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Xaviar
| Une Chine plongée dans les luttes sans fins des seigneurs de la Guerre et encore à cheval entre traditions ancestrales et moyens modernes, une Russie en train de devenir Union Soviétique déchirée par la guerre civile entre les Rouges et les Blancs et saignée par les rivalités des chefs Russes Blancs.... C'est dans un extrême Orient en plein chaos que débarque notre marin au lendemain de la première guerre mondiale.
Chargé de récupérer un wagon rempli d’or à un Général Russe Blanc aux manières peu orthodoxes, vite adjoint d’un Raspoutine au meilleur de sa forme (brutal, délirant, ivrogne, cyclothymique), il va sans dire que cette épopée n’est pas sans danger d’autant que beaucoup convoitent cet or et le climat de guerre civile est prompt à éveiller suspicion et jugements hâtifs et expéditifs….
Corto Maltese est égal à lui même, fataliste, presque cynique, mais d’une profonde humanité. En fait "l’attraction" de ce volume est Raspoutine, totalement déjanté, génial et illuminé, son opposition de style et de tempérament avec Maltese rend leur association chaotique mais efficace et lie les deux homme d’une amitié/haine très forte.
Les personnalités des différents protagonistes sont très marquées, ces chefs de guerres sont tout sauf caricaturaux, chacun ayant son humeur et des motivations propres et donnant à l’intrigue des aspects parfois surréalistes et débouchant sur des situations extrêmes.
"Corto Maltese en Sibérie" est aussi l’occasion de découvrir un pan méconnu de l’histoire contemporaine; les épisodes particulièrement sanglants qui ont émaillé l’immédiat après-guerre en Russie et en Chine, les deux anciens empires sont en lambeaux, le premier est en proie à la guerre civile entre ses nouveaux maîtres et les nostalgiques de l’ancien régime et toutes sortes d’aventuriers que l’odeur de la poudre et des richesses faciles attire, le second est entre les mains des Seigneurs de la Guerre, véritables monarques militaires qui se livrent entre eux un conflit sans concessions.
C’est une BD très plaisante à lire, le dessin est clair et possède cette griffe si particulière d’Hugo Pratt, l’intrigue est intéressante et les différents acteurs donnent au récit une certaine profondeur. Cela dit, c’est du Corto Maltese avec ce style particulier que tout le monde n’apprécie pas, j’ai pour ma part adoré.
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