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  rohagus
| Cet album est clairement une œuvre de commande, un de ces albums du film tout sauf indispensables.
Même si c'est Bill Sienkiewicz, un nom devenu célèbre depuis, qui est au dessin, son style apparait ici très désuet, similaire à quelques autres adaptations sérieuses de film de l'époque telles que les comics Star Wars des années 1980. Il colle autant que possible aux designs du film de David Lynch, qu'il s'agisse des décors, des véhicules ou des visages des acteurs. Au niveau de la mise en scène, il insiste sur les dialogues et les plans serrés sur les personnages, au détriment des décors, ce qui donne une sensation d'étouffement et coupe complètement l'intensité des paysages désertiques et de science-fiction. Ça pourrait être une bonne chose car le roman Dune est précisément axé sur l'intensité des échanges entre les personnages et tout ce qu'impliquent leurs discussions. Mais c'est aussi très fortement au détriment des scènes d'action qui sont ici réduites à leur plus simple expression, expédiées en deux ou trois cases maximum quand elles ne sont pas tout simplement éludées. Certaines apparaissent même risibles, comme l'empoisonnement de Pieter de Vries ou la mort du Baron. Inversement, plusieurs pages sont dépensées sans compter pour raconter les visions de Paul, ce qui a probablement dû faire plaisir à Bill Sienkiewicz puisque ça correspond plus à son style graphique parfois abstrait.
Hormis les quelques textes narratifs qui décrivent les scènes et les lieux, la plupart des dialogues sont exactement ceux du film, monologues intérieurs inclus, même s'ils sont parfois assez mal mis en place dans les bulles et cases, avec l'impression que l'ordre des paroles a été chamboulé, et parfois qu'un interlocuteur répond à une question que l'autre a posée nettement plus tôt.
Quand ce n'en sont pas directement les mots du film, ce sont des ajouts assez poussifs destinés à palier aux manquements de la BD par rapport au média cinématographique. Parfois ils sont inclus pour donner plus de détails sur le contexte, ou expliquer par la parole des scènes que les vidéos du film permettaient de montrer directement. Et d'autres fois, ils servent à expliquer ce qu'il s'est passé durant les ellipses, quand la BD a dû couper certains passages du film pour gagner de la place et qu'un interlocuteur doit raconter brièvement ce qu'il s'est passé.
Quant à la narration, si les premières pages sont très fidèles au film dans leur rythme et leur mise en scène, le rythme s'accélère une fois arrivé sur Arrakis et file à toute vitesse quand Paul et sa mère rencontrent les Fremen, pour reprendre finalement le rythme du film lors de la confrontation avec l'Empereur. J'ai été surpris toutefois par l'inclusion d'une scène en particulier, celle de la création de l'eau de la vie, alors qu'il s'agit d'un passage que David Lynch a supprimé au montage dans sa version cinéma.
Globalement, c'est une curiosité complètement désuète et sans intérêt, même pour un grand amateur de Dune comme moi. |
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