Agressivité et angoisse, voici les 2 impressions qui ressortent de la lecture de Base. Il ne s'agit pas là d'une bande dessinée où l'intrigue prime et si l'auteur nous parle de l'enfance de son personnage Intrus ce n'est pas pour nous conter des anecdotes nostalgiques, mais seulement pour mettre en évidence des émotions fortes. Base n'est pas un récit mais la mise en images d'un ressenti.
Dès les premières pages, l'agressivité du monde explose à la tête du lecteur : Intrus se fait tirer un coup de fusil dans le crâne par un de ses petits camarades, puis frappé avec un caillou par un autre. Ce dernier sera frappé à son tour par sa propre mère et recevra plus tard une douche acide par son père. Cette agressivité des actes se retrouve dans le graphisme (un trait noir tranchant et des couleurs vives) et dans une mise en page sobre (2 cases superposées par page) favorisant l'expressivité du dessin.
Mais Intrus reste bien étranger à toute cette agressivité, ce qui le concerne vraiment c'est la peur de l'Ours et de l'Elan (probablement une forme nordique des monstres sous le lit et du grand escogriffe) et la crainte de Dieu qui s'expriment dans une séquence cauchemardesque.
Il est difficile de ne pas voir dans Base une écriture autobiographique. Mais celle-ci réduite au ressenti et passée au filtre du fantastique et de la culture populaire (références graphiques à Spiderman ou à Disney par exemple) disparaît pour faire de Base un objet inclassable et d'une étrangeté attirante.
C'est d'ailleurs le caractère radical (graphisme et système) qui m'a fait lire ce livre bien que ne connaissant rien de son auteur. Il s'avère que Base est le 2nd tome d'une trilogie consacrée au personnage d'Intrus. Bonne nouvelle, Turunen est donc un auteur à suivre.
