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| Février 1992 - septembre 1993 |
Réédité par Delcourt en 2022 |
  Fufu
| Il faut bien dire que la lecture du "Journal" de Fabrice Neaud ne laisse pas de marbre, même s'il faut lire ce type d'ouvrage avec un certain recul.
Tout d'abord une petite rectification : Fabrice Neaud appelle ça son "journal" alors qu'il ne traite vraiment que d'une partie de son quotidien. A savoir : l'amour qu'il ressent pour un de ses amis, amour non partagé.
A partir du moment où l'"action" se déroule pendant près de 20 mois (février 92 - septembre 93) mais que la vie au quotidien du narrateur n'est évoquée que brievement pour se concentrer sur une relation particulière, peut-on parler d'un journal ?
Graphiquement, il est indéniable que l'auteur possède les techniques graphiques pour exprimer ce qu'il ressent. C'est très bien fait.
Ce qui est frappant avec ce premier tome, c'est qu'on ne sort jamais de la tête de l'auteur. On ne voit que les évènements avec ses yeux et son esprit. Il n'y a pas de représentation, plutôt des interprétations.
C'est surtout pour cela que cet album est si particulier : il est difficile au lecteur de sortir de la vision du narrateur pour juger par lui-même de la réalité et du fondement de ce qu'on lui présente. Comment interpréter si c'est l'interprétation qu'on nous donne et non les évènements ?
Quoi qu'il en soit, je conseille quand même la lecture... pour les amateurs du genre bien sûr |
jonquille
| Une sensibilité à fleur de peau… Un sens de la narration exceptionnel, un récit intime qui bouleverse et agit tel un miroir sur le lecteur. Les mots me manquent pour décrire ce que j'ai ressenti en lisant cet album…
Car Neaud ne cherche pas uniquement à se donner en spectacle, c'est ce qui fait le sublime de son Journal : il se dissèque au scalpel avec une lucidité qui fait froid dans le dos pour mieux lutter contre ses démons et aussi et surtout amener le lecteur à se poser des questions sur son attitude dans la vie. Dans une parfaite adéquation entre le fond et la forme, Neaud nous délivre un message fort (militant ?) à travers un récit alternant entre violence et poésie…
Il fait exploser la souffrance et la rage sur les planches au risque d'en dérouter certains. Mais comment réagir autrement quand on souffre ? Pourquoi toujours flatter le lecteur dans le sens du poil et le ménager ? Son discours contre la mollesse et la lâcheté, Neaud semble l'avoir aussi appliqué à son œuvre en n'épargnant rien et en évitant toute flatterie au lecteur.
Son œuvre parle de la condition d'artiste : misère, précarité, doutes mais aussi de la misère sentimentale et sexuelle d'un homosexuel de province qui ne se reconnaît pas dans les mouvements gay-pride et consorts…
Quant à son message : Sommes-nous des tolérants mous et lâches confortablement installés dans la sécurité de l'avis de la majorité mais totalement indifférents et coupables de "non-assistance à personne en danger" envers les minorités ? N'est-ce pas cela la norme hypocrite de notre société policée ?
Nous nous disons tous tolérants, mot tellement galvaudé que sa signification se confond presque avec indifférence, ignorance, passivité et laisser-faire…
Le mot tolérance ("je tolère", je "supporte") a remplacé la notion de fraternité et d'amour…
Enfin, c'est comme cela que je l'ai ressenti… ^^
Il est intéressant de voir son évolution à travers les tomes de son Journal mais rétrospectivement, ce tome 1 fut une illumination et une grande claque !
Oui, la bd peut aller si loin et traiter des sujets aussi sensibles aussi bien et même mieux que d'autres arts !
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