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| Un opéra en bande dessinée? Nicolas De Crécy nous prouve avec brio (talent) et maestria (maîtrise) que c'est possible.
L'ouverture intrigue : combat de coqs dans une église, violence et cris, tout y est déjà. Une photo au sol, la musique commence.
Nous y sommes. La ville monstrueuse qui sert de décor est un ancêtre de New-York sur Loire (voir du Belleville des triplettes), mégapole morne et violente, sale et effrayante. Les autorités organisent un gigantesque carnaval pour que le peuple puisse se laisser aller, elles espèrent ainsi retrouver un certain calme après cette future tempête du paraître et du farfelu. Le cadre est parfait pour le drame à venir, pour que le passé fasse de nouveau surface.
Bientôt, la folie mélange tout, la magie (de la fête) et la sorcellerie (mauvais sorts? & médecine) se confondent, jusqu'à la fusion de certains personnages. On broie, on mêle tellement de choses que l'on en perd des morceaux ; l'"absence" (physique ou morale) est ainsi omniprésente tout au long du récit : mutilés, aphones, perte d'un parent, amputations des souvenirs... L'issue est inévitable : le bûcher final, coutume fréquente lors de carnavals (à Antiopolis on brûle même des arbolesses).
Que dire du dessin, principal intérêt de l'ouvrage, sinon qu'il est somptueux, ce qui est désormais une habitude (décidément précoce, si l'on considère que c'est son coup d'essai) chez De Crécy. Les costumes, conçus à partir de catalogues d'échantillons de moquette ou de tapis persans, habillent merveilleusement des personnages obèses, bancaux ou hystériques. Les passages musicaux sont facinants : parfois tout juste crayonnés et peints, ils sont quasi-muets (sauf pour le chant) mais puissament évocateurs. Les couleurs aident aussi merveilleusement à entrer dans l'ambiance. Seul point noir : le scénario est basé sur une trame relativement mince, heureusement qu'il est magnifié par la réalisation! L'atmosphère de mystère se dégage essentiellement de l'image et les non-dits de l'histoire ne font pas le poids face aux visages torturés et à la tragique tension qui émane de la moindre case.
Le feu, la folie du carnaval, l'absurde forment un tourbillon agréable par lequel on se laisse emporter, oubliant la nécessité de scénarii solides, de cohérence et de consistance au profit d'émotions pures, violentes et incontrôlables. Une oeuvre passionante : tout feu, tout flamme. |
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