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| Quel lien peut-il y avoir entre un jeune bonze agressif et la crise de Cuba de septembre 1962 ? La réponse dans Daiô ! Derrière ce titre énigmatique (“Grand Roi” en japonais) se cachent une dizaine d’histoires courtes pleines de mystères, nées de l’esprit inventif de Iô Kuroda, auteur de Un été andalou, la folie des primeurs, la bataille du Mont Fuji et autres aubergines, et de LE CLAN DES TENGU, deux titres parus récemment dans la collection SAKKA.
Daiô prouvera à ses lecteurs qu’il n’y a aucun complexe à avoir un éléphant ou une baleine comme animal de compagnie, et que certains moustiques se transforment parfois en femme. Il y est aussi question de littérature et d’infidélité, comme de robots et de mystérieuses boules apparues sur Terre pour calmer les tensions… Savoureusement fou !ý |
  herbv
| Bourré de talent, Iô Kuro est bourré de talent. On le savait depuis la sortie de la trilogie ... et autres aubergines, cela s’étant confirmé avec Le clan des Tengu. Maintenant, on sait que c’est le cas depuis ses débuts grâce à Daiô, un recueil de ses premières histoires, y compris celle avec laquelle il a gagné un des nombreux prix pour débutant que les magazines de prépublications organisent continuellement. Dans l’exercice délicat de la courte nouvelle, là où de nombreux auteurs ne réussissent qu’à pondre de temps en temps des œuvres insipides, Iô Kuroda démontre qu’il possède l’art de conter des histoires immédiatement prenantes comme le doux-amer Lire Saiyuki, le décalé Un été d’éléphant, l’envoûtant Fleur de liseron, le délirant Metropolis, le déprimant La promenade de l’éléphant, son premier travail professionnel où il montrait déjà toute l’étendue de ses qualités, etc. On pourrait citer les onze nouvelles tant elles sont toutes réussies.
Les histoires de Daiô montrent que l’auteur est à l’aise dans tous les registres. Ce dernier sait allier légèreté et profondeur dans ses récits grâce à une grande maîtrise de l’ellipse, en sachant typer ses personnages. Ils sont ainsi immédiatement reconnaissables grâce une façon de les dessiner souvent assez similaire d’une nouvelle à l’autre. Il dessine les filles, les garçons, les jeunes adultes, les hommes plus âgés toujours de la même façon, ce qui, loin d’entraîner de la confusion, donne immédiatement une grande lisibilité à son récit. Comme son dessin est particulier, très lâché et très chargé, sans tramage, à base de grands aplats noirs et d’hachures, il en ressort un résultat tout à fait original, atypique dans le monde du manga. Cette originalité pourra faire fuir les lecteurs appréciant les œuvres plus calibrées mais enchantera ceux qui sont à la recherche d’auteurs "différents".
Remercions Casterman de nous proposer un auteur aussi atypique et aussi talentueux, surtout que la version française est d’une qualité dont ferait bien de s’inspirer nombre d’éditeurs. Outre une excellente traduction, du genre de celles que l’on ne remarque pas tant elles sont fluides, et une adaptation graphique (quasi) intégrale comme on en voit trop rarement, l’éditeur propose quelques bonus et notes en fin de volumes très intéressantes. Certes, elles devaient être dans la version originale mais encore fallait-il les garder, étant donné le travail que cela représentait de les traduire. Une fois de plus, la collection Sakka montre la voie de la qualité, à la fois dans sa politique éditoriale, exigeante et originale, que dans la réalisation du livre lui-même. Dommage que le public ne suive pas en quantité, un tel éditeur est très précieux dans le paysage du manga francophone et il serait dommage de le perdre. |
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