est présenté par Noah Van Sciver sans qu'il affirme que ce soit la stricte vérité. Il déclare avoir fait de son mieux pour se documenter et se rapprocher des faits, mais que ça ne peut forcément pas être pris pour argent comptant : il s'est basé sur de vraies sources mais il a été obligé de présenter sa vision personnelle des choses.
Le dessin y est très simple, relativement joli mais pas assez varié sur les représentation des personnages, ce qui amène à en confondre certains, d'autant qu'il y en a beaucoup.
La narration pour sa part est un peu pénible. L'auteur a voulu être exhaustif et son bouquin est vraiment dense et épais. Tout n'y est pas passionnant, surtout pas les discours religieux du prophète Joseph Smith, et les enchainements de scène ne sont pas toujours très clairs. La lecture m'a parfois un peu assommé et j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour finir l'album. Sa conclusion, plus effarante encore que ses débuts, m'a davantage intéressé et accroché. J'y ai en tout cas découvert un personnage de prophète et sa religion qui sont loin de m'avoir donné envie de rejoindre leurs rangs. |
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