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| L'action se déroule en quatre jours : un jour pour jouer, un jour pour se faire peur, un jour pour tuer, un jour pour mourir. En quatre thèmes connus : les copains, les fortifs, l'amour et la débrouille. Une vision comme une autre sur le monde rêvé de l'enfance ou le temps des loubards, côté banlieue. |
  Xaviar
| "Jeux pour mourir" c'est un drame se nouant au lendemain de la dernière guerre dans une banlieue déjà triste où les briques, les voies de chemin de fer et les bidonvilles se disputent l'horizon. Une bande de quatre copains vont soulager une petite vieille de ses bijoux avant de l'étrangler dans son sommeil, ce meurtre odieux sera le point de départ d'un engrenage infernal qui happera implacablement les jeunes assassins et leur entourage .
Le cadre, une banlieue sordide, est très bien rendu et joue beaucoup dans l'atmosphère du récit. Cette banlieue est laide, oppressante et répulsive, l'été n'y ajoute aucun charme et les gens qui l'animent accentuent encore cette morosité; on y trouve des graines de voyous, des flics stéréotypés, des trafiquants en tous genres, une voyante déjantée et nombre de petites gens sans envergure.
L'intrigue est axée autours de six acteurs, les quatre assassins, le père de l'un d'eux et la soeur du plus jeune d'entre eux. Cat, 15 ans est le chef de la bande, il est à la lisière entre l'enfance et l'âge adulte, son père est un inspecteur de police porté sur le vin, veuf et qui plus est sujet à des accès de delirium. La Fouine, un roublard de 15 ans désireux de s'affranchir de l'autorité de Cat, Mérou, 12 ans qui rêve de fuir ce bidonville et le Hérisson, une jeune épileptique de 9 ans un peu simplet complètent la bande.
L'histoire est diabolique, elle permet de découvrir les personnages peu à peu tout en déroulant cette mécanique qui entraînera tout ce petit monde vers un dramatique épilogue. Car cet album est tout le contraire d’un conte de fée, inutile d’espérer de miracles pour la bande, inutile d’attendre de monceaux de bravoure ou d’héroïsme de la part des autres, cette histoire paraît dramatiquement réaliste et simple, comment le désoeuvrement et l’abandon d’enfants complètement paumés peut les amener à commettre les pires atrocités...
Ce terrible constat peut amener à faire un parallèle avec nos banlieues et nos villes contemporaines. Les meurtriers sont pour trois d’entre eux sur cette frontière ténue qui sépare l’enfance de l’âge adulte, ils oscillent entre comportements raisonnés et attitudes gamines et sont parfaitement conscients du meurtre qu’ils commettent forcent même le plus jeune du groupe à y prendre part.
« Jeux pour mourir » est une excellente BD, un polar solide et sans complaisance qui nous replonge dans une époque révolue mais présentant des similitudes parfois troublante avec nos jours. Le dessin de Tardi illustre parfaitement cette histoire et les dialogues sont tout bonnement excellents ; à découvrir d’urgence pour ceux qui ne connaissent pas !
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