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| | Camélia - Face à la meute |
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rohagus
| Sans prendre la forme d'un documentaire, cet album atteint parfaitement son objectif d'informer son lecteur par le biais d'un récit prenant et bien mené.
Bloz avait déjà co-scénarisé et dessiné une autre BD sur le thème du harcèlement : Seule à la récré, mais il parlait à l'époque davantage de l'école primaire alors que le sujet ici se déroule au lycée. Il s'associe cette fois à Cazenove au scénario et surtout à Nora Fraisse, mère d'une victime et présidente d'une association luttant contre le harcèlement. Celle-ci apporte une énorme part d'expérience et on sent dans le scénario que le sujet est maîtrisé sur le bout des doigts.
C'est l'histoire d'une adolescente étudiant dans un collège-lycée de campagne avec internat, un bel établissement où ses parents la croient heureuse. Et c'était bien le cas au collège : malgré la séparation d'avec ses parents, elle s'y était très vite fait des amis, notamment la fille avec qui elle partageait sa chambre d'internat. Mais les choses vont changer avec l'entrée au lycée et insidieusement, le harcèlement va finir par l'impacter de plein fouet, aussi forte et bien dans sa peau soit-elle.
Graphiquement, c'est du très bon boulot. Un trait souple et maîtrisé, des personnages réussis, des décors soignés et des couleurs agréables.
La mise en scène aussi est très réussie. Après un court chapitre d'introduction montrant rapidement les années collège de l'héroïne dans le même établissement et permettant d'éviter le schéma classique du harcèlement de la nouvelle venue, on a droit à des chapitres successifs montrant l'évolution de sa situation au lycée et de comment le harcèlement s'y fait de plus en plus pesant pour elle. Le récit est dense et réussit à se faire prenant comme une bonne aventure psychologique.
Là où l'histoire se démarque, c'est qu'elle montre bien que ce type de chose peut arriver à n'importe qui. L'héroïne n'est pas une petite nouvelle, elle n'a aucune particularité pouvant attirer sur elle la moquerie, elle est vive et pas bête du tout, elle a de bons amis, des parents qui l'aiment et la soutiennent. Et peut-être justement à cause de cela, elle a cru pouvoir surmonter elle-même l'adversité sans appeler à l'aide, et elle s'est laissé manger petit à petit par les évènements. Avec des yeux extérieurs, il y a plusieurs moments où l'on se dit qu'elle aurait dû dès le départ alerter son entourage et l'administration de son lycée, mais on s'imagine bien à se place et on peut comprendre finalement pourquoi elle a choisi, à tort, de ne pas le faire. Le récit prend en outre bien garde à ne pas se révéler manichéen, et on a même sur la fin une surprise sur l'origine réelle du harcèlement au cœur de l'intrigue. Et c'est justement tout l'intérêt de cette BD, de nous montrer cela, de nous montrer que cela arrive aux autres comme ça peut arriver à tous les jeunes lecteurs qui auront l'occasion d'aborder cet album, et ce qu'il faut faire pour s'en sortir. C'est intelligemment raconté, et brillamment soutenu par le dossier documentaire en fin d'album.
Clairement le type d'album qu'on recommanderait en CDI ou dans les bibliothèques pour la jeunesse. |
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