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| Quelque part sur une île tropicale, un village indien s’éveille dans la douceur de l’aube. Mais l’enfer se déchaîne bientôt : un escadron de conquistadors a cerné les lieux, et massacre jusqu’au dernier tous les habitants, femmes et enfants compris. Toutes les apparences d’un crime gratuit, impardonnable. Mais peut-être la réalité est-elle plus complexe qu’il n’y paraît. Car ce n’est pas une « simple » guerre conventionnelle qui oppose les Espagnols aux indigènes, les indiens Syyanas. Un troisième belligérant parcourt le théâtre des opérations, frappant indistinctement dans les deux camps sans jamais faire de quartier : une maladie mortelle foudroyante, si effrayante qu’on s’est même refusé à la nommer. |
  Wayne
| Le travail de l’argentin Ignacio Noé arrive chez nous avec cette nouvelle série dans la collection « Ligne d’Horizon » chez Casterman. Ce qui frappe dès les premières pages de l’ouvrage, c’est le dessin de cette aventure précolombienne qui est absolument fabuleux.
Décors riches et personnages marqués jouissent d’une très belle gestion des couleurs et des lumières. Tout ressemble à une talentueuse peinture en mouvement. Les scènes d’actions comme les scènes dramatiques sont très bien rendues et dynamiques. Les expressions sont effrayées ou cruelles, telles des masques, et les massacres nombreux, horribles, et impartiaux, prennent aux tripes.
De plus l’univers dépeint – une civilisation amérindienne insulaire fictive – est passionnant et décrit sous un angle intéressant. En effet on suit les pérégrinations de deux jeunes indigènes, dont les actions et les dialogues ne sont pas très différents de ceux des jeunes d’aujourd’hui. Dans un contexte chargé, sombre et désespéré (inspiré évidemment de la vraie conquête espagnole), on a donc une histoire intime d’amitié très forte qui prend le pas sur la banale opposition autochtone-conquistador. Les deux jeunes héros épris de liberté, en plus de devoir résister à la fois aux espagnols et à leurs propres compatriotes asservis et apeurés, devront aussi faire face à un fléau plus grand : la maladie qui ravage l’île…
Le récit est subtil, sans manichéisme, est empreint d’une grande rudesse et d’une violence implacable. Un album très beau, à la fois dans ces rares instants d’espoirs que dans ces moments sombres, dans lequel y faut absolument se plonger. |
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