|
| |
|
|
|
|
  herbv
| Fujimoto est employé en tant que livreur d’ikigami, cette carte annonçant le décès sous 24 heures d’une jeune personne âgée de 18 à 24 ans sur mille. Il s’agit de la mesure la plus visible de la « loi pour la sauvegarde de la prospérité nationale » dont les effets indirects sont divers comme notre jeune héros va s’en rendre compte. Depuis qu’il exerce cette fonction, ses amis le quittent les uns après les autres, la dernière en date étant la fille qu’il fréquentait. Cela ne peut qu’amplifier les doutes qui l’assaillent parfois. Néanmoins, pour l’instant, il continue à effectuer ce travail si particulier et qui semble si nécessaire à la prospérité du pays.
Avec deux nouveaux cas d’ikigami, ce deuxième volume nous propose d’approfondir notre compréhension de la société japonaise inventée par Motorô Mase, l’auteur. Deux moments y contribuent tout particulièrement : la rupture entre Fujimoto et son ancienne petite amie nous montre une nouvelle facette d’un monde totalitaire où les citoyens participent à leur propre aliénation en acceptant la notion d’élément dégénéré et en dénonçant les individus suspects. Il y a aussi le discours du vieux retraité sur l’honneur de mourir pour la nation. Tout cela nous renvoie directement au comportement d’un certain nombre de Japonais lors de la Seconde guerre mondiale.
Ainsi, loin de tourner en rond en nous présentant uniquement des cas d'ikigami bien pathos, même si on a droit à de nombreux moments bien larmoyants, le mangaka peint par petites touches une représentation peu réjouissante de la société japonaise passée et éventuellement future. On peut même y voir en creux une critique de l’époque actuelle mais il s’agit peut-être là d’une surinterprétation. Ce qui est certain, c’est que le réalisme avec lequel ce monde est bâti à partir de la « loi pour la sauvegarde de la prospérité nationale » est effrayant pour qui est épris de liberté, notamment celle de penser. Il ne reste plus qu'à voir avec confiance comment l'histoire va évoluer. |
|
|
|
|
|
| |
| |