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  herbv
| Bobby a beaucoup souffert de son entourage, étant gamin. Entre ses « camarades » collégiens qui en faisaient leur souffre-douleur et un père alcoolique, sa vie était dure. Du fait de son intérêt pour les livres, il rêve de devenir écrivain. Il quitte son petit village le plus vite possible pour aller travailler dans une librairie à la ville, grâce au piston d’un oncle. Son patron, d’une vieille famille plutôt bourgeoise, l’apprécie de suite et l’invite à passer un week-end à la maison. Le courant passe également avec Victoire, la fille de la famille, qui travaille aussi à la librairie. Il faut dire qu’elle aussi a eu des difficultés de sociabilisation, mais pour des raisons inverses : ses activités extrascolaires n’étaient pas assez grand public ; cela la coupait des autres enfants. C’est alors que les événements vont s’enchainer bien plus vite que n’aurait pu le penser Bobby...
Hugues Barthe est un auteur assez rare mais précieux par la thématique et la subtilité de ses bandes dessinées. Remarqué notamment avec Dans la peau d'un jeune homo (Hachette, 2007) et grâce à son dytique autobiographique L’été puis L’Automne 79 (NiL, 2011 et 2013), il s’est spécialisé dans la chronique sociale, souvent en mettant en scène des personnages homosexuels. Se reposant sur son expérience personnelle, notamment sa jeunesse dans une ville de campagne, Hugues Barthe nous livre ici une sorte d’autofiction décrivant deux familles, l’une bourgeoise, l’autre populaire. Ce n'est pas pour autant qu'il glorifie ses personnages, notamment Bobby. Enfin, il montre la difficulté de changer de milieu social et de la difficulté de couper les liens avec le passé.
Sur un dessin personnel, reconnaissable, reposant sur un tracé plus épais que d’habitude, Hugues Barthe développe son récit en maîtrisant le rythme de sa narration. En 140 pages, il balaye vingt années de la vie de Bobby en sachant placer les analepses et les ellipses au bon moment. Il peut ainsi décrire le protagoniste dans le temps et montrer son évolution sans ennuyer un seul instant le lecteur. La mise en page, souvent dense en cases, participe activement grâce à des changements de rythme réguliers amenés par des demi-planches ou des planches entières, généralement muettes. La bichromie, utilisant alternativement trois couleurs (rose, vert pâle, rouge) selon le milieu social concerné, donne du volume aux personnages et facilite la lisibilité de l’ensemble. Enfin, la troisième et dernière partie, quoique courte, donne des indications intéressantes sur les raisons de ce livre ainsi que sur le moteur de la création chez Hugues Barthe. |
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