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| “Moi, c’est Catsby. Un matou âgé de 26 ans et des poussières. Un traîne-pattes sans ambition. (…) Pour un mâle qui n’a pas fait les grandes écoles ni une spécialité prometteuse, le droit de choisir un métier est un luxe. La seule chose qui me console, c’est le fait qu’il n’y ait pas que moi qui soit dans la merde…”
Voilà donc l’histoire de Catsby, jeune chômeur d’aujourd’hui, à la dérive dans un monde souvent hostile, entouré de ses amis et de ses amours d’infortune… |
  rohagus
| Voilà un manhua étonnant car il mélange les genres : un dessin très proche de l'animation, des personnages animaliers très expressifs, une histoire façon roman graphique sérieux mais également beaucoup d'humour.
C'est le dessin qui m'a amené à lire ce manhua.
D'abord les personnages, des humains aux faciès de félins et autres chiens. Ces personnages sont dessinés d'une manière qui tranche avec les décors, un trait presque crayonné, très maîtrisé, très expressif. Les faciès et expressions de ces animaux humains fonctionnent très bien pour appuyer voire renforcer le récit.
Ensuite les décors, des décors peints et lumineux à la manière de films animés du studio Ghibli par exemple. Ce sont de beaux décors qui donnent une ambiance chaleureuse à l'histoire même dans les moments de déprime.
La narration graphique tient d'ailleurs beaucoup de l'animation dont elle emprunte régulièrement quelques "trucs" qui passent plutôt bien ici. On sent vraiment que l'auteur émane de ce milieu et qu'il en maîtrise la technique. Seul léger reproche, il ressort de cette influence narrative une mise en page très aérée, peut-être un peu trop aérée car certaines pages semblent un peu vides et trop vite lues, avec juste deux ou trois dessins parfois muets qui plus est.
Le récit, quant à lui, est surprenant car il mélange deux genres.
Le premier genre est un roman graphique qui semble se prendre au sérieux, avec une histoire d'amour brisée dès le départ, un jeune héros paumé qui cherche à trouver sa voie, qui alterne coups d'un soir et histoires d'amours bancales. Ce dernier est très crédible, son état d'esprit n'arrivant pas à se fixer car il aime ou aimait une femme qui l'a quitté pour épouser un riche veuf tout en continuant à essayer de le voir, tandis que lui essaie de reconstruire sa vie amoureuse notamment avec une jeune fille mignonne et très entreprenante mais qu'il n'aime pas vraiment. Cet aspect du récit est réaliste, parfois assez sombre, amenant quelques reflexions intéressantes et quelques moments touchants. A noter également que le ton est résolument adulte car le sexe est abordé sans ambages quoique sans érotisme non plus.
Le second genre est l'humour car certains passages de ce manhua sont purement hilarants. Cet humour est d'ailleurs bien souvent accentué par le dessin des personnages qui affichent régulièrement des expressions pleines de drôlerie. Ca marche vraiment en ce qui me concerne.
Un décor et des personnages asiatiques (ces chiens et chats humains vivent à Séoul), un roman graphique avec de l'humour et une dose de sexe sans tabou, cela me fait un peu penser à Asatte Dance que j'avais beaucoup aimé, avec en outre ici un dessin assez remarquable. C'est donc un manhua qui ne manque pas de personnalité et d'interêt à mes yeux.
Alors pourquoi seulement pas mal et pas franchement bien ?
Car entre les moments où j'ai rigolé et les autres moments que j'ai trouvés intéressants et touchants, il y a à mon goût un peu trop de pages de nombrilisme du héros. Ce petit gars se pose sans arrêt des questions, se torture l'esprit, se parle à lui-même en de longues tirades... et c'est parfois assez ennuyeux. Je n'accroche pas trop à ce gars au pessimisme facile et au caractère assez sombre, pas plus que je n'accroche aux quelques envolées lyriques dont lui et l'auteur font preuve.
Une légère alternance de chaud et de froid qui font que je n'ai pas su apprécier totalement ce manhua. J'en conseille malgré tout la lecture, ne serait-ce que par curiosité pour une oeuvre un peu à part. |
nirvanael
| Chers amis, sachez que le petit dernier de la collection Hanguk de Casterman, Catsby, même s'il m'aura fait traîner les pieds au départ, s'avère être une rencontre des plus surprenantes et agréables.
Surprenante ? Oui, au niveau du graphisme principalement. Issu d'une première publication à destination d'internet, cet album est une sorte d'ovni de la mise en case et en planche. La toute première page donne le ton : sur tout son espace (tout en couleur, comme tout l'album), un décor détaillé, une ruelle de quartier pauvre, travaillé au crayon et aux couleurs délavées, nous ferait dire « magnifique » si ce n'est que le personnage présent, dont les contours autant que les applats de couleurs qui le composent donnent l'impression qu'il sort tout droit d'une palette graphique, est des plus incongrus. Le fond de page, vert clair, les cases aux cadres non tracés (lorsque les personnages ne sont tout simplement pas sur ce fond vert sans aucun décor), les images utilisées à plusieurs reprises par copier/coller ainsi que les pages avec uniquement du texte déstabilisent. Autre élément perturbant : certaine chose dans le texte, un système de dialogue au départ plutôt obscur qui empêche de bien saisir ce qui se passe... Qui parle ? Quel est le sens précis de telle réplique dans ce contexte ? Cela n'est heureusement pas un phénomène trop récurrent mais à deux ou trois reprises on se dit tout de même que l'adaptation française aurait franchement gagné à être plus soignée puisque ces phrases incompréhensibles viennent presque entacher le plaisir de lecture...
Je dis « presque » car c'est bien l'aspect agréable qui ressort au fil des pages... L'effet numérique s'efface quant au dessin des personnages, les planches sont un régal pour les yeux et la petite voix du narrateur, Castby, le chat de 26 ans chômeur qui vient de se faire larguer pour un vieil homme fortuné, est de la même subtilité et sensibilité que celle que l'on retrouve dans les meilleurs romans qui traitent de la jeunesse perdue. Cette chronique de la jeunesse fait d'ailleurs penser à un autre album de la même collection : le plaisant Marécage. Mais à la différence de ce dernier, l'humour fait mouche pratiquement à tous les coups et la douce mélancolie que l'on ressent face à la superficialité de l'existence que l'on veut nous faire embrasser est plus palpable et proche de nous.
Même s'il souffre de quelques défauts d'adaptation qui seront j'espère corrigés dans les prochains volumes, Catsby, manhwa qualifié de « underground » par l'éditeur malgré le très grand succès qu'il a connu en Corée (a remporté plusieurs prix majeurs, prochainement adapté à l'écran et tout le bataclan), est indéniablement mon petit coup de cœur de ce début d'année 2007. |
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