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  Oslonovitch
| Alors que le tome 4 "La reine des lézards" m’avait laissé sur une belle impression et une fin qui appelait à une suite palpitante ou du moins progressant vers un peu plus de fantastique, "Grandes Vacances" est une petite déception.
Il s’agit peut-être d’un album de transition, c’est en tous cas ainsi que je l’ai ressenti, avec une histoire qui n’avance pas aussi efficacement que dans le tome 4. Chris est perdue, elle se réfugie (inconsciemment plus que par réelle envie) dans une maison laissée à la garde de Keith. Là, elle évolue dans une ambiance bizarre au milieu des autres atteints de "la crève", un peu perdue.
On ignore si elle sait où est Rob, ce qu’il lui est arrivé… On s’étonne donc de ne pas la voir se mettre à le chercher, on la sent étrangement passive…
D’une manière plus générale tous les protagonistes de ce récit semblent subir les choses et attendre que quelque chose arrive enfin. Et nous aussi …
Reste le dessin de Burns, toujours aussi maîtrisé, toujours aussi efficace mais le scénario bien pauvre plombe véritablement le plaisir de lecture… En attendant la suite qu’on espère plus enlevée… |
petitboulet
| Chris et Kieth sont lycéens dans une petite ville des Etats-Unis, dans les années 70. A première vue leur vie ne diffère pas de celle d'adolescents normaux, entre la découverte de leur sexualité et de différentes drogues, une oisiveté nonchalante et nihiliste propre à cette tranche d'âge, et le passage obligé par l'école, ils tentent de se trouver maladroitement. Malheureusement leur vie va irrémédiablement basculer à cause d'une maladie: la Crève, une MST faisant des ravages chez les jeunes, qui provoque des mutations aléatoires et souvent monstrueuses aux corps des victimes.
Avec ce tome 5, Charles Burns fait une pause dans le déroulement de son intrigue pour développer ses personnages et mettre l'accent sur les porteurs de la Crève. Depuis le début, la maladie et ses conséquences sont en toile de fond de l'histoire de Black Hole. Elle affectait plus ou moins les personnages, faisait de brèves incursions au premier plan pour se rétracter quelques pages plus loin, menace bien réelle et pourtant intangible, fuyante. Le trait sombre et extrêmement précis de Burns parvient à rendre vivante cette menace, tout en soulignant son caractère insaisissable: la maladie vit cachée dans les innombrables ombres, dans les bords de case ondulés, dans le regard vide de Chris sur la couverture, et se montre crûment, sans fard dans ces doubles visages en tête de chaque chapitre, l'un normal, l'autre défiguré.
Maintenant que les deux héros en sont victimes, la Crève devient centrale, inévitable et omniprésente, imposant ses conséquences aux différents personnages et son rythme au récit. Kieth tente de concilier son ancienne vie et sa maladie toute neuve, ce qui lui pose d'énormes problèmes puisque Chris, dont il est amoureux, semble avoir basculé dans la marginalité sans espoir de retour. Depuis le début, elle ne se bat pas, elle attend les choses plus qu'elle ne les provoque, et se repose entièrement sur les autres, s'imposant sans réels états d'âme à Kieth, se dédouanant sur lui de tous ses problèmes sans aucune contrepartie. Lui subit, son attachement à Chris le pousse à supporter un fardeau trop lourd et encombrant pour lui. Entraîné par les occupants de la Fosse (un lieu où se réunissent plusieurs malades de la Crève) dans une spirale qui paraît sans retour, il tente de se raccrocher à ce qu'il reste de "normalité" dans sa vie. Mais la Crève est partout autour de lui, incarnée par ses porteurs, et le vampirise, envahit son existence petit à petit sans qu'il combatte vraiment.
Black Hole surprend et séduit par son graphisme très noir et personnel, par la complexité des rapports humains qu'il décrit, tout en retenue, en pudeur, en non-dit, et par la capacité de Burns à créer des personnages gauches, maladroits et plutôt passifs, mais attachants. Un travail remarquable pour une des séries les plus excitantes de Delcourt.
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