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  rohagus
| J'aime bien quand Marguerite Abouet m'emmène à Abidjan où j'ai moi-même vécu. Et j'aime bien son idée de mettre en scène un commissaire principal aussi original, un vieux sec et très énergique qui connait toutes les ficelles du métier et qui est accompagné de son fidèle assistant, un blanc costaud et amateur de toutes petites voitures de collection. Ce commissaire Kouamé a la particularité d'avoir tous les pouvoirs puisqu'il est à la tête de la police du pays : cela change de ces récits policiers classiques où les inspecteurs pestent sans arrêt contre leur manque de moyens et l'administration qui les brident.
On ressent moins dans cette série l'ambiance spécifique de la Côte d'Ivoire que l'on ressentait si fortement dans Aya de Yopougon. Même la façon de parler est beaucoup plus sage, avec très peu d'expressions typiquement locales. Cela se passe de nos jours et même si le décor est typiquement africain, l'intrigue et ses péripéties pourraient tout aussi bien se dérouler en Europe ou ailleurs sans que cela change vraiment le contexte. Le côté dépaysant est donc moins présent et du coup moins agréable. Mais il reste quand même une bonne part de points sympathiques : la déférence et la frayeur que le grand commissaire suscite envers tous ses subordonnés et la population en général ; ou ce gag récurrent avec les radiateurs commandés spécialement en France pour pouvoir y menotter les suspects arrêtés.
Le dessin est agréable. Il rappelle beaucoup celui de Clément Oubrerie dans Aya de Yopougon. On retrouve donc une ambiance visuelle similaire à cette autre série qui amène une certaine légèreté à un récit policier qui, en définitive, serait plutôt dur s'il n'y avait pas ce véritable vernis d'humour qu'offrent la narration et les dialogues.
Là où je suis plus mitigé, c'est dans la mise en scène et le rythme narratif. Autant le début de l'histoire est relativement clair et peu compliqué, autant le rythme s'accélère et s'embrouille sur la longueur, au point de perdre un peu le lecteur. Beaucoup de personnages se croisent. Et le commissaire survolté nous entraîne à droite à gauche sans qu'on saisisse toujours très facilement le cheminement de ses pensées et de ses déductions. Il y a aussi une certaine part de hasard et quelques facilités dans sa déduction ; notamment le gros indice final qui permet de découvrir le vrai coupable, indice que je trouve trop téléphoné et artificiel.
Donc autant les personnages sont sympathiques, l'ambiance légère et pleine d'humour, et le cadre africain original et plaisant, autant l'enquête en elle-même ne m'a pas trop convaincu : le récit a fini par moins me séduire sur la longueur. |
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